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Publié le 2 Septembre 2013

Discours du Président du Consistoire Joël Mergui, lors de la Cérémonie en mémoire des déportés et des victimes de la Shoah

Dimanche 1er septembre 2013, Grande synagogue de la Victoire

 

Lorsque la démocratie s’était confondue avec exclusion, lois spéciales et statuts dérogatoires, 6 millions de Juifs d’Europe sont morts en parias, condamnés à une fin atroce, sans autre sépulture que nos mémoires.

 

Lorsque l’Europe avait abandonné ses Juifs, malgré leur loyauté sans faille et plus de 2000 ans d’histoire commune, en France, le 23 novembre 1943, Jacques Helbronner, ancien combattant décoré de 14-18, président de section au Conseil d’État, 8e président du Consistoire Central, était assassiné à Auschwitz.

Contre la mort et la haine qui mêlèrent sans distinctions tous les Juifs dans les mêmes brasiers, faisons tous le choix de la vie et de l’avenir

« La France - avait il écrit en juin 42 - va-t-elle connaître la honte d’être une terre de pogroms et les principes de justice, de liberté des croyances et des cultes, de respect de la personne humaine, qui ont été si longtemps la personnification de son idéal, vont ils être désormais méconnus à l’égard des personnes (…) que réunit uniquement le seul lien religieux ? »

 

Comme 76 000 hommes, femmes et enfants juifs de France, il fut parqué avec son épouse, dans des wagons plombés, sans eau ni nourriture, jusqu’aux camps de la mort.

 

10 ans plus tôt, l’Allemagne antisémite avait légiféré sur le bien-être animal et condamné les conditions inhumaines de transports des animaux … en train.

 

L’histoire a jugé. Le monde s’est reconstruit. L’Europe s’est bâtie et commémore le souvenir de nos morts et inaugure des musées des cultures juives anéanties.

 

Mais, 6 millions de Juifs, notre mosaïque de cultures, continueront toujours de nous manquer et leur destruction de nous priver, à jamais, d’une partie, irremplaçable, de notre avenir.

 

Mais le Judaïsme, ce lien qui les avait unis dans la mort parce qu’il les avait unis dans la vie, ce lien, évoqué par Jacques Helbronner, nous avons le devoir de mémoire de le préserver, nous avons le devoir d’avenir de le renforcer, pour eux, qui n’auront jamais de descendance, et pour nos générations futures.

 

Pour que le courage des Justes -qui sauvèrent partout des vies juives au péril de leur propre vie- continue de faire sens parce qu’il restera une vie juive en Europe.

 

Pour que l'Europe qui a déjà perdu 3/4 de sa population juive ne perde pas la totalité de sa petite part juive, une part qui a contribué à forger son âme et son destin.

 

Nous nous devons tous de préserver l’identité européenne de la mauvaise foi d’une laïcité dévoyée contre notre foi.

 

Une mauvaise foi qui cible les fondements essentiels de notre lien, visant la circoncision ou nos fêtes et jusqu’à notre alimentation.

 

Sur les ruines de ce qui fut hier si extraordinairement florissant, nous devons privilégier l’avenir, de décupler d’efforts pour que l'identité juive européenne, ses traditions, son culte, sa culture plurielle puissent se perpétuer et être protégés des résurgences d'une barbarie, contre laquelle nous savons avec certitude que la civilisation ne la protège pas.

 

La bête immonde n’est pas loin qui, sous d’autres visages, tue des petits enfants juifs parce-que Juifs, et menace l’État d’Israël parce que bâti des mains des survivants juifs, comme elle menace les démocraties et l’occident.

 

Ne laissons pas l’histoire se répéter,

Ne laissons pas notre lien se briser.

 

Contre la mort et la haine qui mêlèrent sans distinctions tous les Juifs dans les mêmes brasiers, faisons tous le choix de la vie et de l’avenir.