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Publié le 29 Janvier 2015

Marseille : Journée de commémoration nationale à l’Ecole Pont de Vivaux

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Par Edith Janowski-Bismuth
Il est revenu cette année à l’Ecole Pont de Vivaux,  d’organiser la cérémonie du 27 janvier intitulée par le Conseil de l’Europe : Journée à la mémoire des génocides et à la prévention des crimes contre l’Humanité.
Sous la direction de Madame Sylvie Joubert, Principale du collège, professeurs et élèves ont relevé le défi. À travers différentes saynètes, ils ont choisi d’évoquer dans les termes les plus appropriés et variés les génocides du XXème siècle. Dans son intervention,  Mme Michèle Teboul, Présidente du CRIF Marseille Provence, s’est adressée  aux jeunes pour leur demander de s’interroger sur les événements, tout en gardant l’esprit critique.
M. Patrick Guichard, Directeur académique d’Aix-Marseille a remerciant les élèves en leur adressant ce massage : « Je suis fier d’être parmi vous, soyez vigilants, vous les futurs citoyens ».
 M. Omar Backchi, Principal-adjoint, a été chargé de présenter le spectacle.
Sur l’écran, images de génocides,  os et squelettes blanchis, de Juifs, d’Arméniens, de Tziganes, de Tutsis, et de Cambodgiens… les mêmes os les mêmes squelettes…
Puis, sur scène, les jeunes de l’atelier Théâtre, s’interpellant, ont désigné à l’aide d’un bâton ceux qui devaient être sélectionnés.
Éparpillées aux quatre coins de la salle, des jeunes filles ont lu des témoignages d’enfants, tirés de « Paroles d’Etoiles » : « Ces gens-là, ils nous ont abrités, en plus ils nous ont aimés beaucoup, au point de nous donner leur nom ». A chacune de ces lettres les  élèves ont imaginé une réponse : « Je suis désolée de ce qui vous est arrivé ».
Chacun à tour de rôle  les élèves du lycée professionnel Ampère ont commenté, en s’inspirant de la fable de la Fontaine, ‘Les Animaux malades de la peste’, le génocide Tutsi à travers 4 actes : Évocation de la colonisation, désignation du Tutsi-ennemi, la Conscience, la Mort n’a pas voulu de moi.
Arthur Sarakian, de sa belle voix chaude et profonde a entamé un chant arménien « La bonne cigogne ».
Mon attention fut alors captée par des policiers en tenue et armés qui, sur la passerelle surveillaient  les alentours. Jamais je n’aurais pu imaginer que nous en arriverions à cela, protéger des élèves juifs dans une école de la République française !
L’atelier théâtre a fait l’unanimité. A travers un miroir un élève répond à l’autre.
- « Aujourd’hui c’est les vacances, je mets quoi dans la valise » ?
Réponse : Des hommes armés sont venus me chercher ce jour-là.
- « Je passe la journée avec mon père, j’aime jouer à cache –cache, ma sœur rit ».
Réponse : On devait aller au parc, on est resté caché chez les voisins, on a dit
à ma petite sœur qu’on jouait à cache-cache.
- « Nouvelle semaine d’école aujourd’hui, j’aime les maths pas l’histoire ».
Réponse : Ce jour-là à l’école des hommes armés sont entrés, moi j’aime l’histoire, je n’ai  jamais revu mon professeur.
- « Aujourd’hui c’est la fête chez les voisins, on s’amuse ».
Réponse : On aurait dû assister à la fête au village, mais on a entendu le bruit
des machettes, je n’ai pas reconnu mes voisins, ils étaient devenus des bêtes sauvages…
Ces moments d’émotion partagés seront comme un lien indéfectible pour nous tous présents ce matin.
Comme une note d’espoir, s’élevèrent alors les voix cristallines des élèves de la classe ULIS, « Comme toi » de Jean Jacques Goldman, puis ce fut la lecture de textes de Mozes Schulstein, déporté à Auschwitz, l’évocation d’ « Une poupée à Auschwitz ».
L’atelier théâtre a clos la cérémonie, sur le plancher en bois des bougies, les comédiens s’avancèrent sur la scène, criant « Plus jamais çà ».
Puis ce fut un long silence. Une salve d’applaudissements vint rompre cet instant magique. Comme l’a rappelé M. Gérald Attali, chaque année la qualité est au rendez-vous, le spectacle était là pour dire NON à ces peuples qu’on a voulu écraser. Renée Dray-Bensousan, Présidente de la Commission Mémoire a remercié tous les professeurs pour leur investissement et leur a offert au nom du CRIF l’ouvrage édité par l’Amicale des Déportés d’Auschwitz : «  Marseille, Vichy et les nazis ».
Ce travail pédagogique élaboré depuis plusieurs années à l’initiative du CRIF Marseille Provence et soutenu par le Rectorat d’Aix-Marseille a uni acteurs de l’éducation nationale et membres du CRIF.
Notre espoir réside dans ces jeunes adolescents, représentants  de cette France diverse, parfois malmenée, mais toujours campée dans ses valeurs républicaines.
Etaient présents :
M. Eric Pinso, Inspecteur académique ; M. Gérald Attali, IPR ; Mme Janine Ecochard, vice-Présidente du Conseil Général ; Fatima Orsatelli, Conseillère régionale ; Francine Coen, CRIF, M. Gilles Hauteroche, Principal du lycée Honoré Daumier ; Mme Mireille Pallot, Directrice de l’Ecole Yavné, Mme Esther Douieb, Directrice de l’Ecole ORT, Pasteur Gilbert Léonian, Nadia Brya, Yves Rollin…