Actualités
|
Publié le 3 Septembre 2013

Lee Zeitouni : deux ans après

Par Richard Prasquier

 

Enfin ! Deux ans presque jour pour jour après les faits, un juge d’instruction parisien entendra Eric Robic, puis après-demain, Claude Khayat, les deux hommes qui après avoir écrasé à Tel Aviv une jeune femme, Lee Zeitouni, l’ont abandonnée sur la route et se sont enfuis vers la France pour échapper à la rigueur de la justice israélienne.

La famille, qui fut admirable de dignité, espère que le procès aura lieu le plus vite possible et que le verdict sera à la hauteur du crime

Justice pour Lee, pouvait-on lire en Israël sur tous les panneaux d’affichage en Israël, barrant la photo resplendissante de la jeune femme. Face à cette vie fauchée et à l’écoeurante lâcheté des meurtriers, les appels à une extradition se heurtaient explicitement au code de procédure pénale français qui interdit d’extrader un national hors de l’Union Européenne.

 

J’avais considéré qu’il était de mon devoir, en tant que Président du CRIF – je ne fus d’ailleurs pas le seul- que d’expliquer aux parents de Lee qu’il n’y avait aucune autre possibilité, aussi frustrante que fût cette décision, que de déposer plainte devant la justice française. Cela fut fait enfin en juin 2012, dix mois après la mort de Lee et ce fut comme un second deuil. 

 

La charge émotionnelle de ce drame, les activismes populistes qu’elle a suscités, exacerbés à l’occasion du diner du CRIF 2012, ont été le prétexte d’attaques contre notre institution et/ou moi-même, accusés de manigances pour empêcher la justice israélienne de faire son travail. Tout cela , qui fut pénible, n’est rien au regard de la fureur que j’éprouvais en lisant dans la presse le comportement des sieurs Robic et Khayat, soupçonnés de trafics divers, verbalisés pour dépassements de vitesse aberrants ou  rixes de boîtes de nuit, et toujours libres comme l’air.

 

Vous avez dit remords ? Ces deux hommes ne sont-ils pas emblématiques de cet air du temps où rien ne compte que l’individu et où la vie n’est plus une valeur tant que ce n’est pas la sienne ?

 

J’ai parlé ce matin à Itzik Zeitouni, père de Lee, pour lui souhaiter Chana Tova. La famille, qui fut admirable de dignité, espère que le procès aura lieu le plus vite possible et que le verdict sera à la hauteur du crime.

 

En ces jours de retour sur nous-mêmes devant le Créateur, est-il illusoire d’espérer qu’une injection de sur-moi, dont ils semblent particulièrement dépourvus, fasse enfin prendre aux responsables de la mort de Lee Zeitouni la mesure de leur responsabilité ?

 

Richard Prasquier

Président d’Honneur du CRIF