Qui sont les shebab ?
Il s'agit d'un mouvement islamo-nationaliste somalien, qui combat ce qui reste du gouvernement central de transition soutenu par la communauté internationale. Le nom complet des shebab est Haraka al-shebab el-moudjahidin (en arabe "le mouvement des jeunes moudjahidin" ou "le mouvement de la jeunesse moudjahidin"). Ce sont donc principalement de jeunes combattants djihadistes -environ 10.000- qui refusent toute ingérence extérieure en Somalie et rejettent tout ce qui n'est pas lié à l'islam.
Le mouvement shebab s'est tout d'abord construit en récupérant une grande partie des jeunes militants des Tribunaux islamiques qui ont occupé Mogadiscio, la capitale, et le sud de la Somalie courant 2006 avant d'en être expulsés par l'intervention menée par l'Ethiopie. Après plusieurs réorganisations et scissions, le mouvement a ensuite été repris et plus ou moins structuré par des combattants étrangers venus de la Péninsule arabique et du Soudan ainsi que par des djihadistes au profil plus classique. C'est la première fois que des étrangers ont d'ailleurs réussi à s'acclimater à la logique des clans somaliens. Courant 2009, les shebab ont fait allégeance à Al-Qaïda et ont été reconnus par Oussama ben Laden comme les seuls représentants légitimes de l'organisation en Somalie.
Quelle est la zone d'influence des shebab en Somalie ?
Aujourd'hui, il s'agit principalement du Centre et du Sud du pays. Des combats s'y déroulent de manière quasi-quotidienne face aux milices pro-gouvernementales. Ce conflit est l'une des causes principales de la famine qui sévit dans cette région et qui a poussé à l'exode de milliers de civils vers le Kenya. Les Etats-Unis accusent notamment les shebab de bloquer l'arrivée de l'aide humanitaire.
Pendant l'été, les shebab ont néanmoins été obligés de se retirer du secteur de Mogadiscio face à l'offensive d'une ampleur sans précédent menée par les soldats loyalistes, soutenus par 9.000 hommes composant la force de l'Union africaine (Amisom).
Fin septembre, l'Onu a entériné la proposition de l'Union africaine d'augmenter les effectifs de l'Amisom à 12.000 soldats. Le groupe international de contact sur la Somalie, nommé par les Nations unies, a de son côté appelé les shebab à rejoindre les négociations sur l'avenir du pays.
Les shebab agissent-ils souvent à l'étranger ?
Dans la nuit du 10 au 11 septembre, ils auraient déjà attaqué au Kenya un couple de touristes britanniques sur l'île de Lamu, là même où Marie Dedieu a été enlevée. Le site, paradisiaque, se trouve à moins de 50 kilomètres de la frontière avec la Somalie. L'homme a été tué lors du kidnapping. Sa femme, Judith Tebbutt, est toujours aux mains de ses ravisseurs, malgré la chasse à l'homme menée pour la retrouver. Aucune revendication publique n'est parvenue.
En juillet 2010, les shebab avaient aussi revendiqué l'attentat de Kampala (plus de 70 morts), la capitale ougandaise. Ils voulaient se venger de la participation de l'Ouganda à l'Amisom.
Déjà un Français otage depuis deux ans
Les shebab ont-ils des liens avec les pirates somaliens ?
Ce n'est pas très clair. Judith Tebbutt, la touriste britannique, aurait été transférée à Harardere, au Nord de la Somalie. Ce fief des pirates somaliens a été récupéré en mai 2010 par les shebab. Ils avaient alors promis d'éradiquer la piraterie, censée être contraire à l'islam. Mais un certain modus vivendi pourrait en fait s'être établi depuis entre les deux groupes, principalement pour des motivations financières.
Les shebab se sont-ils déjà opposés à la France ?
Oui. Le 14 juillet 2009, ils ont enlevé à Mogadiscio deux agents de la DGSE, qui se faisaient passer pour des journalistes. L'un deux s'est échappé quelques mois plus tard. Mais "Denis Allex" -probablement un pseudo- est toujours prisonnier. Sa dernière preuve de vie publique remonte à décembre 2010.
Comment s'annoncent les négociations ?
Si les shebab détiennent bien Marie Dedieu, les négociations seront dures. Des otages français sont pour eux une aubaine internationale. Ils peuvent les utiliser comme une caisse de résonance mondiale pour en faire un exemple et donc être adoubés définitivement par la mouvance islamiste internationale et obtenir de l'assistance financière et matérielle.
La France tente de "localiser" Marie Dedieu
"Nous sommes en liaison étroite avec le gouvernement du Kenya et à la recherche d'informations précises sur la localisation et l'état de santé de notre compatriote. Nous faisons tout pour obtenir sa libération rapide", a déclaré lundi midi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Il est établi maintenant que notre compatriote a été transportée par ses ravisseurs vers les côtes de Somalie", a-t-il ajouté, en se félicitant d'une "coopération totale" des autorités kenyanes.
Photo : D.R.
Source : TF1 LCI