Question : D’où venez-vous ?
Réponse : Née à Toulouse, j'ai eu un parcours assez classique, tout d'abord, j’ai fréquenté les Eclaireurs Israélites de France qui pendant, et après la guerre ont joué un grand rôle dans la vie de mes parents. Mon père fut un jeune garçon apatride, né en Allemagne, ayant rejoint la France à pied, contraint à la clandestinité. Ma mère, née en Lorraine, connut l'exode avant de devenir une enfant cachée dans un couvent.
Puis, il y a eu l'Union des Etudiants Juifs de France pendant mes études à la faculté dentaire et de longs séjours en Israël à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Un post-graduate à New York m'a permis entre autres, puisque je m'y suis mariée, de bien connaître le judaïsme américain. A mon retour, j'ai rejoint un mouvement créé par Arié Bensemhoun après son départ de la présidence de l'UEJF, ainsi qu'une association de médecins, c’est par ce biais que j'ai été élue déléguée au comité directeur du Crif Toulouse Midi-Pyrénées. J'ai démissionné. En 2000, espérant pouvoir être utile, je suis revenue. J'ai alors été élue au Fonds Social Juif Unifié, puis au bureau exécutif du CRIF régional où j'ai été secrétaire générale puis vice-présidente alors qu'Arié Bensemhoun en était le président.
Question : Qu’est-ce qui -entre autre-explique votre engagement ?
Réponse : Un voyage professionnel en Egypte en 2002, m'a beaucoup marquée. Je n'avais jamais séjourné dans un pays arabe. La manière dont l'antisémitisme y est exprimé, m'a glacée. J’avais l’impression que les Egyptiens vivaient dans une sorte d’irréalité. J’ai noté qu’il y avait une confusion entre religion et politique, j’ai ressenti que le nationalisme est exacerbé, j’ai senti un sentiment d'humiliation, j’ai vu qu’il y avait de grandes inégalités sociales, des aspirations multiples et contradictoires. Que dire aussi de la situation des femmes ? Des théories du complot, de l’arbitraire et de la haine des Juifs ? L’antisémitisme m’apparaissait alors comme une sorte de facteur permettant d’expliquer tous les maux qui sévissent dans la société égyptienne. Tout cela m'a fait prendre conscience de la nécessité de travailler pour lutter contre les stéréotypes et les préjugés. C'est dans ce sens que je souhaite mener l'action du CRIF Toulouse-Midi-Pyrénées.
Question : Quels sont vos projets ?
Réponse : Nous attendons tous d'inaugurer un monument à la mémoire de la Shoah, le 9 novembre 2008. Ce monument sera érigé au centre de Toulouse et il a pour objectif la mémoire et la vigilance, ce sera aussi un lieu où l'on parlera d'histoire, d'Europe, de politique au sens noble et d'humanité. Par ailleurs, nous poursuivrons les relations que nous entretenons avec les chrétiens et nous développerons le plus de contacts possibles avec de nombreux autres groupes et institutions. Du reste, je ne vous cache pas que nos échanges avec le monde politique sont très intenses. Un exemple ? Le premier voyage qui a été entrepris en Israël avec le nouveau maire de Toulouse. Il s'est rendu à Tel-Aviv, accompagné de nombre de ses adjoints. L'enthousiasme de cette délégation a été impressionnant, l'envie de travailler avec les Israéliens évidente. D'ailleurs, le maire de Tel-Aviv vient à Toulouse au mois de novembre et le maire de Toulouse souhaite en personne participer au centenaire de sa ville jumelle.
Enfin, nous recevons, en particulier pour des petits-déjeuners débats, de nombreuses personnalités ayant des responsabilités dans toutes les sphères de la société. Nous assistons à un grand nombre d'événements officiels et portons la parole du CRIF national dans les lieux les plus divers. C’est ainsi que les relations avec les différents médias sont poursuivies avec le plus d'à-propos possible. Bref, nous essayons avec les moyens limités qui sont les nôtres de remplir au mieux une mission que nous voyons vaste.
Je dois noter pour terminer que nos prochains projets porteront sur l’organisation d’un Forum Israël Diaspora, où nous souhaitons parler de la conférence internationale de suivi de Durban qui aura lieu à Genève (20-24 avril 2009). Plus largement nous aborderons l'organisation des relations internationales et de la perception d'Israël dans une période qui s'annonce difficile économiquement et où la tentation de trouver un bouc émissaire sera forte, on l'observe déjà sur les sites Internet. Il y aura d'autres rendez-vous comme un dîner annuel du CRIF régional, et une réflexion sur la façon dont les juifs de France se voient aujourd'hui. Nous avons l'ambition d'étendre nos contacts avec des organisations juives équivalentes dans des villes européennes ayant des relations avec Toulouse.
Nous sommes très heureux de pouvoir travailler de façon harmonieuse avec le CRIF national et souhaitons le plus de voyages possible entre Paris, Toulouse et les autres villes de France.
Propos recueillis par Marc Knobel