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Published on 25 November 2024

Retour sur les temps forts de la 14e Convention nationale du Crif

Dimanche 24 novembre 2024, s’est tenue la 14e Convention nationale du Crif sur le thème : « Penser le monde d'après ». Tout au long de la journée, se sont déroulés des conférences, débats, et tables-rondes, et des films et documentaires ont été projetés. De nombreuses personnalités politiques, publiques et issues du monde de la culture ont également participé à cette Convention.

Crédit photo : ©Alain Azria

 

Lors de la plénière d’ouverture, le Président du Crif a ouvert cette journée, en présence de l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, de Brice Teinturier, directeur général d’Ipsos, de Delphine Horvilleur, rabbin JEM et d’Étienne Gernelle, directeur du Point.

Yonathan Arfi est revenu sur le sens du titre de cette 14e Convention : « Penser le monde d’après ».
« Dans ce titre, […] chaque mot compte. « Penser », d’abord, que nous avons orthographié avec un « e » mais qui est tout aussi pertinent avec un « a » tant notre monde a besoin d’être réparé. Penser, réfléchir, animer un débat d’idées, calme et apaisé, en fidélité à la fois à la tradition juive […] et au débat citoyen, au cœur de l’idéal républicain. »

Le Président du Crif a rappelé combien le 7-Octobre « est une fracture dans l’Histoire du XXIe siècle […] Le 7-Octobre n’est pas une fracture seulement pour Israël ou pour les Juifs du monde. Mais une fracture pour toutes nos démocraties libérales, dont les sociétés sont désormais hystérisées par les tenants d’une cause palestinienne dévoyée ».

 

 

« Face à ceux qui veulent étouffer le débat, nous vous proposons de respirer. » Tout au long de la journée, le public a pu assister à des conférences, des tables-rondes, des déjeuners-débats, des projections de films et de documentaires pour pouvoir « respirer » et non pas « étouffer ».

Hier, lors de la Convention nationale du Crif, nous avons exploré « tout ce qui menace la liberté, nos libertés : l’antisémitisme bien sûr, et avec lui toutes les haines qui progressent. Le populisme, qui fragmente nos sociétés. L’islamisme et son projet meurtrier. Le communautarisme, qui rompt avec l’universalisme de l’idéal républicain. L’individualisme qui entrave la réussite des projets collectifs si nécessaires et si précieux à la vie citoyenne ». Le public a également pu écouter des membres de familles d’otages, partager leur peine et appeler à leur libération.

Brice Teinturier a ensuite présenté le récent sondage commandé par le Crif auprès d’Ipsos sur « le regard des Français sur l'antisémitisme et la situation des Français juifs – en 2024 ». Le directeur général d’Ipsos a commenté les chiffres de ce sondage, rappelant notamment que parmi les populations les plus poreuses aux préjugés antisémites, on retrouvait notamment les sympathisants de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN). « Les perceptions les plus enclines aux stéréotypes anti-juifs sont maintenant aux deux extrêmes. »

Stéphane Bou, Rédacteur en chef de La Revue K a ensuite animé une conversation entre Bernard Cazeneuve, Delphine Horveilleur et Étienne Gernelle.

Delphine Horvilleur a livré sa vision de l’après 7-Octobre, d’un « monde qui ne sera jamais plus le même ». « Il y a un déni tellement important de l’Histoire autour de nous […] en réaction à cette faillite de consciences ou de mémoire historique, beaucoup de Juifs développent une hyper-mémoire de nos traumatismes passés, une angoisse de survie, comme si les événements actuels étaient constamment des piqûres de rappel du passé. On trace tout à coup des liens avec la Seconde Guerre mondiale, la Nuit de Cristal, etc. » On fait face à un « bégaiement historique ».

