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« Bien que nous n’osions espérer ni rétractation, ni condamnation, ni présentation d’excuses de la part des publications incriminées ou des pouvoirs publics cairotes, l’observateur égyptien de l’OSCE doit comprendre les implications très néfastes de tels propos sur l’image de l’Égypte. »
Paris, le 9 mai 2013
Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’ambassadeur Lamberto Zannier, le directeur des Relations internationales du Centre Simon-Wiesenthal, Shimon Samuels, a instamment demandé que « soit signalé à l’observateur de l’OSCE l’antisémitisme ambiant dans les médias égyptiens, au moment même où les 57 États membres de cette organisation internationale célèbrent la Journée mondiale de la liberté de la presse».
« Il s’agit d’un cas gravissime de déviance des médias, en contradiction totale avec les principes universels de la liberté de la presse », s’est indigné le Dr Samuels : « Il est scandaleux qu’un hebdomadaire en ligne, "El Misr El Gdida" (La Nouvelle Égypte), persiste à fomenter les mensonges antisémites de l’ancien régime. Le mois dernier, "Miftah", une autre publication égyptienne, avait refusé de s’amender pour des incitations du même acabit. En outre, les pouvoirs publics égyptiens ne réagissent pas aux appels lancés pour condamner ces apologies incendiaires de la violence dans leurs médias, qui ont pour cibles les chrétiens et les juifs. »
La lettre se poursuivait en ces termes : « "El Misr El Gdida" refuse constamment d’admettre l’existence de la Shoah et diabolise l’État d’Israël, qu’il appelle, dans son jargon, "l’Entité sioniste". Mais, le
30 avril dernier, la haine de ce journal vis-à-vis de la religion juive a atteint un nouveau paroxysme, avec la publication de l’article d’Amr Abdel Rahman "Quand les juifs boivent le sang des Égyptiens".
L’article indique que "ces rituels continuent à être pratiqués en secret en Égypte par certains membres de la communauté juive". L’auteur relate sa soi-disant visite dans le quartier juif et les entretiens qu’il aurait eus avec de supposés témoins :
- L’oncle Hussein : "Bien que nous ayons été voisins depuis des années, beaucoup de leurs rituels se déroulaient en secret et à l’abri de nos regards. Pour les fêtes de Pourim et de la Pâque, ils avaient besoin de sang humain. Des rumeurs circulent dans bien des pays sur des enlèvements d’enfants et de fillettes… Leur fausse Torah considère les victimes comme des êtres de seconde classe, ce qui leur permet d’utiliser leur sang, tout comme les musulmans abattent des animaux lors de l’Eid al-Adha (la fête du sacrifice)."
- Hanafi Mohammed a entendu par son père l’histoire d’"un juif qui vivait à Port-Saïd à la fin du XIXe siècle. Juste avant la Pâque, il forçait la fille de son voisin, une enfant grecque de 8 ans, à boire du vin. La fillette avait été retrouvée le lendemain, la gorge coupée et le corps mutilé".
- Le professeur Umaymah Ahmed : "Les juifs doivent se procurer du sang humain pour préparer leurs crêpes pascales. C’est la raison pour laquelle on les a persécutés et expulsés d’Europe et d’Asie… Ils sèchent le sang des adultes chrétiens et musulmans, le réduisent en poudre et s’en servent pour leurs futures libations… Le sang des humains de moins de dix ans doit être utilisé frais. Il est extrait lentement à l’aide d’aiguilles très pointues pour s’assurer de l’agonie de la victime et pour contenter les vampires juifs. Le rabbin fabrique ensuite des crêpes de sang humain." »
M. Samuels a attiré l’attention sur un second article du site Web, « De l’histoire du rituel pascal » par Mennat al-Sayed, un Palestinien qui affirme que « les juifs chasseraient les bébés chrétiens qui n’ont jamais goûté de vin, ils les tueraient à la synagogue à l’aide d’un poignard et distribueraient leur sang qui serait bu dans quatre coupes de vin pendant la fête de Pâque », expliquant que « la tradition se perpétue aujourd’hui avec les juifs consommant de la nourriture faite de sang palestinien… »
La lettre soulignait que "El Misr El Gdida" décrivait l’objet de sa mission ainsi : « Nous nous efforçons de symboliser la nouvelle Égypte en termes de crédibilité, transparence, vérité, humanité et compassion. »
La lettre ajoutait : « Ces nobles valeurs ne sont pas seulement annihilées par de tels articles – qui relèvent du mensonge, de l’inhumanité et de la bigoterie –, mais ces derniers font en outre disparaître les espoirs du "printemps arabe" en continuant d’occulter les véritables déviances qui paralysent le développement de l’Égypte, invoquant le sempiternel bouc émissaire juif ».
M. Samuels a avisé le secrétaire général que « nous ne pouvons guère espérer de rétractation de la part de telles publications, ni de condamnation pour la mention de meurtre rituel, ni de présentation d’excuses de la part des pouvoirs publics cairotes pour ces offenses faites au peuple juif ».
Le Centre « a donc prié instamment l’OSCE d’exposer cette situation à son observateur égyptien, soulignant les implications très néfastes de tels propos sur l’image de l’Égypte ».
« Si cette campagne d’incitation à la haine et à la violence continue d’être tolérée sans retenue aucune, les trente-quatre années de paix entre l’Égypte et Israël – une priorité politique de l’OSCE et une plateforme d’espoir pour tout le Moyen-Orient – peuvent se trouver gravement compromises », M. Samuels a-t-il conclu.
Pièce jointe : traduction Google en anglais de l’article de "El Misr El Gdida" en question, et d’un nouvel article du même support sur le même sujet.
Voir les articles originaux en arabe :