Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier : L’influenceuse, le journaliste et le Secrétaire général, trois faussaires de la haine contre Israël

10 November 2023 | 787 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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D’un côté, Asher Moskowitz. Barbe mal taillée, kippa, papillotes, une voix grêle et un regard triste, c’est un des volontaires de Zaka à qui incombe la tâche d’identifier les corps. Interrogé le 1er novembre, il parle d’un cadavre qu’il avait reçu de Kfar Aza, un nouveau-né horriblement gonflé avec un fragment de métal fiché dans son corps. C’était, lui a-t-on dit, un morceau du four à l’intérieur duquel le bébé avait été cuit, pendant que ses parents étaient assassinés.

 

L’influenceuse s’appelle Warda Anwar, pseudo Haneia Nakai. Elle est jeune, maquillée, sa voix est enjouée et sa présentation, postée sur Instagram, porte sur un sujet grave. Avec quoi avait-on assaisonné ce « gigot de bébé » ? Du sel, du poivre ? Un peu de thym ou du romarin peut-être ?

 

Certains ont détesté, mais des centaines de « followers » ont apprécié, pardon « liké », sa vidéo, et en ont rajouté : cette histoire de bébé dans un four est un fake ; ou bien, cuire un bébé, ça s’est déjà fait, mais c’était une habitude de l’Irgoun ou bien encore, Israël accuse les Palestiniens d’un crime que lui-même a commis. Le Hamas ne tue jamais les enfants, etc., etc. Les arguments sont minables, mais l’argumentaire est moderne. Car ce qui compte n’est pas la vérité, mais la construction d’un narratif qui confirme les préjugés.

 

Le négationnisme du 7 octobre est en marche et l’humour est une de ses armes. Dieudonné avait compris que pour nier la Shoah, faire faire une quenelle était plus efficace, moins risqué et plus amusant que de discourir sur les propriétés physico-chimiques du Zyklon B.

 

L’humour, c’est un inverseur de sentiments. l’humour juif a été un bastion protecteur pour inverser la détresse de l’existence. Mais l’humour d’agression, celui dont Bergson a écrit que c’est une anesthésie momentanée du cœur, inverse le sentiment d’empathie. Il permet de se moquer d’un bébé assassiné. Et finalement, torturer et faire des selfies de ces tortures, n’est-ce pas aussi une façon de faire de l’humour sur le corps déshumanisé des ennemis israéliens ?

 

C’est pourquoi l’humour de caniveau de l’influenceuse, il faut le prendre au sérieux. C’est un teasing pour provoquer des abominations…

 

Puis, il y a les journalistes. Eux recueillent des informations. Ils nous les livrent en faisant appel à notre raison. Ils nous font réfléchir, éventuellement, nous engager. Quand ils s’expriment dans des medias respectés, nous faisons confiance à leur parole. C’est vrai dans un monde idéal. Gaza n’est pas un monde idéal.

Nous sommes le 10 octobre, avant l’offensive israélienne, et le Hamas n’a pas du tout la cote dans l’opinion. Frédéric Métézeau, ancien correspondant de Radio France, se lâche. Il vend la mèche sur les conditions de travail des journalistes à Gaza. Le Hamas assigne au journaliste étranger un fixeur qui est son intermédiaire obligatoire auprès des habitants. Ce fixeur est pénalement responsable, je dis bien pénalement responsable et le droit pénal gazaoui, s’il en existe un, n’a pas, comme le nôtre, aboli la peine de mort, de la teneur des informations publiées par le journaliste. Inutile de dire que celui-ci va écrire avec « doigté » pour ne pas heurter le Hamas. L’excellent site Infoéquitable insiste sur le caractère inouï de cette révélation. Elle réduit à zéro la crédibilité des informations sur Gaza, toutes passées sous la moulinette impitoyable d’une organisation terroriste. Cela n’a pas empêché la presse de répéter les chiffres et les explications du Hamas comme s’il s’agissait d’une information fiable. Il faut bien travailler et la soumission a finalement entraîné la connivence.

Certains médecins avaient écrit dans le passé que le tabac ne provoquait pas le cancer du poumon, sans révéler qu’ils étaient salariés de Philip Morris. Cette époque est depuis longtemps révolue.

Pourquoi le public qui est censé tirer des conclusions rationnelles à partir des informations des journalistes, n’aurait-il pas besoin de savoir quand ces informations n’ont aucune fiabilité ?

 

Enfin, le Secrétaire Général des Nations Unies Si on s’en tient aux principes sur lesquels a été fondée l’Organisation des Nations Unies, cet homme est en quelque sorte la conscience morale de l’humanité.

Ce n’est pas le cas, 

Monsieur António Guterres qui n’avait rien dit ni sur les Ouighours, ni sur l’agression azérie dans le Haut-Karabagh a montré depuis le 7 octobre une partialité anti-israélienne telle que certains ont demandé sa démission. Celle-ci n’aura pas lieu, car la majorité des pays de l’ONU partagent les partis pris du Secrétaire Général.

Gaza est aujourd’hui, dit-il, un cimetière pour les enfants. Il ne met pas en doute la proportion de 40 % donnée par le Hamas et n’a jamais critiqué l’usage des boucliers humains et des enfants en particulier. Il n’a pas critiqué non plus la scandaleuse insinuation par des rapporteurs de l’ONU aux Droits de l’Homme, dont les biais anti-israéliens sont connus, qu’Israël commet un génocide à l’égard des Palestiniens alors qu’ils s’étaient gardés d’utiliser ce terme quand des Israéliens, du fœtus au vieillard avaient été massacrés par le Hamas le 7 octobre.
Le petit mot de « mais », comme l’explique Philippe Val, permet de renverser insidieusement le sens d’une phrase. Le Hamas, avait dit Monsieur Guterres avait commis des actes de terreur injustifiables, « mais » il faut tenir compte des 56 ans d’une accablante occupation israélienne. Moi qui croyais que Gaza n’était plus occupée depuis près de vingt ans…

Il semble que Monsieur Guterres n’ait pas lu la charte du Hamas. Il est vrai que certains n’avaient pas lu Mein Kampf et expliquaient la violence des nazis par la sévérité du traité de Versailles. En ce 85ème anniversaire de la Kristallnacht, rappelons tout de même que ce sont les Juifs qui furent condamnés à payer au Reich une énorme amende et que le monde a finalement bien peu protesté…

 

Inversion de l’empathie par une influenceuse flattant un public débile, abandon de l’objectivité par un journaliste qui ne dit pas que son information est produite sous contrainte, inversion des responsabilités par un Secrétaire général qui répète les biais anti-israéliens de la majorité des pays de l’ONU et de son administration : sur les registres du sentiment, de la raison et de la morale, voilà trois chemins de déformation. 

 

Leur résultat est d’ouvrir les vannes à la haine contre Israël et à l’antisémitisme qui l’accompagne systématiquement. Il faut en être conscients et y répondre de façon adaptée. 

 

Autant que nous le pouvons…

 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

 

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