Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - La famille de Pantin, par Michèle Fitoussi

24 July 2024 | 62 vue(s)
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Opinion

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

La famille de Pantin, par Michèle Fitoussi (*)

 

Ce sont surtout les Juifs d’origine tunisienne, les « Tunes » qui vont se régaler à la lecture de ce très beau livre qui intéressera tous les publics. « On n’en a jamais fini avec son pays natal » aimait dire Albert Memmi.

À l’aube de l’indépendance du pays, la Tunisie comptait quelque 120 000 Juifs, une communauté millénaire très dynamique et diversifiée. Il n’y a plus qu’un millier de Juifs dans le pays. La plupart ont rejoint Israël et la France. « Naître ici, vivre là, s’éteindre ailleurs, nous en avions pris l’habitude, le départ est inscrit dans nos gènes. » La Tunisie est devenue « un petit pays où nous ne sommes plus rien puisque nos morts reposent en France ».

Nombre de Juifs tunisiens ont choisi de vivre à Paris et dans ses environs, notamment à Sarcelles. Dès lors, ceux qui disparaissent ne sont pas inhumés ; comme leurs ancêtres, au Borgel ou avenue Habib Thameur, mais à Pantin. Pantin, le Mur des Lamentations parisien où reposent, notamment, Albert et Sarah, les parents de l’auteure.

De nationalité française à sa naissance à la clinique du Belvédère, Michèle Fitoussi a épousé un « Fronçais » de France, un Patos. « Il vaut mieux un gentil Goy qu’un méchant Juif », lui avait dit sa mère. Elle a cinq ans à peine quand elle quitte la Tunisie avec sa famille. C’est en parlant avec ses aînés qu’elle a, peu à peu, tissé le fil d’une belle histoire d’une vie enchantée où le parfum du jasmin côtoyait celui des grillades, des frites Boccara, des bricks, des frigolos bien glacés, du pain italien, de la boutargue et de la fleur d’oranger. Un paradis où l’heure de la sieste était sacrée et la plage, Kheireddine et la Goulette ; surtout, un loisir régulier. À Tunis, les Juifs fréquentaient des Arabes, des Français, des Livournais, des Siciliens, des Maltais, des Grecs, des Espagnols, des Russes, des Anglais. Une mosaïque sympathique et colorée. « Ya rassra… Il y a si longtemps. »

Pour retrouver des traces de son pays natal, Michèle Fitoussi a pris l’avion. Direction La Marsa, une jolie station balnéaire. Au cours des ans, elle refera le voyage des dizaines de fois et sillonnera le pays de long en large, du nord au sud.

Elle sera même, en compagnie de Michel Boujenah, invitée à accompagner le président Macron lors d’une visite officielle.

Au fil des pages, l’auteure (l’autrice ?) nous fait partager ses découvertes. Elle nous parle de Didon qui fonda Carthage, de Habib Bourguiba, de la Ghriba de Djerba, des berbères de la tribu des Nefoussa dont certains habitaient le village de Fitus qui a conduit à son patronyme, de son arrière-grand-mère, Aziza Zouiza et de son arrière-arrière-grand-père, Abraham Dana, de la Kahina, du statut infamant en terre d’islam de la dhimma, des Granas et des Touansas, du célèbre Hida qui visita Tunis en 1773, de Gisèle Halimi, du caïd Nissim Scemama et de l’affaire Bathou Sfez, de l’avocat Mardochée Smadja, des écoles de l’Alliance, de l’occupation allemande, de la guerre de Bizerte, de l’indépendance et du grand départ.

Michèle Fitoussi reconnaît, humblement, qu’elle n’a pas transmis grand-chose de ses racines à ses enfants mais elle ajoute que « Comme la mienne, leur judéité passe par la famille et par la nourriture. Ce qui est encore une énième façon d’être juif ».

Un vrai régal. À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Stock, mars 2023, 306 pages, 20,90 €.

 

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