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profondément marqué par la disparition du grand rabbin David Messas Zatsal, le consistoire israélite de Paris a souhaité respecter un délai de décence avant d’ouvrir sa succession
Entouré d’une dizaine de collaborateurs, le grand rabbin de Paris dirige les services rabbiniques : celui de la casherout (chargé du respect du rituel de l’abattage jusqu’à la vérification de la nourriture servie dans les restaurants, en passant par le contrôle des usines de fabrication de produits cashers) ou du service chargé du statut personnel (mariage, divorce notamment).
Le grand rabbin de Paris préside également le tribunal rabbinique. En plus du personnel religieux, parfois laïc, affecté à ces services, il chapeaute la petite centaine de rabbins officiant dans les communautés juives d’Île-de-France qui ont choisi de s’affilier au Consistoire.
Le poste est donc extrêmement convoité. Mais, « profondément marqué par la disparition du grand rabbin David Messas Zatsal », le consistoire israélite de Paris, dirigé par Joël Mergui (également président du Consistoire central) a souhaité respecter « un délai de décence » – selon la formule d’un de ses membres – avant d’ouvrir sa succession.
Le 4 janvier, le bureau du consistoire de Paris a donc demandé aux grands rabbins Alain Goldmann, ancien grand rabbin de Paris, et Michel Gugenheim, dayan (c’est-à-dire juge au tribunal rabbinique) et directeur de l’école rabbinique de France, « d’ assurer conjointement la responsabilité des services religieux dépendant du grand rabbin de Paris » jusqu’à l’élection de son successeur, « dont le calendrier sera prochainement annoncé ».
Le processus électoral est défini par les statuts du consistoire. Il prévoit l’élection à bulletins secrets du grand rabbin de Paris par un collège électoral d’une quarantaine de membres, essentiellement laïcs : les 26 membres du conseil du consistoire de Paris (tous laïcs, sauf le grand rabbin, membre de droit), un collège de 10 représentants des dirigeants communautaires (laïcs également) et enfin un collège de 10 rabbins représentant les rabbins d’Île-de-France.
« Il ne faut pas oublier que le rabbin n’est pas un prêtre mais un fonctionnaire de la communauté, dont la fonction bien sûre est spirituelle, rappelle ce membre du consistoire. Son pouvoir réel dépend plus de lui-même que de celui qu’on lui garantit. »
Les candidats à l’élection doivent se déclarer et faire campagne. Compte tenu de l’enjeu, et comme pour l’élection du grand rabbin de France, celle-ci peut être parfois tendue, les candidats (ou leur entourage) scrutant le respect par leurs adversaires de la halakha (la loi juive), en particulier des règles de la cacherout, mais aussi leurs liens éventuels avec les courants réformés du judaïsme, voire avec les autres religions.
« Le profil idéal, c’est un homme respectueux de toutes les règles du judaïsme, doté d’une certaine érudition même s’il n’est pas obligé d’être le plus pointu sur tous les sujets, capable d’encadrer des équipes, d’animer le corps rabbinique, d’adopter un langage commun avec toute la communauté quel que soit son degré de religiosité, et d’entretenir le contact avec les pouvoirs publics », résume cet observateur.
« Formellement, le grand rabbin de France n’a pas de rôle dans cette élection, souligne le rabbin Moshe Levine, son porte-parole. Mais comme toute nomination de rabbin ou de grand rabbin en France, il doit donner un avis favorable. »
Photo : D.R.
Source : la Croix du 11 janvier 2012