« Dans ce monde d’après qui s’amorce, les Juifs sont en train de demander à tout le monde s’ils ne voient pas ce qui est en train de se passer, et tout le monde leur répond que ça suffit. »

Bernard Cazeneuve a quant à lui rappelé que depuis le 7-Octobre, c’est la première fois depuis le projet des Pères fondateurs de l’Union européenne que l’on voit ressurgir cette haine des Juifs, qui est le fait du terrorisme islamiste. « C’est d’autant plus inacceptable que la Shoah s’est produite et que l’on sait ce que la haine des Juifs peut engendrer. » L’ancien Premier ministre a également redit combien on voyait ressurgir des propos politiques et des manières d’être qui auront des conséquences très graves sur notre société à l’égard de tous les citoyens, et pas seulement des Juifs.
Il a rappelé avec force qu’il n’y avait aucun ajustement à faire sur le texte de loi sur l’apologie du terrorisme comme demandés par LFI.
« Ce relâchement d’esprit républicain, de l’universalisme français à l’égard de nos compatriotes de confession juive est une affaire qui vient de loin. […] ce qui traverse aujourd’hui la gauche, est une affaire ancienne, et c’est parce qu’elle est ancienne et récurrente […] qu’il faut régler ce problème une fois pour toutes. »

Étienne Gernelle est revenu notamment sur le rapport à la mémoire dans ce « monde d’après ». « Il y a de toute évidence une concurrence des mémoires qui est voulue et organisée. » Sur la mémoire, il y a une tentative d’effacement et de contrebalancement de la mémoire de la Shoah mais aussi du 7-Octobre alors même que cela s’est produit sous nos yeux et a été filmé par les terroristes du Hamas. « Il ne faudrait pas en parler, il ne faudrait pas le dire. […] Il faudrait que les Juifs se fassent discrets ? »
« Dans un monde post 7-Octobre qui est un monde hostile à la liberté d’expression […] il y a un avachissement politique, une forme de faillite médiatique. »

 

 

Vous pouvez voir ou revoir la plénière d'ouverture en intégralité :

 

 

 

Tout au long de la journée, le public, très nombreux cette année encore, a pu assister à vingt tables-rondes, débats et conférences, ainsi qu’à des projections de films et documentaires.

 

La 14e édition de la Convention nationale du Crif s’est terminée avec sa plénière de clôture en présence du Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France et de Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique.

Bruno Tertrais, politologue et géopoliticien de renom a ouvert cette plénière de clôture. Il a rappelé combien le titre de la Convention « le monde d’après » lui a fait penser à l’année 2021, année où l’on pensait au monde d’après la pandémie. « Il est des événements qui transforment profondément un pays, une région, le monde entier peut-être […] pour Israël et pour le Moyen-Orient, le monde ne sera plus jamais le même après le 7-Octobre. »

Bruno Tertrais a conclu sa présentation par ces mots : « Une fois de plus, comme pour le 11-Septembre, les djihadistes se sont trompés, ils sous-estiment toujours la volonté et la capacité des démocraties à se défendre, ils pensent nous tendre un piège mais à la fin ce sont eux qui sont détruits et nous qui sommes debout. […] Espérons donc que de la tragédie du 7-Octobre puisse un jour naître l’espoir de la défaite des forces obscurantistes ».

 

 

Valérie Pécresse a ensuite pris la parole. La Présidente de la région Île-de-France a rappelé combien après la tragédie du 7-Octobre, Israël avait le droit de se défendre face au Hamas et au Hezbollah.
« La question qui se pose à nous, c’est de savoir comment la France peut se préparer et s’adapter à ce nouveau monde qui est si dangereux. » Elle a rappelé combien la France devait être prête à résister face aux nouveaux défis du monde. Pour Valérie Pécresse, la « guerre des identités […] qui est en train de cliver la France comme jamais, la patrie de l’universalisme est en train de se déchirer […] La flambée de l’antisémitisme en est un des signes les plus frappant, les plus répugnant ». « Il est urgent de remettre la République debout. »

 

 

