- English
- Français
Par Eric Ghozlan, psychologue clinicien, Directeur du Pôle Enfance de l'OSE, responsable du département Psychologie de la cellule de crise de la communauté juive.
Lundi 26 janvier 2015 au soir, la majorité des ex otages accompagnés par leurs proches et les familles endeuillées par l’attentat de l’Hyper Cacher, au total plus d’une soixantaine de personnes ont été réunies par la cellule de crise de la communauté. Le but de cette réunion était de donner des informations pratiques sur le plan juridique, médico-légal, social, psychologique et administratif. Différents professionnels de ces disciplines, et notamment de l’OSE et du CASIP, se sont relayés pour informer les otages et leurs familles et répondre à leurs nombreuses questions très concrètes.
Roger Cukierman, Président du CRIF et Ariel Goldman, Président du FSJU ont réaffirmé le soutien au long terme des organisations représentatives et professionnelles de la communauté juive auprès des familles touchées et meurtries par l’attentat dans un souci de complémentarité avec les services publics.
Les deux présidents ont rappelé que l'ensemble des institutions communautaires juives CRIF, FSJU, Consistoire, se sont regroupées en 2008 pour constituer une cellule de crise, organisée afin de faire face aux agressions et attentats antisémites qui visent la communauté juive. L’objectif de cette cellule est de venir en appui aux cellules d’urgence publiques, en aucun cas de se substituer à elles et surtout de poursuivre l’accompagnement des victimes dans la durée. Elle est en contact permanent avec les autorités judiciaires, administratives, et hospitalières.
Cette cellule de crise avait été activée lors de l’attentat contre l’école Ozar Hatorah de Toulouse et de l’attaque de la supérette de Sarcelles en 2012. Elle existe à un échelon national. Depuis la vague d’agressions antisémites de ces dernières années, le département psychologie de la Cellule de crise intervient régulièrement car les actes antisémites en particulier entraînent, dans 30% des cas environ: des dépressions, des troubles anxieux, des états de stress post-traumatique. Dans 20% des cas les troubles se compliquent et se chronicisent avec une expression de la souffrance qui n’est pas uniquement psychique mais également somatique.
Rôle de la cellule de crise pendant et après l’attentat de l’Hyper Cacher :
La cellule de crise s’est réunie dès le 9 janvier, à 13h45, pendant la prise d’otage afin d’organiser ses interventions : sur le plan de la sécurité (SPCJ), de la communication (CRIF), du soutien logistique et financier (CASIP), du domaine cultuel (Consistoire) et de la mise en place du soutien médico psychologique (OSE) dans les écoles (FSJU).
Face à cette situation d’urgence, la cellule de crise a décidé de demander aux responsables des quatre radios juives d’ouvrir ensemble exceptionnellement la fréquence y compris si nécessaire pendant shabbat, pour parler d’une seule voix et ne pas laisser se propager les fausses rumeurs.
Dès la fin de la prise d’otage, la partie médico psychologique, l’OSE s’est immédiatement mobilisée, afin de prendre en charge aux côtés des équipes de la CUMP 75 et du service hospitalier de l’Hôtel Dieu, les otages transportés par les pouvoirs publics dans les hôpitaux parisiens.
Plus d’une vingtaine d’otages et leurs familles ont été reçues.
Par ailleurs, la Cellule de crise a assisté les familles endeuillées à l’Institut Médico-Légal et a coordonné à leurs côtés, les obsèques, en lien avec les autorités françaises et israéliennes.
Afin d’aider toutes les personnes susceptibles d’être traumatisées par cet attentat, le département Psychologie de la cellule de crise a mobilisé une trentaine de professionnels pour intervenir dans différents lieux. D’abord et principalement, le département psychologie a accompagné les victimes directes et les familles endeuillées, selon leurs besoins, puis en fonction des cercles de vulnérabilité, les familles des victimes, les amis, et enfin les écoles situées à proximité des lieux des attentats et les lieux communautaires en demande de soutien.
Dès le lendemain de l’attentat, des victimes directes et indirectes ont été reçues, y compris les salariés du magasin. Puis, l’attention du département psychologie s’est portée sur les enfants des écoles juives, en coopération avec les directions, les enseignants et le FSJU. Certains élèves ont été reçus individuellement. Dans certains cas des psychologues sont allés au domicile de certaines familles.
Des temps de consultations gratuits ont été ouverts au Centre Médico-Social de l’OSE pour recevoir individuellement les ex otages et les familles qui le souhaitent. Plusieurs victimes confrontées à des difficultés économiques seront aidées par les institutions de la communauté, notamment le CASIP.
Sur le plan juridique, la cellule de crise propose également un accompagnement grâce aux conseils de juristes compétents et expérimentés.
Le fait que la communauté juive se manifeste, à travers l’intervention de ses professionnels a une fonction de réassurance sur le plan psychologique.
L’ensemble de ces actions ont été accomplies en coordination avec les services publiques et les dispositifs de crise mis en place par l’Etat.
Comme l’a rappelé Ariel Goldman aux familles des ex otages et aux familles endeuillés présentes « Tous les services professionnels de la communauté sont et seront à votre disposition dans la continuité et aussi longtemps que nécessaire.».
Cellule de crise : contactcelldecrise@gmail.com
Tel : 01 44 62 55 24