Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Auschwitz à l’épreuve des mots

21 March 2024 | 125 vue(s)
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Actualité

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion
Stéphanie Dassa's picture
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 January 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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À Auschwitz, dont je reviens avec le voyage du Crif, j’ai fait plus de vingt voyages.

Je n’ai pas connu l’époque où les communistes prétendaient que là avaient été tués trois millions d’antifascistes de toutes nationalités. J’ai connu les luttes contre les négationnistes, les confusionnistes amalgamistes, les partisans antisémites du Carmel et la ténacité des anciens déportés.

Auschwitz, ce trou noir d’humanité, est un lieu d’histoire exigeant, mais aussi un lieu de confrontation avec l’actualité et de questionnement avec soi-même. Qu’aurais-je fait à cette époque si j’avais été Allemand ? 

 

La phrase « Plus jamais ça » est vaine, puisque « ça » a eu lieu au Rwanda devant un monde inerte, mais je pensais que « ça » ne concernerait plus jamais des Juifs. Puis est survenu le 7 octobre. Ce voyage à Auschwitz s’est fait sous le spectre de cette journée maudite.

 

La phrase d’Albert Camus : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde », est si souvent répétée qu’elle est devenue un poncif, mais il faut lire le texte magnifique dont elle est issue, une réflexion sur la manipulation des mots. Or, Auschwitz est aussi le creuset d’une guerre des mots.

Qu’on les appelle massacre, pogrome ou razzia, les assassinats du 7 octobre répondent aux critères du génocide. Les terroristes étaient venus avec l’intention de tuer. Ils ont violé, torturé, transformé en marchandise d’échange ceux qu’ils pensaient être des Juifs, puisque c’est le nom qu’ils donnent aux Israéliens.

Cependant ce qualificatif de génocide, c’est à Israël qu’il est appliqué aujourd’hui. Faut-il rappeler que le nombre de victimes n’intervient pas dans la définition, mais que l’intentionnalité y est primordiale ? 

Il y a eu 30 000 victimes à Gaza, si on admet les chiffres du Hamas, dont un statisticien américain vient de montrer qu’ils ne peuvent pas être véridiques. Beaucoup sont des civils, victimes collatérales qu’on a cherchées autant que possible à éviter dans une guerre en partie souterraine d’une difficulté inédite.  Alors que la Cour Internationale de Justice (CIJ) n’a pas encore statué sur le fond de la plainte, le fait qu’elle ait accepté de l’étudier suffit pour déclarer qu’Israël a commis un génocide. Il n’est pas considéré comme coupable parce qu’un jugement a été émis, mais parce qu’une accusation a été portée. Aujourd’hui, ce n’est pas une opinion, c’est une diffamation. 

 

Une visite d’Auschwitz-Birkenau est un antidote à cette accusation honteuse car elle enseigne ce qu’a été un vrai génocide. Encore faut-il que le guide, dans ce lieu d’une grande complexité, s’attarde sur ce qu’on voit le moins, l’élimination sans même qu’ils soient entrés dans le camp, d’un million d’individus envoyés directement du train vers la chambre à gaz. Une visite isolée de Auschwitz 1, qui est un lieu de souffrance, mais de vie, contribue à la confusion. Peu de personnes vont à Treblinka, Belzec ou Sobibor, où le seul travail consistait à tuer et à se débarrasser des corps. Qui fait une visite sérieuse ne peut plus, sauf perversité indécrottable, prétendre que « la véritable Shoah, c’est la Neqba ». Malheureusement, ceux qui le disent font rarement ces visites. Josep Borrell en aurait besoin, lui qui vient de qualifier Gaza de cimetière à ciel ouvert…

 

Un autre mot ambigu est celui de « camp », à l’origine un terme militaire. L’expression de « camp de concentration » date du début du XXème siècle, de la guerre britannique contre les Boers en Afrique du Sud.  Depuis 1945, comme la grande majorité des déportés survivants, les résistants non-juifs, venaient de camps comme Buchenwald, Dachau, Dora ou Ravensbrück où les souffrances étaient grandes et la mort fréquente, la confusion s’est installée entre camps de concentration et camps d’extermination. Elle implique aujourd’hui une bonne dose d’ignorance ou de mauvaise foi, qui a permis au simple mot « camp » utilisé à dessein sans qualificatif de faire roder la suspicion du génocide.

 

Faut-il parler aussi du mot « famine » ? C’était la souffrance la pire qui tenaillait les déportés. C’est devenu une alerte répétée depuis des mois par les ONG et les autorités politiques internationales. Le fait qu’Israël ne s’oppose pas au passage de l’aide humanitaire, qu’une partie majeure de celle-ci est captée par les gangs locaux et le Hamas, que les accusations d’utiliser les regroupements de foule pour tuer des Gazaouis se sont révélées des faux, tout cela n’y fait rien : Israël est accusé de provoquer la famine, même si des enquêtes laissent des doutes sur l’omniprésence de celle-ci.

 

Le voyage se terminait par la visite de la première chambre à gaz, près de laquelle fut érigée la potence où fut pendu le 16 avril 1947 le lieutenant-colonel Rudolf Höss, commandant du camp. Il voyait en face de lui la Kommandantur où il avait donné ses ordres et un peu à gauche, la maison où il avait avec sa famille, passé de si agréables années. Le réalisateur juif britannique, Jonathan Glazer, en recevant un Oscar pour son film « Zone d’intérêt » qui décrit la vie des nazis à Auschwitz, s’est autorisé à dire que en tant que Juif, il refusait que l’Holocauste soit détourné par « une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d'innocents ». Le public a applaudi car une posture pacifiste et humanitariste fait toujours recette, mais le Président de la fondation des survivants américains de l'Holocauste lui a envoyé une lettre cinglante : « Si la création, l'existence et la survie de l'État d'Israël en tant qu'État juif équivaut dans votre esprit à une “occupation”, alors vous n'avez évidemment rien appris de votre propre film ». 

 

Plutôt que de lire la charte du Hamas, Glazer a préféré surfer sur la vague israélophobe. À titre personnel, mon mépris lui est acquis.

 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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