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Publié le 5 Décembre 2012

«Le terrorisme recherche les failles»

Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu aux questions de Metro.

 

Les colis piégés marquent-ils le début d'une nouvelle mode d'attaques terroristes sans perte humaine côté terroriste et avec un maximum d'impact ?

 

La question des pertes humaines n'a pas lieu d'être pour les djihadistes, qui ne manquent pas de gens prêts à se sacrifier pour la cause. De manière générale, le terrorisme recherche les failles, et les exploite. Aucun système de protection n'est sûr à 100%. Si on a accordé beaucoup d'importance à la menace pouvant provenir de passagers, on n'en a peut-être pas accordé assez aux colis expédiés sans passagers. Le fret est un mode de transport moins bien contrôlé que les autres. Il est tout à fait possible que d'autres tentatives de ce genre aient lieu.

 

Les attentats se multiplient dans les pays musulmans tandis que les attaques sur le territoire des pays occidentaux ont, depuis 2005, toutes été déjouées. Peut-on considérer que les Occidentaux sont à l'abri en Occident?

 

La raison pour laquelle il n'y a pas eu d'attentat majeur dans un pays occidental depuis les attentats de Londres en 2005, c'est à la fois parce que al-Qaïda est affaibli et parce que le contre terrorisme est efficace. Il y a depuis longtemps une très bonne coopération dans ce domaine entre les pays occidentaux, notamment entre les Etats-Unis et la France. Depuis le 11 septembre, la coopération avec les services de renseignement des pays musulmans s'est elle aussi fortement développée. Et ce d'autant plus que ces pays sont à leur tour devenus des cibles pour les attaques djihadistes. Prenons l'exemple de l'Arabie saoudite. A partir de 2003, les Saoudiens eux-mêmes sont devenus cibles d'al-Qaïda. Depuis ils font front commun avec les pays occidentaux et coopèrent activement. C'est en partie grâce aux renseignements saoudiens que la tentative d'attentat via des imprimantes a pu être déjouée.

 

Qu'en est-il du Yémen, d'où ont été envoyées les cartouches d'imprimante piégées?

 

C'est un Etat faible, aux capacités limitées. Son gouvernement est moins directement enclin à une coopération très soutenue.

 

 

http://www.metrofrance.com/info/le-terrorisme-recherche-les-failles/pjka!XAxLieE@Y2u34TCgz@QYNg/