Après ses déclarations polémiques sur un lobby sioniste, le candidat à la primaire est critiqué par tous ses rivaux.
Mais désormais en pleine lumière, le petit candidat à la primaire de la droite est confronté au revers de la médaille: ses propos, ses propositions et ses proximités partisanes sont scrutés avec un peu plus d'attention.
Le grand public découvre alors d'autres facettes du président du Parti chrétien démocrate que celle du défenseur des syndicats, de l'opposant à l'état d'urgence qu'il avait montrée lors du débat face à ses six rivaux. Jusqu'à présent, le principal reproche que l'on faisait au député des Yvelines était son déplacement à Damas en 2015 pour rencontrer Bachar el-Assad. "On a autre chose à faire que de déboulonner le président syrien", a-t-il répété le 17 octobre sur iTélé.
Mais cette fois, les reproches vont bien plus loin, puisque c'est sa participation à la primaire que certains veulent tout simplement remettre en cause.
"Il n'a plus sa place dans la primaire"
Nathalie Kosciusko-Morizet dépose ce vendredi 21 octobre un recours devant la Haute autorité de la primaire contre Jean-Frédéric Poisson pour des propos tenus en milieu de semaine dans Nice-Matin. "La proximité de Mme Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l'Europe et la France", a-t-il déclaré quand on l'interrogeait sur la présidentielle américaine.
A droite, les réactions ont rapidement abondé pour attaquer sévèrement Jean-Frédéric Poisson sur le thème de l'antisémitisme. Outre la candidate qui a saisi l'arbitre de la primaire, Bruno Le Maire a condamné les propos et estimé "que les électeurs jugeront". Le patron du comité d'organisation a lui aussi dit tout le mal qu'il pensait des déclarations. S'il s'exprimait à titre personnel, Thierry Solère a affirmé que l'expression "lobby sioniste" "nourrit les thèses conspirationnistes et a un caractère insidieusement antisémite". Saisi par le Crif, il mettra cette question à l'ordre du jour de la prochaine réunion du comité d'organisation, le 26 octobre.
Christian Estrosi a même été beaucoup plus loin. "S'il ne dit pas 'je me suis trompé, ma langue a fourché, je ne le pense pas du tout, je le regrette, je m'auto-condamne moi-même', il n'a plus sa place dans la primaire", affirme le sarkozyste. "Les propos de Jean-Frédéric Poisson sont extrêmement graves, en contradiction avec les valeurs de la droite et du centre", abonde Jean-François Copé sur Europe1. Pour lui, s'il ne corrige pas ses propos "il paraît compliqué" qu'il reste dans la course.
Il ressent les attaques comme des "injures"
Depuis le début de la polémique Jean-Frédéric Poisson n'a pas cherché à s'excuser. Tout juste a-t-il expliqué ses propos, et précisé qu'il aurait du parler de "groupe de pression" et non pas de lobby. "Il n'y avait aucune intention malicieuse. Je veux redire ici toute l'amitié que j'ai pour l'Etat d'Israël et pour le peuple juif dans son ensemble", a-t-il affirmé sur RCJ, la radio de la communauté juive.
Il a même dit ce vendredi ressentir comme "une injure" les condamnations de ces propos, se défendant une nouvelle fois de tout antisémitisme. Fervent catholique (il est de toutes les Manif pour tous) et défenseur de la laïcité, il n'avait encore jamais été attaqué sur son rapport à la religion juive. Ce sont surtout ses propos sur l'islam qui avait alimenté les discussions. Dans une interview au Point, il avait déclaré en septembre: "Je n'ai pas de problème avec les musulmans mais j'ai un problème avec l'islam."
Une passerelle avec l'extrême droite
Cette polémique sur le lobby sioniste arrive d'autant plus mal pour Jean-Frédéric Poisson qu'une autre information parue ce jeudi pointe les alliances pas banales du candidat. En décembre, soit après la primaire, il fera un meeting commun avec Robert Ménard le maire d'extrême droite de Béziers. "L'objectif de ce meeting est de réunir cette droite hors les murs, qui se situe entre le Front National et Les Républicains", affirme Robert Ménard sur FranceInfo. Les propos de ce dernier dépassent pourtant parfois le programme de Marine Le Pen et se situent encore plus à droite que le FN.
Jean-Frédéric Poisson n'a d'ailleurs pas attendu ce meeting pour dire (le bien) qu'il pense d'un éventuel rapprochement avec le parti d'extrême droite. "Le FN, qui siège dans toutes nos instances démocratiques, doit donc être considéré comme un parti comme les autres. Il faut en finir avec ce 'cordon sanitaire' qui n'a ni sens ni raison d'être", a-t-il lancé début octobre à Valeurs actuelles.
Parmi ses soutiens sur le plateau du premier débat, on trouvait d'ailleurs Karim Ouchikh, président du Siel (un parti proche du FN), qui est un soutien de Marine Le Pen...
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