Question : Comment avez-vous eu l’idée de chanter avec Noa et comment s’est passée la rencontre avec elle ?
Idir : On ne s’était jamais rencontré mais on se connaissait mutuellement : j’appréciais beaucoup son travail. J’étais même séduit par sa voix et faire un duo avec elle fut un désir assez profond. Mon dernier album traite de la France dans toute sa diversité. On ne pouvait donc pas passer à coté de la dimension juive. Je voulais donc partager quelque chose et pour cela, je ne voyais que Noa.
Question : Pour son message, ou par affinité artistique ?
Idir : Il est évident que Noa est une femme de paix, intelligente et belle, ce qui ne gâche rien… Mais au-delà de cela, c’est réellement l’aspect artistique qui primait avant tout.
Question : Avez-vous d’autres projets avec elle, et plus généralement avec d’autres artistes juifs ou israéliens ?
Idir : Rien n’est prévu pour le moment, mais ce serait un bonheur de partager une nouvelle expérience.
Question : L’album contient une chanson sur Jérusalem : quel rapport entretenez vous avec cette ville ? Y êtes vous particulièrement attaché, y allez vous souvent ?
Idir : Non je n’ai pas de lien particulier avec cette ville, mais je voulais, avec Akhenaton, passer un message de paix. Or Jérusalem est une ville symbole. Du judaïsme tout d’abord, mais aussi des deux autres monothéismes. Tout le monde la veut et elle se fait désirer énormément !
Question : Quels sont les rapports entre les cultures juives et berbères, existe-t-il des similitudes, des affinités particulières ?
Idir : Le peuple berbère a connu en effet une période marqué par le judaïsme, avant de vivre une ère chrétienne puis musulmane. De la période juive, il subsiste encore quelques vestiges, dans la région de Benni-yenni par exemple.
Question : Qu’en est-il exactement du dialogue, ou des relations judéo-berbère ? Souhaitez vous qu’elles évoluent et envisagez-vous des initiatives communes pour l’avenir ?
Idir : Le dialogue est fondamental entre tous les gens qui veulent se rencontrer. On ne peut rester indifférent à l’histoire du peuple juif, qui renferme une réelle densité et beaucoup d’enseignements. Le dialogue judéo berbère doit donc aller bien au-delà du cliché absurde qui fait des Berbères les alliés des Juifs face aux Arabes.
Question : Dans quelles conditions de travail évoluez-vous en Algérie ?
Idir : En 1978 je me suis fais taper sur les doigts, m’étant déclaré favorable à la reconnaissance d’Israël. L’avenir m’a donné raison quelques années plus tard, lorsque Bouteflika est allé serrer la main du premier ministre israélien, lors d’une cérémonie.
Alors d’une manière générale, il ne faut pas agir en fonction des risques, ou par calcul, mais en fonction de ce qui est juste, et toujours dans le respect de l’autre.
Question : Etait-ce facile de rassembler autant d’artistes et de sportifs, pour autant de thèmes, lors de la préparation de cet album ?
Idir : Non ce n’était pas évident de réunir autant d’artistes de Yannick Noah à Zidane, en passant par Obispo. Mais ma démarche à été perçue comme sincère : je n’avais rien à vendre, sinon un message : mettre en avant le fait que désormais la France est plurielle, et il faut l’accepter pleinement.
Propos recueillis par David Kleczewski