- English
- Français
Dimanche 1er juillet 2018, dans un Paris baigné de soleil, des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants sont venus rendre un ultime hommage à Simone Veil, à l'occasion de son entrée - aux côtés de son mari - au Panthéon. Tous se sont levés tôt et ont arpenté les rues alentours du Panthéon afin de rejoindre la rue Soufflot et d'y trouver une place de choix. Les plus chanceux, accoudés aux balustrades de leurs balcons, accompagnaient la foule dans son murmure solennel.
A 10h45, les cercueils de Simone et d'Antoine Veil ont été déposés au bas de la rue Soufflot, aux pieds des grilles du Jardin du Luxembourg. Encadrés et portés chacun par 6 gardes républicains, ils ont ensuite remonté la longue rue, plus habituée aux déplacements peu farouches des étudiants des universités alentours qu'aux cérémonies nationales.
Alors que les regards de milliers de Français étaient braqués sur le bas de la rue, une voix s'est élevée dans le ciel sans nuage de Paris. Celle de Simone Veil, qui rappelait ce qu'avait été pour elle sa judaïté. Un frisson d'émotion a parcouru l'assemblée, saisie par le beauté de ce moment historique.
Au passage des cercueils devant elle, la foule applaudissait à tout rompre. Certains avaient déjà pu découvrir les cercueils des époux au Mémorial de la Shoah de Paris, la veille et l'avant-veille de la cérémonie. En effet, le Mémorial avait accueilli les deux cercueils dans sa crypte et le public avait pu venir s'y recueillir. Des milliers se sont précipités dans l'étroite rue du lieu de mémoire ce weekend, attendant parfois de longues heures pour rendre hommage à celle qui leur a tant donné. L'organisation de ce moment de recueillement pour le public a été très appréciée des Français qui se sont ainsi sentis partie prenante dans la cérémonie de Panthéonisation de Simone Veil.
Les gardes républicains ont marqué plusieurs arrêts sur le long tapis bleu étalé de la Place du Panthéon jusqu'au bas de la rue Soufflot. Chaque étape importante de la vie de Simone Veil y était représentée par d'habiles panneaux , disposés de part et d'autre du passage dédié au cortège. En route vers qui sera son utlime demeure, Simone Veil est ainsi passé devant le souvenir de son adolesence en déportation, de son engagement dans la magistrature, puis dans la vie politique française, de ses convictions européennes et, enfin, de sa dévotion pour la mémoire de la Shoah. Chacune de ces étapes était accompagnée de musiques et de chants, tantôt l'hymne européen, tantôt le Chant des marais (appelé aussi les Chant des déportés).
A leur arrivée devent la Panthéon, les cercueils ont été accueillis par le Président Emmanuel Macron. Celui-ci a ensuite prononcé un discours plein de sobriété, faisant écho à la volonté récente du Gouvernement d'ajouter en sobrité aux cérémonies officielles. Emmanuel Macron a expliqué le choix qui avait été fait de placer Simone Veil et son époux aux côtés de Jean Moulin, de Jean Monnet et d'André Malraux, rappelant leur combat commun pour la paix des peuples, la justice et le goût des lettres. Le Président a évoqué les différentes réussites politiques de Simone Veil, dont son engagement pour la liberté et de droit des femmes, largement applaudi par la foule.
Emmanuel Macron a insisté sur le travail de transmission de la Shoah de Simone Veil, rappelant notamment son rôle de Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Il a enfin solennellement déclaré qu'avec Simone Veil, c'est toute la mémoire la Shoah qui entrait au Panthéon.
A la suite du discours du Président de la République, la cantatrice américaine Barbara Hendricks a entonné "La Marseillaise" avec le chœur de l’armée française, accompagnés par le foule.
Emmanuel Macron a salué les personnalités politiques présentes, dont Edouard Philippe, Premier ministre, Nicolas Sarkozy et François Hollande, Présidents de la République, ainsi que les fils de Simone et Antoine Veil, Pierre-François et Jean. Le Président du Crif, Francis Kalifat, était présent à la cérémonie.
La famille Veil a ensuite rejoint les cercueils pour les accompagner jusque dans le Panthéon, sous les acclamations du public ému aux larmes.
"J'ai le sentiment que le jour où je mourrai, c'est à la Shoah que je penserai" avait dit Simone Veil. Un an après sa disparition, la France continue de penser à la Shoah. Aujourd'hui, c'est la mémoire de 6 millions de Juifs exterminés qui est entrée au Panthéon.
Ce dimanche 1er juillet, chacun est venu pour saluer le travail, les choix, les combats, les engagements ou les victoires de Simone Veil. Chacun est venu pour des raisons propres, mais c'est ensemble que la patrie a montré à quel point elle était, et restera, reconnaissante.
Marie-Sarah Seeberger
Revivez la cérémonie de Panthéonisation de Simone Veil et de son époux Antoine Veil :
Lire le discours intégral du Président Emmanuel Macron lors de l'hommage national à Simone Veil