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Publié le 2 Juin 2014

Discours de Yonathan Arfi, vice-Président du CRIF, à l'hommage aux anciens combattants juifs

« Permettez-moi tout d’abord de partager le premier sentiment qui me traverse ce matin, en prenant la parole face à vous, en hommage aux combattants juifs étrangers, engagés volontaires entre 1939 et 1945.

Ce sentiment, c’est la modestie qui doit nous saisir face aux hommes que nous honorons ce matin : face à eux, nous ne sommes et ne resterons que des héritiers.

Au nom du CRIF, c’est-à-dire au nom de la communauté juive française dans son ensemble, je veux vous dire combien nous sommes conscients de ce que nous leur devons.

Pour le dire en une formule, ces soldats juifs étrangers ont eu « le courage de leurs valeurs ». Ils ont été ainsi l’honneur des Juifs de France.

Ils ont été l’honneur des Juifs de France en s’engageant en masse, dès la déclaration de guerre notamment dans les 11 et 12ème régiments étrangers d’infanterie, la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère ou encore 21eme, 22ème et 23ème régiments de marche de volontaires étrangers.

Ils ont été l’honneur des Juifs de France en participant aux combats dans l’Aisne, dans les Ardennes, dans la Somme et même jusqu’à la bataille de Narvik en Norvège.

Ils ont été l’honneur des Juifs de France en s’engageant pour la plupart ensuite dans la Résistance intérieure ou de la France Libre.

Ces combattants ont été fidèles à leurs valeurs juives en s’engageant pour la France et fidèles à la France qu’ils avaient choisie, celle des Droits de l’Homme, celle de Jaurès et de Zola, en portant haut leur identité juive.

Je souhaiterais ainsi partager une simple phrase du témoignage de Henri Broder, qui disait, à propos de son engagement dans le maquis toulousain : « Nous voulions montrer qu'il y avait des Juifs dans les maquis ».

Notre présence ce matin, plus de 70 ans après, témoigne qu’ils ont réussi. Oui, nous le savons, les Juifs ont pris les armes dans l’armée et dans la Résistance.

En tant que vice-Président du CRIF, je sais aussi ce que le CRIF doit dès sa création à de nombreuses figures, anciens combattants juifs engagés volontaires, qui ont pris au cœur de la nuit puis après la guerre les responsabilités de notre communauté. Ils ont su jeter les bases de la principale communauté juive d’Europe et d’une symbiose entre les Juifs et la République.

Cette année est d’ailleurs à ce titre une année particulière, car c’est également le centenaire de la Première Guerre mondiale. Souvenons-nous donc de ces 3600 Juifs étrangers qui ont fait le sacrifice de leurs vies entre 1914 et 1918 pour défendre la France.

Chers amis, je suis issu d’une génération qui n’a pas connu la guerre, c’est-à-dire qui n’a jamais eu à risquer sa vie pour défendre ses valeurs.

A l’heure où la communauté juive de France fait face à une résurgence de l’antisémitisme, venu de sources multiples, souvenons-nous cependant d’une chose : quand certains pensaient que tout était perdu, les hommes à qui nous rendons hommage ce matin ont voulu penser que, par leur action, tout était encore possible.

C’est aussi cette leçon de volonté et d’engagement que je veux retenir pour ma génération et celles à venir. »