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Publié le 28 Décembre 2011

Chrétiens au Nigéria : la situation reste «terrifiante» après les attaques

Des magasins tenus par des chrétiens ont été incendiés et des centaines de gens fuyaient lundi 26 décembre 2011 les violences dans le nord-est du Nigeria, après une série d'attentats meurtriers le jour de Noël attribués au groupe islamiste Boko Haram.



Une trentaine de commerces tenus par des chrétiens ont été incendiés à Potiskum (nord-est) dimanche soir, selon la police et des témoins, faisant craindre une nouvelle vague de violences sectaires au Nigeria.



A 100 km de là, à Damaturu, par centaines, des habitants étaient rassemblés devant des stations de taxis et arrêts de bus pour fuir la ville en proie à un nouveau cycle de violences et théâtre d'un attentat suicide dimanche.



La ville semblait calme lundi 26 décembre mais "la situation est terrifiante. Personne ne peut dire ce que sera la prochaine cible. Ma maison a été incendiée dans les attaques", lance de son côté un commerçant de 42 ans accompagné de sa femme et de leurs trois enfants, attendant de pouvoir monter dans un véhicule pour quitter Damaturu.



Les églises visées



Une vague d'attentats a fait 40 morts dont un kamikaze dimanche 25 décembre, selon le dernier bilan de ces attaques revendiquées par la secte islamiste Boko Haram qui ont visé notamment des églises pendant les célébrations chrétiennes de la Nativité.



"C'est comme si une guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la hauteur et faire face", a déclaré le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade, qui s'est rendu sur les lieux d'une des explosions.



Ce drame est le fruit d'une "haine aveugle et absurde", a réagi le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi. Il "cherche à susciter et à alimenter encore plus de haine et de confusion" dans le sixième pays au monde pour le nombre de chrétiens, toutes confessions confondues, où les tensions interreligieuses ne cessent de s'aggraver.



Un policier a par ailleurs été tué lors d'un échange de tir avec des assaillants contre une église de Jos, dans le centre du Nigeria.



Les deux villes sont situées dans l'Etat de Yobe, déjà secoué en fin de semaine par une vague d'attaques revendiquée par la secte islamiste nigériane Boko Haram. L'attaque à Damataru, dirigée contre l'antenne locale des services de renseignements (SSS), a fait au mois quatre morts, dont un kamikaze.



La secte Boko Haram a revendiqué l'attentat près d'Abuja et laissé entendre qu'elle était responsable de la totalité des attaques. "Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y compris celle à la bombe contre l'église de Madalla", a lancé par téléphone un homme affirmant parler au nom du groupe.



"Violence gratuite"



Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique où musulmans et chrétiens représentent chacun la moitié de la population, est régulièrement secoué par des attaques et des attentats souvent attribués à la secte Boko Haram.



"Ces actes de violence contre des citoyens innocents sont un affront injustifié à notre sécurité et à notre liberté collectives", a commenté le président nigérian Goodluck Jonathan, promettant que leurs auteurs seraient traduits en justice.



La Maison Blanche a dénoncé "la violence gratuite et les morts tragiques le jour de Noël".



L'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie ont pour leur part fermement condamné ces attentats commis pendant la célébration de la Nativité.



Israël a elle aussi condamné ces attaques. "Israël condamne dans les termes les plus sévères ces attentats perpétrés au Nigeria le jour de Noël, et exprime ses profondes condoléances pour la mort d'innocents", annonce le texte du ministère. "Israël va fournir aux autorités nigérianes une aide médicale au profit des blessés".



Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a quant à lui appelé à la fin des violences dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. "Le secrétaire général a exprimé sa sympathie et ses condoléances au peuple du Nigeria et aux familles éprouvées qui ont perdu des êtres aimés", a indiqué dimanche un porte-parole du secrétaire général.



"Le secrétaire général appelle de nouveau à la fin de tous les actes de violence sectaire dans le pays et renouvelle sa ferme conviction qu'aucun objectif ne peut justifier ce recours à la violence".



"Il n'y a pas de Noël"



Dans son message au monde, le pape a en outre appelé à la "solidarité" avec la Corne de l'Afrique, ravagée par la famine et l'insécurité, notamment pour les réfugiés.



Reprenant ses thèmes contre une trop grande déchristianisation des sociétés occidentales, il a dénoncé le désir de l'homme de "se substituer" à Dieu, de "décider ce qui est bien et mal" et de se croire "le maître de la vie et de la mort".



Samedi soir, au cours de la solennelle messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, le pape avait regretté que Noël soit devenu une fête commerciale.



Aux Philippines, seul pays chrétien d'Asie avec le Timor oriental et où une tempête meurtrière a balayé le sud de l'archipel le 17 décembre, faisant plus de 2.000 morts et disparus, des dizaines de milliers de personnes ont passé Noël dans des centres d'hébergement.



"Il n'y a pas de Noël", s'est lamenté le maire de Cagayan de Oro, une ville côtière d'un million d'habitants, sur Mindanao, île la plus touchée.



Fêtes sous tension



A Bethléem, au coeur d'une région où la poussée islamiste inquiète les chrétiens d'Orient, les pèlerins ont convergé par milliers vers l'église où le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte, a présidé la messe de minuit, en présence du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.



En Irak, les chrétiens de Bagdad fêtaient Noël dans un pays encore endeuillé par une série d'attentats meurtriers et plongé dans une crise politique entre sunnites et chiites, juste après le départ des soldats américains.



Quelques centaines de fidèles ont assisté à une messe dans la cathédrale de Bagdad, sécurisée par des dizaines de membres des forces armées et de la police irakienne.



Photo: D.R.



Source : le Nouvel Observateur