Un bateau pour Gaza : «Manipulation», crie la communauté juive

«Gaza n’est pas en situation de détresse, cette flottille n’est donc pas nécessaire. » Pour en convaincre les journalistes, le CRIF Marseille avait invité, mercredi midi, l’ancien ambassadeur d’Israël à Paris, Yehuda Lancry. Le diplomate en retraite connaît l’histoire du conflit israélo-palestinien par cœur. Il sait surtout qu’on ne passera pas d’une dynamique de négation de l’autre quasi centenaire à une dynamique de reconnaissance mutuelle en claquant des doigts, fût-ce après vingt ans de palabres et de tentatives de rapprochement plus ou moins infécondes. Alors il s’est armé de patience. Et il s’accroche à l’espoir de paix que représentent encore les accords d’Oslo, dénonçant tout ce qui peut contribuer à les remettre en cause.

A un niveau huit ou neuf sur l’échelle de Richter, le danger c’est pour lui cette démarche unilatérale qui vise à faire entrer l’Etat palestinien au sein de l’Organisation des nations unies. La demande pourrait trouver une majorité à l’assemblée générale avec le soutien de la France. « Mais les Etats-Unis n’accepteront jamais, ils opposeront leur veto. »

Alors que faut-il craindre d’autre que la violence toujours et encore dont Gaza est une base extrêmement active? « Il n’y a pas de blocus de Gaza, deux cents à quatre cents camions livrent quotidiennement l’enclave. Mais Israël ne peut pas accepter de laisser rentrer des armes pour voir ensuite ses villages pilonnés. En revanche, les pacifistes peuvent être les bienvenus s’ils le font en concertation avec Israël. »

On se souvient que l’an dernier l’arrivée sur Gaza de la flottille de la paix s’était soldée par une intervention très dure de l’armée israélienne, neuf morts et des dizaines de blessés. « On ne souhaite pas que cela se reproduise, affirment ensemble Yehuda Lancry, Michel Teboul, le chercheur Marc Knobel et les membres du CRIF qui ont réalisé l’étude tendant à démontrer que la bande de Gaza n’est pas en situation d’urgence et que le bateau humanitaire n’a donc aucune raison d’être.

Sauf que « d’humanitaire » le fameux bateau français pour Gaza est devenu politique. Il s’attaque au principe même du blocus avec l’appui de plusieurs partis de gauche, Europe écologie les Verts, le Front de gauche, du syndicat CGT, etc. Le CRIF Marseille crie à la manipulation. Pour Jean-Pierre Bensimon, économiste, Renée Dray-Bensousan, historienne, Ronny Cohen-Solal, gérant de société, Marie-Claire Sfadj, Jean Meyer et Michèle Teboul, « le blocus de Gaza est légal parce que conséquence des actions violentes déclenchées par le Hamas qui dirige le gouvernement palestinien depuis 2006; la confrontation que veut provoquer le bateau français et la flottille à laquelle il participera ne met pas sur la voie de la paix. » Une flottille encore instrumentalisée par le groupe extrémiste islamiste turc IHH selon les responsables communautaires.

Le CRIF Marseille déconseille donc aux élus des collectivités territoriales qui seraient tentés de le faire de soutenir le « bateau pour Gaza ». Il a rédigé un document à leur intention. L’action anti «Bateau» devrait se limiter à sa diffusion.

Photo (Michèle Teboul et Yehuda Lancry) : D.R.

Source : lemeilleurdemarseille.fr