La lettre exprime la perplexité des parlementaires devant la rapidité et la superficialité de la procédure de « mise à niveau » adoptée par l'Assemblée du Conseil de l’Europe. Elle a été signée par plusieurs députés et parmi eux les français Roland Blum (UMP) et Rudy Salles (PPE), mais aussi les élus d’autres pays européens parmi lesquels Rosanna Boldi, Fiamma Nirenstein, Giuseppe Saro, Giacomo Stucchi et Marco Zacchera.
« C'est avec une certaine perplexité et trouble que nous assistons à l'approbation rapide d'une demande de statut de « Partenaire pour la démocratie » au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Nous ne pensons pas que la façon dont le sujet dans son ensemble a été gérée […] va vraiment aider l'Autorité palestinienne dans ses efforts pour devenir un Etat démocratique, un objectif hautement souhaitable », explique la lettre.
Appelant au retour des négociations entre Palestiniens et Israéliens, les parlementaires sont perplexes devant « la réalité de l'Autorité palestinienne » qui n’est pas « l'image décrite dans le projet de résolution qui va être voté ». Tout en encourageant l’Autorité palestinienne, les parlementaires craignent qu’une « mise à niveau » trop précoce puisse entraîner « le contraire » de ce que ces parlementaires espèrent pour l'avenir de l'Autorité palestinienne.
En effet, comme le soutient la lettre, « l'Autorité palestinienne est divisée de façon très spectaculaire, du point de vue politique, essentiellement en deux factions, le Fatah et le Hamas. […] Mais le Hamas est classé parmi les organisations terroristes dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, il fonde son travail sur une charte antisémite et antioccidentale dans laquelle il promet de détruire Israël ».
Le Conseil de l’Europe doit rappeler que « le mandat de la présidence de Abou Mazen de l'Autorité palestinienne a commencé le 9 Février 2005 et s’est effectivement terminé le 9 Janvier 2009. Il a été prolongé son mandat d'un an, et après, il a été renouvelé encore une fois. » Le Conseil de l'Europe souhaite le retour d’un système électoral au sein de l'Autorité palestinienne.
La lettre évoque également les droits des citoyens palestiniens. Selon le rapport 2010 de Freedom House, les femmes «sont soumises à un droit du statut personnel restrictif, qui conserve les dispositions discriminatoires relatives au mariage, le divorce et la garde des enfants. La violence familiale demeure un problème important et la violence contre les femmes a augmenté dans les dernières années ... Les lois discriminatoires et de la tradition affectent aussi l'héritage, la pension alimentaire, les opportunités d'emploi, ... Les soi-disant «crimes d'honneur», qui impliquent généralement d’assassiner des femmes par les parents comme punition pour les relations sexuelles extraconjugales, ont également dégénéré »".
L'Autorité palestinienne applique la peine de mort et, selon Human Rights Watch, au moins 21 personnes sont en attente dans la prison pour exécution. En 2011, rappelle la lettre, il ya eu trois exécutions et deux autres personnes ont été condamnées à mort.
Egalement, la loi palestinienne, basée sur le code pénal jordanien de 1960, interdit l'activité homosexuelle. Par voie de conséquence de nombreux gays s'enfuient et se réfugient en Israël.
Même si la loi l'interdit, de nombreux enfants mineurs (avec des estimations aussi élevé que 72 pour cent) travaillent dans les commerces, les fermes familiales, les usines, les entreprises.
Quant à la liberté d'opinion, on peut lire qu'en 2006, au moins 16 journalistes palestiniens ont été tués ou blessés par des groupes armés et les forces de sécurité palestiniennes. Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, écrit Human Rights Watch, ont détenu arbitrairement et parfois abusé de nombreux journalistes en Cisjordanie.
En ce qui concerne la condition des chrétiens, à Bethléem, dans les dernières décennies, la population chrétienne est passée 90 à 15 pour cent.
La lettre mentionne également que, dans de nombreuses déclarations de la direction du Fatah palestinien, il est dit qu'un futur Etat palestinien ne pourra pas admettre la présence de Juifs. Les membres du Conseil de l’Europe ne peuvent « certainement pas accepter cela comme un bon prémisse pour la démocratie et la coexistence ».
C’est pourquoi les signataires de la lettre demandent un énorme effort à l’Autorité palestinienne : ils demandent également aux institutions européennes d’être plus précises et plus approfondie dans leur suivi.
Photo : D.R.