Actualités
|
Publié le 22 Octobre 2015

Athènes, le CRIF participe à une conférence historique pour le rapprochement des Eglises orthodoxes et du Judaïsme.

A l’occasion des 25 ans de l’établissement des relations diplomatiques pleines entre la Grèce et Israël, s’est tenue à Athènes les 20 et 21 octobre 2015, la Conférence internationale “Centres et diasporas” coordonnée par le Bureau de liaison du Patriarche Œcuménique, bureau des affaires interreligieuses et interculturelles, et l’American Jewish Committee. La conférence réunissait des représentants des Eglises orthodoxes et du judaïsme. Elle faisait suite à la Conférence que le Ministère des affaires étrangères grec avait organisé sur la paix au Moyen-Orient. 
 
Le Métropolite Emmanuel de l’Eglise orthodoxe de France a souligné dès l’introduction le sens plein du mot “œcuménique” pour l’Eglise orthodoxe : un engagement contre la discrimination raciale au nom de l’unicité divine. Il a également remercié l’Etat d’Israël pour la protection des sites saints de l’Eglise à Jérusalem. Des paroles de paix ont été prononcées par des représentants du patriarche œcuménique et des différentes Eglises autocéphales, venant notamment des Etats-Unis, de Grèce, Jérusalem, Serbie, Suède, Russie, de Pologne, d’Alexandrie et de Roumanie. L’archevêque Démétrios des Etats-Unis a livré en personne un témoignage extrêmement émouvant sur son enfance à Salonique dans les années 20 et 30, au côté de la communauté juive de la “Jérusalem des Balkans”. Le représentant du patriarche grec orthodoxe de Jérusalem a lu pour sa part un message dans les deux langues grecque et hébreu, “qui est notre langue, en Israël”. Le représentant de l’Eglise orthodoxe de Russie a lui particulièrement insisté sur la nécessité de protéger les Chrétiens d’Orient, en rappelant l’importance de la communauté chrétienne de Syrie.  
 
Faisant pendant au témoignage de l’archevêque des Etats-Unis, le rabbin Menahem HaCohen a livré le récit de son expérience de vie depuis trois générations au côté du Mur des Lamentations, au son des cloches des Eglises et du Muézin de l’appel à la prière musulmane. Le rabbin Gabriel Negrin d’Athènes a insisté sur la valeur de l’exemplarité des amitiés entre représentants de différentes religions pour les membres des communautés. Le rabbin Lewin de France qui dirige la Conférence des rabbins européens a lui insisté sur la nécessité d’ actions communes concrètes, comme le combat contre les préjugés haineux sur internet. 
 
Le Rabbin David Rosen a pour sa part salué la tenue de cette conférence aux enjeux multiples et l’implication des acteurs présents. Décriant les comportements de mépris qui peuvent émerger dans les deux communautés, il a appelé à l’éducation de tous. Il a également souligné l’asymétrie qui existe dans la relation entre les Orthodoxes et les Juifs. De manière générale, les chrétiens ont besoin de comprendre le judaïsme pour comprendre leur propre religion et leur propre identité, mais l’inverse n’est pas vrai. Il a également rappelé les persécutions historiques dont ont souffert les juifs en terre chrétienne. Le Rabbin Rosen a demandé que chaque Eglise fasse une déclaration pour s’élever contre les préjugés antisémites qui ont pu émerger d’interprétations malheureuses des Ecritures, ce qu’a déjà fait avec courage l’Eglise de Chypre. Il a également proposé que les pèlerinages orthodoxes en Israël soient préparés  de concert avec les communautés juives afin d’être prêts a rencontrer le Juif réel, et Israël d’aujourd’hui. 
 
Des exposés exégétiques ont permis d’aborder les notions de centres et périphéries et d’image de l’autre dans l’orthodoxie et le judaïsme. Le Professeur Georges Prevelakis, directeur du Master de Géopolitique de la Sorbonne, a présenté pour sa part le concept fondamental de diaspora tel qu’il est compris en sciences politiques.
 
Le CRIF était représenté par Eve Gani, directrice des affaires internationales du CRIF. 
Elle a lu un message de Roger Cukierman, Président du CRIF, qui dénonçait la  désymbolisation des sites  religieux et spécialement le Mont du Temple qui avait été tentée dans une résolution a l’UNESCO - tentative qui a suscite la réprobation de l’assistance. Il a également décrit l’expérience de la communauté juive de France devant la montée et de l’antisémitisme ces dernières années qui avait conduit certains juifs de France a interroger la possibilité même d’une existence, non pas seulement sur le plan spirituel, mais aussi simplement physique, en “diaspora”. Remerciant Monsieur Emannuel pour son engagement en France, il a appelé au soutien de toutes les Eglises orthodoxes dans la lutte contre les préjugés dans tous les pays où elles sont établies. 
 
En présence de l'Ambassadrice d'Israël en Grèce Irit Ben Abba, les participants ont joint leur prière pour un retour à la paix à Jérusalem.
 
 
 
 
 
 
Communiqué
 
Conférence internationale “Centres et diasporas”
 
Coordonnée par le Bureau de liaison du Patriarche Œcuménique, bureau des affaires interreligieuses et interculturelles et American Jewish Committee
 
Athènes, 20-21 octobre 2015 - Reconnaissant la place spéciale de la chrétienté orthodoxe dans la tradition grecque et la place spéciale du judaïsme dans la vie du peuple d’Israël, un colloque judéo-chrétien s’est tenu à Athènes les 20 et 21 octobre 2015 pour célébrer les 25 ans des  relations diplomatiques pleines entre la Grèce et Israël. La conférence, réunie par le Bureau de liaison du Patriarche Œcuménique, bureau des affaires interreligieuses et interculturelles, avec le département des affaires interreligieuses internationales de l’AJC, cherchait à mettre en évidence les rapprochements religieux, culturels et sur le plan de l’identité, centrales à la vie des deux traditions.
 
La rencontre a offert une opportunité unique d’affirmer les liens d’amitié, de compréhension et de coopération qui ont été forgés entre l’Orthodoxie et le Judaïsme durant les décennies précédentes, en particulier par le Patriarche œcuménique, sous la direction de Sa Sainteté Bartholomée I.
 
Parmi les principales affirmations de ce colloque figuraient l’engagement à la liberté de religion et de conscience, la répudiation de tout sectarisme et toute violence, en particulier quand elle est exercée au nom de la religion, et un engagement à travailler ensemble pour combattre tous les préjugés négatifs et la persécution, particulièrement sur des fondements religieux.
 
La conférence était accueillie par l’Ambassadeur d’Israël auprès de la République Hellénique Madame Irit Ben Abba. Les participants ont eu aussi le privilège d’écouter le concert donné spécialement par le Quatuor à cordes de l’Orchestre philarmonique d’Israël, au Musée de l’Acropole, qui célébrait cet événement clé dans les relations entre la Grèce et Israël.