Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - L'antisémitisme, un meurtre intime, par Brigitte Stora

22 May 2024 | 140 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

« Séparation du Crif et de l’Etat » : voici la dernière nouveauté de la « cause palestinienne ». Amalgamant à tout va Israël, sa politique, les juifs, et les institutions françaises, ces pantins ont appelé à un rassemblement samedi dernier, avec des slogans antisémites et anti républicains.

Malgré la mobilisation de personnalités politiques (Nathalie Kosciuzko-Morizet, Claude Goasguen et Anne Hidalgo), associatives (le Président du Crif Francis Kalifat a notamment écrit au Préfet et au Premier Ministre), et de nombreux internautes, la Préfecture de Paris a décidé d’autoriser ce rassemblement, sous haute protection policière.

Nous nous sommes rendus sur place.

 

 
"La culture est ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers", déclarait André Malraux. C'est pour toutes ses vertus que la culture est grande et qu'elle reste et doit rester un rempart contre l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie. De chaque création artistique doit jaillir une lumière. C'est à cela que doit aspirer chacun de ceux qui ont le bonheur de pouvoir créer ou d'interpréter une oeuvre. 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Il y a 11 ans, un jeune juif du nom dIIlan Halimi, était enlevé, torturé et assassiné.

Billet d'humeur par Marc Knobel

Pages

L'antisémitisme, un meurtre intime, par Brigitte Stora (*)

 

Dans cet ouvrage très dense et particulièrement bien documenté, l’auteure se propose véritablement de traquer le phénomène nauséabond de l’antisémitisme sous toutes ses formes à travers le temps et l’espace. Le livre comporte trois parties : « L’antisémitisme : une très ancienne vision du monde », « L’Autre en soi, une condition du sujet » et « De la haine de l’Autre au meurtre intime ». Une conclusion intitulée « Orphelins de l’avenir » témoigne du pessimisme de Brigitte Stora en la matière.

La haine des Juifs, accusés de tous les défauts et de toutes les vilénies, remonte à la nuit des temps. « Le nom juif et le nom d’Israël, historiquement confondus est le nom le plus coupable de la planète. Et ça fait plus de 2 000 ans que ça dure ».  L’apôtre Paul, en son temps, n’hésitait pas à écrire : « Ce sont ces Juifs qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes ». Le Juif déicide est né et Judas dont le nom restera à jamais attaché à un baiser sournois et meurtrier, deviendra, ironie du vocabulaire, le mot désignant un trou percé dans une porte qui permet d’épier sans être vu. Au fil des siècles et à travers tous les pays, que n’a-t-on pas reproché aux Juifs ! On les a accusés de sentir mauvais, d’avoir des nez démesurés et des doigts crochus. Pire encore, d’empoisonner les puits, de répandre la syphilis et, plus récemment, le sida ou le coronavirus. Le monde arabe n’a pas été exempt de cette folie obsessionnelle et on a pu voir des quotidiens arabes à grand tirage accuser Israël de propager la fièvre aphteuse en Égypte, de distribuer des chewing-gums empoisonnés, du coca-cola contaminé, des ceintures responsables d’impuissance, de stérilité, voire de cancer. En 1977, le représentant de l’OLP aux Nations unies, n’hésita pas à affirmer qu’Israël avait inoculé le virus du sida à 300 enfants palestiniens. Cette mauvaise réputation des Juifs s’est accompagnée, tout au long de l’Histoire, de mises à l’écart et de marquages distinctifs comme la rouelle, les babouches noires, les chapeaux pointus et l’infâme étoile jaune nazie.

Le mot lui-même d’antisémitisme fut inventé, on ne le sait pas toujours, en 1879 par le journaliste allemand Wilhelm Marr. Les ouvrages antisémites se multiplient : des Protocoles des Sages de Sion à La France Juive d’Édouard Drumont en passant par la revue jésuite La Civiltà Cattolica. Sans oublier les écrits de Charles Maurras, de Louis-Ferdinand Céline et de Robert Faurisson. L’apogée de l’horreur sera, bien sûr ; la Shoah, avec ses six millions de victimes mais la haine touchera aussi bien le monde communiste avec la folie stalinienne où les procès de Prague que l’Italie fasciste de Mussolini. Sans oublier la bande à Baader et l’Armée Rouge japonaise. Avec la création de l’État d’Israël et le triomphe du sionisme, un nouveau vocable va être inventé, « antisionisme » qui ne sera qu’un habit neuf d’un concept ancien et permettra aux foules des pays musulmans d’Orient, complexées par leurs défaites récurrentes, de crier leur haine des Juifs sur fond d’islamisme radical.

Dans cette étude magistrale, Brigitte Stora montre un intérêt pour le texte biblique sur lequel elle revient régulièrement et écrit : « L’antisémitisme, ce grand refus de l’Autre, apparaît aussi comme un refus du judaïsme, de son peuple, de son texte. Né au cœur de cette histoire, il semble illustrer par son existence, le refus de l’éthique de la responsabilité, cet élément central de la spiritualité juive qu’il vomit avec le Juif qui, à ses yeux, l’incarne ». Ou encore ; « Pour comprendre l’antisémitisme et le combattre, il semble juste d’utiliser les éléments que précisément il récuse. Le récit biblique, la pensée juive, la démarche psychanalytique, sont des outils précieux, qui, chacun, mobilise l’interprétation c’est-à-dire l’engagement du sujet ». Bref, « Par sa haine d’autrui, l’antisémitisme est aussi un meurtre intime car dans le refus du Nom, de la filiation, de la dette et du désir, c’est bien Thanatos qui parle par sa voix ». En France, en Europe et ailleurs à travers le monde, l’antisémitisme ne recule devant rien et se niche partout. « L’esquive, la dérobade, voire l’anonymat, servent aussi à l’antisémite d’arme redoutable : des graffitis haineux dans les lieux d’aisance aux commentaires masqués sur le web jusqu’à la profanation de sépultures, la haine envers les Juifs se tient souvent derrière l’irresponsabilité d’un collectif anonyme. Un anonymat meurtrier qui propage la rumeur et pratique le lynchage ».

Des pages très intéressantes sont consacrés aux « villages sauveurs » et aux Justes. Le Chambon-sur-Lignon, bien sûr, mais surtout Moissac dans le Tarn-et-Garonne.

Une lecture édifiante et indispensable. À découvrir sans tarder !

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Le Bord de l’Eau, mars 2024, 192 pages, 18 €

 

 

- Les opinions exprimées dans les billets de blog n'engagent que leurs auteurs -