Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Yom Hazikaron

04 May 2023 | 53 vue(s)
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Opinion

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Yom HaZikaron leHalelei Ma’arkhot Yisrael uleHalelei Pe’ulot HaEivah, le jour du souvenir des soldats tombés au cours des guerres d’Israël et des victimes d’actions terroristes…

Yom hazikaron a lieu le 4 du mois Iyar, sauf si ce jour, ou le jour suivant qui n’est autre que Yom Haatzmaout, jour de l’indépendance d’Israël, tombe un Shabbat. Cette année Yom Hazikaron a commencé le soir du lundi 24 avril. Jour de recueillement qui précède un jour de joie, Yom Hazikaron laisse une forte empreinte à ceux qui y participent. 

Je ne vois pas de meilleure évocation de ce jour que la lettre que m’a envoyée mon fils Alain, qui a fait son Alyah il y a huit ans avec son épouse et leurs quatre enfants, dont le troisième fait actuellement son service militaire chez les parachutistes

 

La voici :

 

« Dans ce pays naturellement désinvolte, il y a une solennité naturelle dans les cérémonies du souvenir. Les enfants israéliens habituellement agités et souvent capricieux se retrouvent assis pendant plusieurs heures, habillés de blanc et le visage sérieux dans les cérémonies qui se tiennent dans chaque quartier et chaque école du pays le jour de Yom Hazikaron.

Ils préféreraient être ailleurs sans doute, à jouer avec l'insouciance légitime des enfants ou plongés dans leurs téléphones avec le cynisme détaché des adolescents. Pourtant, ils sont là. Attentifs. Ils écoutent les noms des jeunes de leur quartier qui ont perdu la vie pour le pays. Peu importe qu’ils soient morts en 1930 ou en 2020. Ces garçons,  ̶  et parfois ces filles  ̶ , avaient 18, 19 ou 20 ans. Leurs rêves n’étaient pas étrangers à ceux de ces auditeurs attentifs. Ils avaient presque le même âge.

Les lycéens qui écoutent les chants et les paroles déchirantes des familles des disparus, savent qu’à leur tour, eux aussi seront convoqués pour servir leur pays. Pour ceux qui vont servir ou qui vont voir leurs enfants servir, ce jour est un test, en particulier chez ceux pour qui vivre en Israël a été un choix délibéré.

En France, l’appartenance à la Nation n’a pas d’incarnation commune. La notion de Nation elle-même est devenue distante, le projet collectif est flou et parfois, le drapeau tricolore lui-même a été pris en otage par une extrême droite qui n’avait pas abdiqué son antisémitisme.

Ici, en marche dans les manifestations, debout dans les cérémonies du jour de la mémoire, virevoltant dans les célébrations de la fête nationale, sur notre terrasse ou les rétroviseurs de nos voitures, le drapeau d’Israël est omniprésent dans nos vies. La Nation est incarnée par le drapeau, par les cérémonies qui célèbrent ses héros et ses disparus, par les soldats qui la servent. On croise la Nation au quotidien, dans les bus, les rues ou les centres commerciaux. Quand un soldat en uniforme est en permission, c’est la Nation qui rentre à la maison.

 

Alors, dans ce pays de l'irrévérence et de la chutzpah, quand sonne la sirène de la mémoire, le tumulte du quotidien se tait. Chacun s’isole dans le silence de la minute et, de cette introspection impromptue et individuelle, on émerge tourné vers les autres. Car, cette expérience de la mémoire, du deuil, de la souffrance et de l’absence, toute personnelle et intime qu’elle soit, est, en Israël, une expérience véritablement collective. Ce jour de mémoire, comme l’est le jour de fête nationale qui le suit, est un jour partagé. 

Chaque soldat en service reçoit ce jour la mission de garder la tombe d’un soldat disparu, à apprendre son histoire et d’accompagner la famille. Ainsi vit la mémoire des enfants tombés pour Israël. Ce ne sont plus seulement des noms gravés dans la pierre d’un monument aux morts, comme on voit tant dans les cimetières des campagnes françaises, Israël rappelle à ses enfants d’aujourd’hui l’histoire de ses enfants d’hier. 

Un par un.

Nous avons déraciné nos enfants du confort de la vie française. Ils doivent maintenant donner au pays qui nous a accueilli presque trois ans de leur jeunesse. Ce risque que j’ai imposé à mes enfants, ce sacrifice que je n’ai pas fait moi-même, semble insensé.

Et pourtant, dans ce pays, lui aussi insensé, quand sonne la sirène assourdissante de la mémoire, je sais, sans le moindre doute, que ici la vie a du sens. »

 

À cette lettre, j’ajouterai un détail.

 

Notre petit fils Ben était assigné ce jour-là à se tenir devant une tombe dans un cimetière militaire. C’était celle d’un jeune soldat, arrivé peu auparavant de Turquie, qui fut tué au cours de la guerre du Kippour. Pendant la cérémonie, alors que Ben montait la garde, le frère, aujourd’hui octogénaire, de ce jeune homme est venu se recueillir avec sa famille. Il a raconté à notre petit-fils l’histoire de son frère. Ce garçon n’était soudain plus un simple nom, cinquante ans plus tard, c’était un autre lui-même. Je suppose que bien des soldats d’Israël d’aujourd’hui ont eu ce jour-là la même expérience. 

 

Le recueillement, la gravité mais aussi la sérénité de Yom Hazikaron contrastent avec certaines stridentes polémiques du quotidien du pays. Israël offre ce jour-là une émouvante leçon de mémoire et d’unité. À chacun de ne pas l’oublier… 

 

Richard Prasquier, Président d'honneur du Crif 

 

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