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Published on 11 June 2024

Les Amis du Crif ont reçu Bernard-Henri Lévy, « Sur le choc de la conscience universelle qu’a été le 7 octobre, je crois que la vérité finira par l’emporter »

Lundi 10 juin 2024, Bernard-Henri Lévy était l’invité des Amis du Crif pour une conférence animée par Étienne Gernelle, Directeur du Point.

Crédit photos : ©Alain Azria

 

Au lendemain des élections européennes et de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République, Emmanuel Macron, les Amis du Crif ont reçu Bernard-Henri Lévy pour une conférence exceptionnelle. L’occasion de revenir sur la publication de son dernier ouvrage Solitude d’Israël, paru aux Éditions Grasset en mars et sur l’actualité politique de la France.

 

Le Président du Crif, Yonathan Arfi a introduit cette rencontre en rappelant l’importance du dernier ouvrage de Bernard-Henri Lévy qui décrit avec force ce qu’il se passe en Israël mais aussi pour les Juifs dans le monde depuis le 7 octobre. Au sujet de l’actualité politique, il a ajouté qu’il y avait aussi une « sorte de solitude également, depuis hier soir, des républicains que nous sommes tous ». Il a redit combien la parole juive et citoyenne avait une symbolique dans les moments que nous traversons et qu’il était de notre responsabilité de la porter. « Beaucoup face à l’antisémitisme et face à l’islamisme qui a gagné à certains endroits sont pris d’une angoisse profonde et notre responsabilité en tant qu’institution, c’est de mettre des mots sur ces angoisses. […] En tant que juif nous avons des valeurs auxquelles nous sommes attachés […] et nous avons la responsabilité d’être fidèle à ces valeurs. »

 

 

Étienne Gernelle a ensuite ouvert l’entretien avec Bernard-Henri Lévy en l’interrogeant sur la situation politique dans laquelle la France est plongée depuis dimanche soir.

Bernard-Henri Lévy a répondu avec force que « le Président de la République a eu raison de dissoudre hier soir ». Selon le philosophe, le Président de la République a mis les électeurs de La France Insoumise (LFI) aux pieds du mur et demande ainsi à chacun de décider en son âme et conscience. Ses élections représentent pour Bernard-Henri Lévy, un temps fort de l’histoire et un « moment de vérité ». « Celui de savoir si la France reste la France et si la République reste la République. »

Avec force, le philosophe rappelle combien Jean-Luc Mélenchon s’exprime comme Drumont et ce, par réflexe. « Il baigne dans l’antisémitisme. » « Nous avons en France, un parti politique antisémite qui représente 10 % des suffrages. »

Il rappelle que « jamais aucun peuple n’a été unanimement antisémite […] il suffit d’un parti qui a des écharpes tricolores et qui siègent à l’Assemblée nationale pour que le pays glisse sur la pente dangereuse de la haine antisémite. »

 

Le Président du Crif est ensuite revenu sur les silences du monde culturel et artistique après le 7 octobre, rappelant combien « il y a des silences frappant parce qu’i y avait d’autres mots avant. Il y a l’indignation sélective. Certains silences sont donc des mots complices d’une certaine manière. »

Yonathan Arfi et Bernard-Henri Lévy reviennent tous les deux sur la façon dont chacun a été surpris, après le 7 octobre, de voir de nombreuses personnes, souvent même dans notre entourage proche, être rongées par ce silence.

 

Sur la question d’Israël, Bernard-Henri Lévy fait le constat que contrairement à d’autres époques, Israël et les Juifs disposent d’alliés aujourd’hui, qu’ils n’avaient pas dans les précédentes grandes crises et grandes poussées antisémites. « Cela est neuf et incite à l’optimisme. »

 

 

Sur la question de la vérité, le philosophe cite l’ouvrage de Jean-François Ravel, La connaissance inutile. Il rappelle que la thèse de ce livre repose sur l’idée qu’il y a une volonté de vérité, de tous temps, mais qu’il y a également une volonté d’ignorance qui est aussi charpentée et structurée que la volonté de vérité. « La volonté d’ignorer l’emporte très souvent sur la volonté de vérité […] C’est la victoire des sophistes sur les philosophes. »

L’antisémitisme est un « dispositif qui se renouvelle à chaque fois, d’âge en âge, avec des invariants. Il se recompose et se régénère en fonction d’un arbre moteur qui lui, change selon les époques. »

Chaque génération pense avoir terrassé le radicalisme mais il se régénère d’époque en époque. Pour Bernard-Henri Lévy, il y a des « batailles qu’on ne perd pas » et le 7 octobre en fait partie. « Sur le choc de la conscience universelle qu’a été le 7 octobre, je crois que la vérité finira par l’emporter. Mais cela ne se fait pas d’emblée. »

Il rappelle combien à la sortie des camps, il y avait un « énorme trou de mémoire ». Alors que Simone Veil tentait de parler, personne ne l’écoutait et tout le monde tentait d’oublier. La mémoire de la Shoah s’est construite pas à pas et pierre à perte grâce à de grandes femmes et à de grands hommes qui ont construit laborieusement la vérité. « On est parti d’une mémoire vide pour aller vers une mémoire de plus en plus construite et je pense que cela se passera pour le 7 octobre. »

 

Bernard-Henri Lévy a conclu cette conférence sur une note pleine d’espoir, rappelant que l’idée de vengeance du peuple juif, moteur antisémite, n’existait pas. « C’est faux, et c’est encore faux pour Israël. La douceur et la poésie n’ont pas encore dit leur dernier mot, ni dans le peuple juif, ni en Israël ».

 

Pour la première fois, le Crif a proposé une retransmission en direct de la conférence sur ses réseaux sociaux. Plus de 2 000 personnes ont suivi la conférence de Bernard-Henri Lévy en direct sur X (ex-Twitter).  

 

Vous pouvez revoir l'intégralité de la conférence en replay ci-dessous. Début de la conférence à 41 minutes

 

 

 

 

Vous pouvez également revivre cette conférence en images, en cliquant ici.