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Publié le 9 Janvier 2020

Hyper Cacher - 5 ans après : Hommage à ceux que nous n'oublierons jamais !

En cette veille de shabbat, les clients sont nombreux, ils font leurs courses dans une épicerie casher de la porte de Vincennes, il y a du monde aux caisses. Mais, vers les 13 heures, ce 9 janvier 2015, une fusillade éclate soudainement.

"Souviens-toi, n'oublies pas".

C'était il y a 5 ans jour pour jour, le 9 janvier 2015.

En cette veille de shabbat, les clients sont nombreux, ils font leurs courses dans une épicerie casher de la porte de Vincennes, il y a du monde aux caisses. Mais, vers les 13 heures, ce 9 janvier 2015, une fusillade éclate soudainement.

De ces premiers instants, le directeur du magasin en fera le récit suivant : « Comme d'habitude, on a ouvert vers 8 heures. Yohan (NDLR : une des quatre victimes abattues par le terroriste) m'a demandé si je voulais un café. On a discuté un peu puis on a préparé le magasin. Le vendredi, c'est jour de shabbat, il y a beaucoup de monde. Vers 12 h 30 - 13 heures, c'est le pic d'affluence. J'étais au rayon des chips, Yohan était dans ce coin aussi, Lassana (NDLR : l'employé qui sauvera plusieurs personnes en les cachant dans une chambre froide) remplissait le congélateur. Je rangeais les produits, accroupi. Tout d'un coup, j'ai entendu une détonation très forte. J'ai pensé à une bombe, une grenade... J'ai tourné la tête et j'ai vu Yohan tomber. Alors je me suis redressé. C'est là que je l'ai vu aux caisses. Un Africain, habillé en tenue de camouflage. Il avait une caméra autour du cou, c'était une sorte de boule avec des lumières rouges autour. Il tenait une kalachnikov. J'étais sûr que c'était une kalachnikov parce que j'ai reconnu la forme du chargeur (1). » 

A la question de savoir s’il a entendu sa voix, le directeur répond : « Non. Je n'ai pas entendu le son de sa voix. Par contre, j'ai vu ses yeux. La mort dans son regard. J'ai compris que j'allais mourir. J'ai pensé à ma femme, mes enfants et je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis parti vers la sortie. J'ai entendu une deuxième détonation et une fois dehors, j'ai senti quelque chose de chaud sur moi. C'était le sang, mon bras était ballant. J'ai couru vers un camion de police et on m'y a fait entrer. Je voyais tout blanc, j'entendais bam bam bam... (2) »

Les coups de feu viennent de résonner et s'entendent dans tout le quartier.

Quelque chose de terrible se passe, deux jours après une fusillade contre la rédaction de Charly Hebdo. Une prise d'otages est en cours à l'intérieur du magasin d'alimentation et quatre heures d’un terrible cauchemar attendent les clients du magasin.

En quelques minutes, une centaine d'agents du Raid et de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) arrivent sur place et bouclent le quartier. Des hélicoptères survolent la zone. Les journalistes se précipitent, l'information vient de tomber. La France, déjà fortement secouée, est sonnée.

Mais, que se passe-t-il donc ?

Le terroriste ouvre le feu près des caisses. Deux personnes tombent au sol. Une troisième est abattue quelques minutes plus tard. Saisies de panique, une dizaine de personnes se précipitent vers un escalier en colimaçon qui mène dans la réserve, dans l'espoir de lui échapper. Au sous-sol, Lassana Bathily, un magasinier de 24 ans, qui était occupé dans la réserve, voit descendre ceux qui ont fui le rez-de-chaussée. Une seule cachette est possible : les deux chambres froides du magasin. « Quand ils sont descendus en courant, j'ai ouvert la porte du congélateur. Plusieurs personnes sont entrées avec moi. » Une demi-douzaine se retrouve à l'intérieur. La température est sous le zéro, mais Lassana Bathily coupe rapidement le thermostat, avant d'éteindre la lumière et de fermer la porte. Il tente de calmer les clients, pendant que d'autres se réfugient dans la pièce voisine, dont un père et son fils de 3 ans.

Sophie n'a pas eu le temps de fuir. Plus tard, elle racontera à France Info ce qu'elle a vécu. 

Elle vient d'entrer dans le magasin et découvre l'horreur. « J'ai tourné la tête vers la gauche, tout de suite à l'entrée. Je suis tombée sur le cadavre d'une personne, assise, la tête penchée. J'ai eu l'impression d'être dans un mauvais film », souffle-t-elle. « Tu rentres tout de suite », lui ordonne le terroriste, posté juste en face d'elle. Sophie n'a pas d'autre choix que d'obéir au terroriste en treillis, « très nerveux ». L'homme est menaçant. Il montre les trois corps des otages abattus et prévient : « Maintenant, vous voyez de quoi je suis capable... » Les minutes s'écoulent. Chacun est maintenant sommé de décliner son identité et sa religion. « J'ai dit : 'Français'. Il m'a demandé : 'Catholique ?'. J'ai répondu : 'Oui' », raconte un des rescapés. Le terroriste s'assure une nouvelle fois que personne n'est resté en bas. « Non », mentent les otages, regroupés du côté des alcools (3).

Finalement le terroriste va exécuter trois clients et un employé du magasin : 

- Yohan Cohen, 20 ans, est étudiant et employé du magasin ;

- Philippe Braham, 45 ans, cadre commercial dans une société d'informatique et frère du rabbin de la synagogue de Pantin ;

- François-Michel Saada, 64 ans, cadre supérieur à la retraite

- et le jeune Yoav Hattab, 21 ans, de nationalité tunisienne.

Ce 9 janvier, un policier (Antoine) est le premier à faire face au terroriste, lors de l'assaut de l'Hyper Cacher. Il en fait le récit. Quand, avec son groupe du Raid, ils arrivent devant le magasin, trois heures plus tôt, ils ne savent presque rien de ce qui se passe à l'intérieur. « On sait qu'il y a à peu près une vingtaine d'otages et un homme surarmé, voire deux », explique-t-il au micro de France 2. « J'ai essayé de me poser le moins de questions possible pour ne pas me perturber », ajoute le policier du Raid. Le terroriste tire, le Raid riposte, il y aura près de 200 échanges en moins d'une minute. Antoine est touché. Après quelques instants, le terroriste est neutralisé alors qu'il se précipite sur les policiers.

Comment s'étonner que des terroristes tuent des juifs ?

Il faut connaître l'intensité de la haine pour ne pas en être écrasé. Depuis des décennies pourtant, des prédicateurs édictent que la haine du Juif était/est/serait un commandement divin !

Face à tant de haine répétitive, martelée également et constamment par les djihadistes, par les islamistes, comment s'étonner qu'un terroriste ait assassiné froidement les clients d'une supérette casher à la porte de Vincennes ? Au final, tout cela n'était-il pas prévisible, hélas?

 

Récit de la prise d'otages du 9 janvier 2015, à l'hyper cacher de la Porte de Vincennes, par Marc Knobel, Directeur des Etudes au Crif

 

Note :

1) Le Parisien, 28 janvier 2015.

2) Idem

3) Récit de la prise d’otages à l’Hyper cacher, Francetv.info.fr

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