Lettre ouverte au maire de Kingersheim

Monsieur le Maire de Kingersheim,

La Fédération Syndicale Unitaire 68 et la section locale de l’Association France Palestine Solidarité 68 s’apprêtent à organiser un colloque le 14 février prochain, intitulé « Palestine/Israël : quelles représentations dans les manuels scolaires » au sein de la Maison de la Citoyenneté de votre ville.

Ce colloque s’adresse, selon l’affiche de présentation, aux « enseignants, aux étudiants, aux parents d’élèves et autres citoyens ».

Ce sujet est très intéressant et est d’actualité en ces temps troubles liés aux menaces portées au vivre ensemble par des fanatiques radicaux, mais il mérite que tous les points de vue puissent être débattus, ce qui ne semble pas le cas en l’espèce lorsqu’on regarde cette affiche.

En effet, les cinq intervenants partagent tous la position palestinienne. Monsieur Davidi est d’ailleurs membre du parti arabe israélien Hadash et Madame Erde a réalisé un documentaire anti-israélien.

Par ailleurs, le dessin de cette affiche montrant un « mur » éventré par des livres qui tombent vers le sol, ne peut qu’évoquer aux yeux du public, la théorie du « mur qui emprisonne les palestiniens et qui finira par tomber », alors que du côté israélien, il s’agit d’une barrière de sécurité qui n’est à l’état de mur physique que sur 1% de son tracé, pour empêcher la perpétration d’attentats.

Enfin, la phrase « Handala ne se retournera que lorsque cessera l’occupation » illustrant le dessin d’un homme regardant le dessin et tournant le dos au public, démontre le parti-pris de ce colloque en adoptant la thèse de l’occupation de terres qui n’est pas celle adoptée par le point de vue israélien.

La liberté d’expression est très largement admise dans notre pays et c’est une valeur fondamentale de notre démocratie qui nous honore.

Mon propos n’est pas de vouloir contester la position des organisateurs de ce colloque car ils ont absolument le droit de penser ce qu’ils veulent sur la question du conflit israélo-palestinien.

Mais en l’espère, en n’invitant pas d’intervenant pour débattre loyalement et ainsi, permettre au public qui assistera à cet événement de se faire sa propre idée de la situation en donnant le point de vue de personnalités pro-israéliennes, la contradiction qui est une valeur fondamentale de tout débat n’existera pas.

La municipalité, qui représente l’ensemble des citoyens de la ville de Kingersheim et qui doit rester neutre, ne peut donc objectivement décider de laisser ce colloque avoir lieu dans une salle qui lui appartient.

Par conséquent dans ces conditions, il nous paraît inévitable de refuser aux organisateurs de pouvoir tenir ce colloque au sein de la maison de la citoyenneté.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mon profond respect.

 Pierre Levy
 Président de la délégation Crif-Alsace