Le Président du Crif a ensuite pris la parole. Yonathan Arfi a débuté son discours en rappelant combien « notre époque, c’est d’abord celle où la liberté d’expression, quand ce n’est pas la liberté tout court, est menacée aux quatre coins du monde. Une époque où la démocratie, loin de progresser, subit les assauts de régimes autoritaires toujours plus nombreux et plus puissants » et en lançant un « un appel solennel, un cri du cœur » pour l’écrivain Boualem Sansal. « Boualem Sansal, qui est intervenu dans cette enceinte l’an dernier avec qui nous partageons une passion si française pour l’universel. Boualem Sansal, qui a fait de sa plume, une arme dans le combat contre tous les obscurantismes. Mesdames, messieurs, je vous demande des applaudissements pour faire entendre notre appel à la libération immédiate de Boualem Sansal en Algérie. »

Yonathan Arfi a ensuite redit combien « la cause palestinienne [était] dévoyée dans des raccourcis coupables où les Juifs sont désignés de fait à la haine et à la violence ».
« Nous vivons des temps où les instances internationales, celles-là mêmes nées dans le sillage du plus jamais ça de la Shoah, stigmatisent l’État d’Israël, et veulent retourner contre lui l’accusation ultime de génocide. Où la Cour Pénale Internationale (CPI), impose de fait une équivalence entre une organisation terroriste et une démocratie.
Nous vivons des temps où, 12 % des Français considèrent comme une bonne chose le départ de France de leurs concitoyens juifs, comme nous l’avons appris ce matin, dans le sondage réalisé par Ipsos pour le Crif et présenté par Brice Teinturier.

Notre époque, enfin, c’est celle d’une jeunesse, dont on nous dit sondage après sondage, qu’elle représente la population la plus perméable aux préjugés antisémites. »

À la fin de son discours, le président du Crif a rappelé avec force qu’« un jour prochain, nous l’espérons, les 101 otages toujours retenus à Gaza, rentreront chez eux. Parmi eux, deux de nos compatriotes : Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi. Autour des « Mères de l’Espoir », nous continuerons à appeler tous les vendredis à leur libération sans condition. »

« À nous tous de prendre la plume pour écrire, inventer, et vivre la France et le monde d’après. »

 

Vous pouvez retrouver le discours du Président du Crif lors de la plénière de clôture de la 14e Convention du Crif en intégralité en cliquant ici.

Le ministre de l’Intérieur a ensuite pris la parole pour conclure cette 14e Convention nationale du Crif. Bruno Retailleau a salué la richesse de cette 14e Convention, de son contenu et de ses intervenants. « À l’heure où plus que jamais l’État doit être aux côtés de nos compatriotes de confession juive […] alors que de nouveau le cri de mort antisémite se fait entendre, nous avons besoin de nouveaux J’accuse pour désigner ce nouvel antisémitisme et pour désigner les antisémites. »

Bruno Retailleau a rappelé combien l’antisémitisme avait explosé mais également muté. « Le vieil antisémitisme, celui d’extrême droite […] n’a plus le monopole de la haine […]. L’islamisme est aujourd’hui un catalyseur de la haine antisémite. » Le ministre de l’Intérieur a dit avec force que le pendant de l’antisémitisme d’atmosphère est l’islamisme d’atmosphère.

Au sujet de LFI, le ministre de l’Intérieur a scandé avec force « honte à ceux qui minimisent [l’antisémitisme] et pactisent [avec les antisémites] ».
« Aujourd’hui, la France ne serait plus la France [sans ses compatriotes juifs]. » Bruno Retailleau a rappelé l’importance de l’apport majeur de la judéité notamment intellectuel et culturel des Français juifs pour le pays.
Avec force, le Ministre de l’Intérieur a dit combien « L’antisémitisme est une pensée vide, et à ce vide nous devons opposer la force de la transmission, par l’école et par la culture. […] La seule réponse sécuritaire est trop courte. Il faut une réponse culturelle et civilisationnelle. » « La France doit rester une nation qui rassemble tous les siens » et qui protège.

Le ministre de l’Intérieur a conclu sa prise de parole avec ces mots : « si être juif en France c’est être seul alors c’est que nous ne savons plus être français. La bataille [contre l’antisémitisme] doit être celle de la France ».

 

 

Vous pouvez voir ou revoir la plénière de clôture en intégralité :

 

 

 

Vous pouvez revivre la 14e Convention nationale du Crif en images en cliquant ici.

 

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