Actualités
|
Publié le 25 Mars 2010

Yves Kamami, vice-président du B’nai B’rith International : menaces sur les droits de l’homme

Vous rentrez de Genève. Un an après Durban 2 y a-t-il quelque chose de changé au conseil des droits de l’homme ?




Oui, les différents ambassadeurs que nous avons rencontrés sont presque tous convaincus de la nécessité de changer l'organisation du Conseil des Droits de l'Homme afin qu'il y ait plus de place pour les pays qui respectent effectivement les Droits de l'Homme. La venue d'Ahmadinejad à Durban II a laissé des traces dans les esprits.



Pensez –vous que l’héritage de René Cassin soit en danger ?



Oui, il est clair qu'une vigilance accrue s'impose, d'autant que l'Iran mène actuellement une campagne très active pour pouvoir être élu au Conseil des Droits de l'Homme le 13 mai prochain à New, York, à bulletin secret, par l'Assemblée Générale des Nations Unies. Ce serrait ubuesque que l'un des pays les moins respectueux des Droits de l'Homme, des Droits de la Femme, de l'Enfant, du Droit de la Presse, du droit des minorités: Bahaïs, chrétiennes, du droit des homosexuels, avec à son actif des exécutions sommaires quasi-quotidiennes et une répression sanglante des manifestations après les dernières élections puisse siéger et juger les autres pays sur les Droits de l'Homme. Cela témoignerait des certains côtés absurdes du "machin" qu'est l'ONU, comme disait De Gaulle.



Que vous ont dit vos différents interlocuteurs ?



Ils sont très inquiets car ils pensent que les modifications vers plus de place pour les démocraties respectueuses des droits de l'homme seront difficiles à faire passer auprès de ceux qui dirigent nombre d'instances aujourd'hui, souvent autocratiques. Les changements éventuels pourraient même donner l'occasion aux pays totalitaires d'occuper encore plus le terrain. Ainsi, un des traumatismes encore vivace est le fait qu'au même moment où l'ONU attaquait Israël sur Gaza, des dizaines de milliers de morts étaient passés sous silence au Sri Lanka, parce que cela aurait déplu à certains pays asiatiques.



L’admission de l’Iran est –elle inévitable ?



Non, elle n'est pas inévitable si il ya un réveil des consciences, un mouvement d'opinion des principales ONG qui défendent les Droits de l'Homme: la LICRA, Amnesty, Human Right Watch, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Reporters sans frontières, les associations féministes, de défense des droits de l'enfant, les associations concernées par l'atteinte au droits de l'homme en Iran, comme les Bahaïs, ou les homosexuels. Nos hommes politiques et nos médias doivent se saisir de ce véritable problème de crédibilité du Conseil des Droits de l'Homme.



De plus, il faut alerter les pays "tangents" notamment d'Amérique du Sud ou d'Afrique, qui peuvent être sensibles à cette campagne d'opinion et changer leur vote au dernier moment.



Photo : D.R.