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Publié le 18 Septembre 2015

Chronique d'une barbarie "ordinaire"

C'est ainsi que tout autour de nous se planifie, se déroule et se produit l'horreur. 

Par Marc Knobel, Directeur des Etudes du CRIF, publié dans le Huffington post le 18 décembre 2014 
Le lundi 15 décembre 2014, un homme, Man Haron Monis, retient en otage au moins une douzaine de personnes. Il avait été condamné par la justice australienne en 2013 pour avoir adressé des lettres insultantes à des familles de soldats australiens décédés au combat, ainsi que pour avoir commandité le meurtre de son ex-femme. Par ailleurs, il avait été poursuivi pour des dizaines d'agressions sexuelles soupçonnées, en relation avec son rôle de pseudo guérisseur spirituel pratiquant... la magie noire. Durant la terrible prise d'otages, l'homme aurait forcé plusieurs otages à brandir un drapeau par les fenêtres du café, sur lequel il était écrit : "Il n'y a de Dieu qu'Allah et Mohammed est son prophète". Finalement, après seize heures de prise d'otages, la police australienne donne l'assaut du café de la place Martin : 3 morts, dont le preneur d'otages, et plusieurs blessés. 
Le Mardi 16 décembre 2014, une école pakistanaise de Peshawar (nord-ouest) est dévastée et ravagée par des talibans pakistanais. On dénombre 148 morts dont une majorité d'enfants (132, au total). L'assaut de Peshawar, qui s'est achevé après plus de sept heures de combat avec la mort des six terroristes, tient en haleine le Pakistan, glacé, ravagé, meurtri et/ou effrayé par les récits de survivants racontant comment les talibans passaient de classe en classe en abattant à la chaîne des enfants parfois âgés d'à peine 12 ans. Les talibans traquaient les enfants jusque sous les bancs ou les chaises pour les tuer. 
Au Yémen, 26 personnes, dont 16 écolières, trouvent la mort, dans deux attentats à la voiture piégée attribués par les autorités à Al-Qaida dans le centre du Yémen. Les attaques sont perpétrées dans la ville de Rada, dans la province de Baïda et les 16 enfants qui ont péri voyageaient dans un bus scolaire, complètement soufflé par l'explosion. 
Au Nigéria, Des membres présumés du groupe islamiste Boko Haram assassinent 32 personnes et en enlèvent plusieurs dizaines d'autres, dont de nombreuses femmes, dans l'attaque d'un village du nord-est du Nigeria. 
Le mardi 16 décembre (toujours), les corps de 230 personnes exécutées par les islamistes sont découverts dans une fosse commune à l'est de la Syrie. Les victimes sont des membres de la tribu sunnite des Chaïtat, originaire de cette province, qui s'était soulevée contre l'EI. Le ministère irakien des Droits de l'homme annonce le même jour que le groupe de l'Etat islamique avait exécuté 150 femmes, dont certaines étaient enceintes, parce qu'elles avaient refusé de se marier à des combattants du groupe terroriste, rapporte l'agence de presse turque Anadolu. "Au moins 150 femmes, y compris des femmes enceintes, ont été exécutés à Falloujah par un militant appelé Abu Anas Al-Libi après qu'elles ont refusé d'accepter de se marier avec des djihadistes", indique un communiqué de presse du ministère des Droits de l'Homme irakien (Le Parisien, 18 décembre 2014).
C'est ainsi que les crimes et les massacres qui sont perpétués -tous les jours, toutes les heures- en Irak et en Syrie relèvent de la plus grande barbarie, de la plus épouvantable des folies, de la plus sanglante des perversions. Ces crimes contre l'Humanité sont un défi pour le monde. Ce n'est pas simplement un patrimoine culturel et religieux que des terroristes fous et fanatisés pulvérisent et détruisent, ce ne sont pas simplement des territoires que des djihadistes barbares écrasent et asservissent, ce ne sont pas simplement des populations qui sont martyrisés, c'est l'Humaine condition que l'on met complètement à mal, qui saigne et souffre. 
Au même moment, en France, nous apprenons que, depuis août 2013, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dit avoir déjoué cinq projets d'attentats et démantelé une dizaine de filières dans l'Hexagone. Depuis un peu plus d'un an, les services français affirment qu'ils auraient procédé au démantèlement de 13 filières. A la date du 15 décembre, selon le gouvernement, plus de 1.200 ressortissants français ou résidents habituels en France sont ou seraient en lien avec les filières terroristes en Syrie et en Irak, un chiffre qui a doublé depuis le début de l'année, indique l'exécutif. 
De quoi frémir.
C'est ainsi que tout autour de nous se planifie, se déroule et se produit l'horreur. 
Nous recevrons alors de toute part et en temps réel, une multitude d'informations, de dépêches, d'articles, de revues, de commentaires. Nous entendons des interviews, nous voyons les journalistes s'attelaient à la tâche et nous informer, quelquefois au péril de leur vie. Nous voyons aussi des images, comme un zoom avant et zoom arrière sur des gens qui se sauvent en hurlant, des corps, des fenêtres éventrées et des tâches de sang, des torrents de boue et de sang. 
1) Cependant, certains penseront que les victimes énumérées ici ne sont plus qu'une statistique (froide) qui, somme toute, les laisse froids. De fait, ils ne peuvent ou ne savent appréhender ces drames.
2) Pour d'autres, ces attentats sont des épisodes qui ne les affectent pas vraiment, plus et/ou trop peu; certainement pas assez pour les inciter à penser, ici et maintenant. 
3) D'autres, sont comme des spectateurs impuissants et/ou désabusés. En alerte, certes, car à l'ère de l'information non-stop et de l'inflation de nouvelles provenant du monde entier, nous recevons notre lot, nos kilos de dépêches, d'images et d'articles en live. Nous avons ainsi l'impression de tout savoir, sans trop savoir quoi faire et quelquefois, que penser. En vérité, nous savons très peu de chose sur ce qui se passe réellement au Nigéria, en Libye, en Syrie et en Irak et ailleurs.
4) D'autres écriront, militeront et diront qu'il ne s'agit pas seulement de détruire la pieuvre terroriste, de sauver ce qui peut l'être (encore), d'aider et de sauver des populations entières mais de reconstruire totalement tout ce qui aura été détruit, tout ce qui aura été martyrisé. Ce seront souvent de (beaux) vœux pieux. Car l'impuissance, en réalité, est de mise.
Au bout du compte, nous nous souviendrons de ce que l'Homme est capable de faire à l'Homme car nous savons ce qu'ont pu être les atrocités commises par l'Homme sur l'Homme, tout au long de notre histoire. 
En ce presque début d'année 2015, il appartient maintenant à l'Homme de montrer et/ou de démontrer qu'il peut mettre fin à toute cette folie barbare et sauver ainsi l'Humanité toute entière. Car, contre le mal et le fanatisme, nous sommes tous, nous devrions tous être des Justes en puissance.