Actualités
|
Publié le 6 Septembre 2015

"Chers réfugiés" : en Allemagne, des médias et des personnalités s'engagent

L'Office fédéral en charge de ce dossier prévoie l'arrivée de 800.000 demandeurs d'asile en 2015.

Publié dans le Nouvel Observateur le 30 août 2015
Plus de 70 migrants morts entassés dans un camion : le drame de trop ? Doit-on les appeler "migrants" ou "réfugiés" ?
Il y a les incidents et il y a l'engagement. Il y a la violence et il y a l'aide. En Allemagne, des médias et des personnalités ont décidé de se mobiliser en faveur des réfugiés. Le but ? Offrir le visage d'un pays terre d'accueil.
"Nous aidons", proclame samedi la Une du quotidien populaire "Bild". Le journal le plus lu d'Europe a choisi de lancer "une grande opération d'aide" en faveur des réfugiés pour "montrer que les braillards et les xénophobes ne gueulent pas en notre nom".
L'Allemagne fait face à un afflux sans précédent de réfugiés : l'Office fédéral en charge de ce dossier prévoie l'arrivée de 800.000 demandeurs d'asile en 2015. Un record historique.
Ces arrivées et la nécessaire ouverture de centres d'accueil dans tout le pays pour y faire face se heurtent à des réactions de rejet parfois violentes, notamment dans l'Est du pays.
La "sombre Allemagne" et "l'Allemagne lumineuse"
Incendies volontaires, menaces, agressions, ou encore manifestations, comme à Heidenau, dans la Saxe, se sont succédé en Allemagne durant la semaine. Cela a conduit Angela Merkel à visiter pour la première fois un centre de réfugiés, dans cette petite ville, théâtre de heurts entre police et militants d'extrême-droite.
La chancelière devrait revenir une nouvelle fois sur le sujet à l'occasion d'une conférence de presse, lundi.
A l'image de Bild, d'autres médias, comme l'hebdomadaire "Der Spiegel" ou le grand quotidien de "Munich Süddeutsche Zeitung" s'engagent aussi.
Le premier proposait samedi une double couverture, la première consacrée à la "sombre Allemagne" et illustrée par une photo d'un foyer de réfugiés en flammes, la seconde montrant "l'Allemagne lumineuse" et des enfants de réfugiés lançant des ballons dans le ciel.
"C'est à nous de définir comment nous allons vivre, nous avons le choix", explique le magazine tandis que le "Munich Süddeutsche Zeitung" proposait à ses lecteurs soucieux d'agir un guide pratique pour leurs dons de vêtements, de nourriture, etc.
Doit-on les appeler "migrants" ou "réfugiés" ?
"Chers réfugiés, c'est bon que vous soyez là"
"Chers réfugiés, c'est bon que vous soyez là car cela nous permet de vérifier la qualité de nos valeurs et de montrer notre respect des autres", déclare le champion du monde de foot et milieu du Real Madrid, Toni Kroos, cité dans la presse.
Comme lui, d'autres personnalités prennent position comme l'avait déjà fait Til Schweiger, star du cinéma en Allemagne, dont la maison a été placée sous surveillance après l'intrusion d'inconnus dans son jardin.
Le chanteur de rock Udo Lindenberg souhaite par exemple organiser un grand concert pour "célébrer la culture d'accueil" de l'Allemagne qui pourrait avoir lieu le 4 octobre à Berlin.
Dans un pays marqué par le souvenir de son passé nazi, cette mobilisation rappelle celles qui ont pu se produire lors d'autres incidents racistes. En 2000, l'ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait ainsi appelé à un "soulèvement des honnêtes gens" après l'incendie d'une synagogue à Düsseldorf... Lire l'intégralité.