Actualités
|
Publié le 15 Mars 2013

Lettre ouverte au Président de la République du Président de la communauté juive de Toulouse

 

Monsieur le Président de la République,

 

Il y a un an, les 11, 15 et 19 mars 2012, un terroriste islamiste a assassiné avec préméditation et de sang-froid, trois militaires français, Imad Ibn Ziaten, Abel Chenouf et Mohamed Legouad parce qu’ils étaient des militaires français, un enseignant de l’école Ozar Hatorah, Jonathan Sandler, et ses deux enfants, Aryeh et Gabriel ainsi que la petite Myriam Monsonego, uniquement parce qu’ils étaient juifs. 

 

Pour l’immense majorité de nos compatriotes, le choc fut incommensurable. Pour les juifs de France, la douleur est indicible tant elle nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, depuis l’Égypte des Pharaons jusqu’à la Shoah en passant par les bûchers de l’inquisition et les pogroms.

 

Depuis la nuit des temps, tous les empires qui se sont levés ont voulu anéantir le peuple juif pour affirmer leur puissance et leur domination. Tous ont mis une cruauté particulière à s’attaquer à nos enfants qui incarnent notre espoir et notre éternité. De leur « glorieux » passé, il ne reste rien sinon des ruines, tandis que nous sommes toujours là. Et il en sera ainsi pour l’éternité des éternités, car ce qui est immortel en nous, ce sont les valeurs que nous portons et l’humanité que nous incarnons.

 

Depuis le 11 septembre 2001, nous avons un nouvel ennemi qui veut imposer sa loi et asservir le monde. C’est l’islam radical, mafieux, fanatique et politique qui veut recréer le Khalifat en menant la guerre sainte, le « Djihad » contre les infidèles, c’est-à-dire à peu près tout le monde, y compris les musulmans qui refuseront de se soumettre à leur doctrine moyenâgeuse.

 

Depuis le 19 mars 2012, nos compatriotes ont enfin compris ce que nous ne cessons de répéter depuis plus de 10 ans. Derrière la haine des juifs et d’Israël, il y a la volonté de détruire la République en foulant aux pieds ses valeurs fondatrices qui sont le ciment de la citoyenneté et le socle de notre liberté. Nous avons compris que toutes les démocraties sont sur la ligne de front et que l’ennemi est aussi à l’intérieur. Car le terroriste ne venait ni de Kaboul, ni de Gaza, ni de Gao. Il est né et a grandi à Toulouse. C’était un français passé par l’école de la République. C’est en France, dans les cités, dans certaines mosquées, dans les prisons… que l’on découvre la barbarie et que l’on peut devenir un terroriste islamiste.

 

Monsieur le Président de la République, quelle faillite, quel échec pour la France !

 

Et pourtant, il est encore temps de se ressaisir. De mobiliser l’ensemble des citoyens contre la bête immonde qui renaît sous une forme nouvelle, mais, hélas, pas inattendue.

 

Avec courage et lucidité, vous avez engagé les forces françaises pour combattre les terroristes islamistes au Mali. Avec honneur et dignité, vous avez accueilli, dans un geste d’amitié, le Premier ministre de l’État d’Israël à Toulouse pour une cérémonie que nous n’oublierons pas, le 1er novembre dernier à l’école Ohr Torah. Mais il reste tant à faire pour vaincre cette monstruosité qu’est l’islamo-facisme.

 

Ce combat doit être mené sans complaisance ni compromission. Dans les prochains jours, vous aurez à prendre de grandes décisions concernant AQMI qu’il faut mettre définitivement hors d’état de nuire, concernant le Hezbollah qu’il est urgent de neutraliser en l’inscrivant sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne. Le Hezbollah est sans aucun doute la plus terrible des organisations terroristes dans le monde. C’est le bras armé de l’Iran qui tient le Liban en otage, massacre les civils en Syrie, menace Israël de ses milliers de missiles et mène des actions terroristes dans le monde entier y compris en Europe, comme ce fut le cas à Burgas en Bulgarie.

 

Mais il y a aussi le Hamas à Gaza qui empêche toute possibilité de paix entre Israéliens et Palestiniens, sans oublier les pays arabes qui tombent les uns après les autres sous le joug des islamistes rarement modérés (si tant est que cela ait du sens). Et enfin l’Iran qui avance à marche forcée vers l’acquisition de l’arme nucléaire. Le moment venu, si les sanctions s’avèrent inefficaces, je veux croire que la France, avec ses alliés en Europe et dans le monde, saura prendre ses responsabilités et tout faire afin d’empêcher l’Iran de posséder la bombe atomique.

 

Monsieur le Président de la République, dans quelques jours, partout dans le monde, les Juifs célèbreront la fête de Pessah en souvenir de la sortie d’Égypte. Pessah c’est la fête du printemps, de la liberté, de l’amour et de la solidarité. Durant la soirée pascale, il est d’usage que les enfants posent des questions sur le sens de cette célébration. À ceux qui demanderont pourquoi Aryeh, Gabriel et Myriam ne sont pas, cette année encore, autour de la table familiale, nous voudrions pouvoir répondre qu’ils ne sont pas morts pour rien. Que le mal qui les a emportés sera vaincu et que jamais plus un enfant juif n’aura à craindre pour sa vie parce qu’il est juif.

 

Les enfants veulent des garanties. Pouvons-nous les leur donner sans prendre le risque de leur mentir ? Oui, à condition de tout faire pour mener le combat contre la haine des juifs et d’Israël, qui est aussi la haine de la France, de la démocratie, de la liberté, des droits de l'homme…

 

Pouvez-vous nous le promettre, Monsieur le Président de la République ?

 

Arié Bensemhoun,

Président de la Communauté juive de Toulouse.