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Publié le 25 Août 2010

Rencontre avec le musicien israélien Yair Dalal

Yair Dalal déambule dans l'exposition «Les Violons de l'espoir», à l'Ancien Pénitencier. Il arrive tout droit d'Israël et s'est précipité pour voir comment les violons de son ami Amnon Wettstein étaient présentés à Sion. Quoique «précipiter» n'est peut-être pas le bon terme avec Yair Dalal. Vêtu d'une simple tunique blanche, le musicien ressemble plus à un druide new age qu'à un rocker surexcité. Et pourtant, c'est bien cela qu'il serait, devant les violons de son ami Amnon: «Very excited».




Yair Dalal est un musicien israélien d'origine irakienne bien connu dans tout le Moyen Orient pour ses concerts pour la paix et son enseignement des musiques musulmanes et juives. Car il porte en lui les deux traditions. Ami proche du luthier Amnon Weinstein, militant pour la paix, c'est tout naturellement que ce musicien, à cheval entre les traditions occidentales et moyen-orientales, a été invité pour un concert à Sion en Suisse, jeudi 26 août 2010. C'est son deuxième concert en Valais, après une participation au festival Tibor Varga avec Jordi Savall.



Yair Dalal, que ressentez-vous devant ces violons de l'espoir?



En voyant ces violons, il devient évident qu'on peut tuer les gens, pas la musique. Quand on joue avec ces instruments, cela génère des émotions très fortes, une idée de vie éternelle.
Lors du dernier Jour de commémoration de la Shoah en Israël (12 avril 2010), j'ai joué sur un de ces violons à Tel-Aviv, le même violon sur lequel Shlomo a joué à Auschwitz. A la fin, tout le monde pleurait, moi y compris. Quand on connait l'histoire de ces violons, la musique est différente, elle sonne avec beaucoup plus de profondeur.



Sur le plan musical, comment jugez-vous le son de ces violons?



Vous connaissez l'histoire d'Itzhak Perlman à qui on disait: quel son extraordinaire a votre violon! Et lui de coller l'instrument à son oreille et de répondre: je n'entends rien. Il voulait dire par là que ce n'est pas le violon qui sonne, mais notre propre âme. Amnon a mis toute son âme dans ces violons. Certains étaient bons, d'autres moins, mais ils sonnent maintenant comme des violons de très grande qualité. Et quand Shlomo a joué avec un violon de l'espoir, le violon sonnait mieux que son propre violon.



Quel lien y a t-il entre les Violons de l'espoir et votre action de militant pour la paix, en particulier au Moyen-Orient?



La paix est le seul moyen. Dans la Bible, vous trouvez un verset en hébreu qui dit à peu près ceci: tu dois demander la paix et agir pour la paix. Je suis musicien, j'utilise donc mes capacités et mon talent de musicien pour réunir les gens. J'ai décidé d'être musicien et d'enseigner la musique en 1982, après la guerre du Liban. A partir de là, j'ai développé mes performances, j'ai écrit un chant pour les Accords d'Oslo, tout a bien marché et c'était une surprise. J'enseigne toujours aux arabes à jouer des mélodies juives et aux juifs à jouer des chants arabes. En plus des innombrables concerts pour la paix auxquels je participe, j'ai fondé un orchestre qui réunit des musiciens des deux traditions, y compris des juifs orthodoxes. Chaque semaine, on fait de la musique et on cherche des bases communes à nos traditions religieuses.



Et demain soir, que jouerez-vous?



Je jouerai mes propres compositions, une prière pour la paix, avec beaucoup d'improvisations. Mes parents viennent de Bagdad, ce pays est toujours en guerre. Là bas, les musiciens étaient souvent des juifs et portaient une tradition vieille de 2500 ans. Il y a des points communs entre cette musique et la musique klezmer de l'est de l'Europe, ce mélange de musique tzigane, turque et moyen-orientale. On retrouve les mêmes modes musicaux, la même tradition ornementale, la même liberté d'improvisation. Lors de ce concert, on va plonger dans les racines d'une musique bien plus ancienne que la musique classique européenne. Aujourd'hui, il n'y a plus de frontière entre les genres, toutes les musiques ont la même valeur, ce qui importe c'est l'émotion que vous y mettez. Chaque musique est une musique de l'espoir.



Un autre projet qui vous tient à coeur?



Oui, le Projet Händel qui consiste à introduire l'histoire de l'Exode et de la musique juive du Moyen-Orient dans un oratorio d'Händel. Ce sera en juin en Allemagne.



A écouter: Jérusalem, Jordi Savall, Yair Dalal et autres, Alia Vox.



Photo : D.R.



Source : le Nouvelliste



Prière pour la paix (lenouvelliste.ch)