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Publié le 28 Juin 2011

«La révolution égyptienne, un exemple dans toute la région»

Dan Meridor, vice-premier ministre israélien, est reçu ce mardi 28 juin 2011 à Paris par les groupes d'amitié France-Israël du Sénat et de l'Assemblée nationale. Interviewé par le Figaro, le vice-premier ministre israélien appelle les autorités du Caire à respecter l'accord de paix de 1979.




Israël est-il inquiet des mouvements de révolte dans le monde arabe ?



Le printemps arabe suscite en Israël des espoirs et de l'inquiétude. On sait comment tout a commencé, mais on ignore encore comment cela va finir. La révolution égyptienne a été très intéressante. C'était un mouvement non-violent, dont les slogans étaient pro-occidentaux. Elle n'était pas menée par des organisations politiques mais a été un mouvement populaire, composé de gens ordinaires. Pour Israël, c'est évidemment porteur d'espoir. On n'a encore jamais vu de démocratie dans le monde arabe. Peut-être en est-ce le début? Il reste à savoir qui va triompher dans la bataille des idées qui se déroule en Égypte, entre des valeurs occidentales de démocratie, des droits de l'homme et de l'individu, et celles de l'islam radical. Mais si Israël est naturellement attaché à la démocratie, il l'est aussi à la stabilité. Avec l'Égypte, nos relations étaient basées sur l'accord de paix de 1979, il est très important pour nous qu'il soit respecté. Il est aussi de l'intérêt de l'Égypte de rester pacifique. Si la révolution égyptienne tourne bien, elle peut servir d'exemple dans toute la région.



Comment réagissez-vous à la volonté de l'Autorité palestinienne de faire voter en septembre par l'ONU la reconnaissance unilatérale d'un État palestinien ?



Personne n'a rien à gagner à une approche unilatérale. Les Palestiniens ont choisi de ne pas négocier avec Israël, et de faire pression sur nous via l'ONU. Mais même si ce vote a lieu, il ne change pas la réalité. L'ONU ne peut pas tout décider. Une résolution ne changera pas le fait que des Juifs habitent de l'autre côté des lignes de 1967. Les Palestiniens choisissent une solution de facilité, dans laquelle ils reçoivent sans rien donner en échange. Cet État ne verra le jour que lorsque les Palestiniens accepteront que sa création marque la fin du conflit et de toute revendication ultérieure supplémentaire. Il est important que l'Europe soit claire avec eux, en leur disant que la seule façon d'obtenir un État passe par des négociations. Il faut prendre des décisions difficiles, comme l'avaient fait à l'époque Begin et Sadate. Nous sommes prêts à parler, à négocier. Le rapprochement de l'OLP avec le Hamas est de ce point de vue une décision malheureuse. Nous négocions avec Abou Mazen, notre partenaire, mais celui-ci n'a aucun contrôle sur le Hamas qui, lui, contrôle Gaza. Et le Hamas ne reconnaît ni Israël ni les accords d'Oslo. Pourtant, tout le monde doit comprendre que le statu quo n'est pas tenable. La situation actuelle peut sembler satisfaisante en apparence pour les deux parties: tout est tranquille, et l'économie se porte bien. Mais c'est une illusion de croire que cela peut durer indéfiniment. S'il n'y a pas d'accord, ce n'est pas un jeu à somme nulle: Israël comme les Palestiniens y perdront.



La question du programme nucléaire iranien n'a-t-elle pas été un peu occultée par l'actualité de ces derniers mois ?



Le «printemps arabe» et Fukushima ont fait un peu perdre de sa centralité au problème iranien. Celui-ci reste pourtant entier. Si l'Iran obtient la bombe, c'est la fin du traité de non-prolifération et la déstabilisation du monde entier. Je pense que les sanctions, si elles sont appliquées avec détermination, peuvent encore faire renoncer l'Iran à son programme nucléaire. L'axe entre l'Iran, la Syrie et le Hezbollah doit être mis en échec par les forces de la modération. C'est l'intérêt de tous les pays normaux, et notamment au Moyen-Orient. Nous avons cet intérêt en commun avec l'Égypte et l'Arabie saoudite par exemple.



Photo : D.R.



Source : le Figaro du 28 juin 2011