Ils n'aimaient pas les étrangers. Et ils ont tué. C'est ce qui rapproche Gianlucca Casseri, Beate Zschäpe, Uwe Böhnhardt, Uwe Mundlos et Anders Breivik. Les auteurs de trois faits divers racistes qui ont marqué l'année 2011 en Europe.
Crimes racistes à Florence
Gianlucca Casseri a tué mardi deux vendeurs ambulants sénégalais sur deux marchés de Florence. Ce toscan agé de 50 ans était un fan de science fiction, auteur d'un roman d'anticipation, il était surtout, selon la presse italienne, membre de la CasaPound, une association d'extrême droite.
Ce mouvement néofasciste tire son nom de l'écrivain américain, rallié à Mussolini, Ezra Pound. Il compterait environ 2000 membres et quelques dizaines de milliers de sympathisants. Depuis 2007, il s'est étendu à plusieurs villes en squattant des logements, notamment à Rome, Florence et Bologne, selon un journaliste italien basé à Londres. Le mouvement a pris ses distances avec l'acte de Gianlucca Casseri: "Il était l'un de nos sympathisants comme tant d'autres personnes dans toute l'Italie (...) Il s'agit d'une tragédie effroyable de la folie", a déclaré l'association dans un communiqué.
Ce drame italien intervient quelques jours après un raid contre un camp de Roms déclenché par de fausses accusations de viol.
Les tueurs néonazis de Thüringe
La découverte a secoué l'Allemagne en novembre dernier. Une cellule néonazie, traquée pour un braquage de banque, est responsable de dix meurtres non élucidés de neuf immigrés et d'une policière, dans les années 2000. Le trio était originaire de Thüringe, land de l'ex-Allemagne de l'Est, et avait navigué dans le paysage de l'extrême-droite locale, qui s'est développée après la réunification de 1990. Beate Zschäpe, Uwe Böhnhardt et Uwe Mundlos avaient participé aux réunions du groupe Thüringer Heimatschutz ("Groupe thuringeois de protection de la patrie"), avant de plonger dans la clandestinité en 1998. Leur mot d'ordre était "des actes plutôt que des mots", ce qui avait justifié l'absence de toute revendication, selon le Spiegel. "Le silence était une forme de garantie de survie, quitte à ce que personne ne comprenne les motivations racistes de ces actes", analyse l'hebdomadaire.
Anders Breivik, le tueur d'Oslo
L'auteur des attaques qui ont fait 77 morts le 22 juillet en Norvège a été déclaré psychotique et donc pénalement irresponsable par les experts-psychiatres qui l'ont examiné. Breivik a fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien, puis fait feu pendant près d'une heure et demie contre un rassemblement de jeunes travaillistes, sur une île au nord-ouest de la capitale norvégienne. Sur sa page Facebook, le tueur d'Oslo se décrivait comme "conservateur", "chrétien", intéressé par la chasse, les jeux vidéo de guerre et la franc-maçonnerie. Quelques heures avant de passer à l'acte, il avait mis en ligne 1500 pages de diatribes islamophobes et antimarxistes, où il détaillait par avance son modus operandi.
Crise sociale et discours identitaire
Ces trois cas sont différents, les contextes ne sont pas les mêmes, Anders Breivik a été déclaré irresponsable... Mais ils ont un point commun: la xénophobie.
"Les périodes de crise et les situations de détresse sociale favorisent le repli et les discours identitaires, soit dans l'expression politique pour les mouvements populistes qui connaissent un regain d'intérêt, soit dans la dérive radicale de certains groupuscules", expliquait à lexpress.fr l'historien et politologue spécialiste de l'extrême droite Stéphane François, alors qu'étaient révélées les opérations racistes des trois néonazis allemands. Ajoutant que "le climat d'exacerbation des sentiments antimusulmans", en hausse, contribuent à conforter cette mouvance, et manifestant son inquiétude sur "la prolifération de ce type de discours" et de mouvements et de leur conséquence sur le passage à l'acte de "loup solitaires", ces individus isolés inspirés par l'idéologie néonazie.
Photo: D.R.
Source : l’Express