Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Les Bretslover à Ouman

06 October 2022 | 140 vue(s)
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Actualité

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

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Opinion

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

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En parlant des Hassidim de Bratslav (les Bretslover en yiddish) on n’esquive pas complètement l’actualité. La guerre, les lignes aériennes coupées et les avertissements des gouvernements d’Ukraine, d’Israel, ou des États-Unis, rien n’y a fait, les Bretslover sont revenus à Ouman pour Roch Hachana, 20 000 dit-on, pas loin des 40 000 dans les années avant Covid. La hassidout de rabbi Nahman n’a jamais été très nombreuse, mais le pèlerinage attire d’autres fidèles et, au-delà, des Juifs pas toujours très orthodoxes en quête de spiritualité. Le haut moment, c’est le tachlich, quand les pèlerins  en robe blanche déposent leurs péchés dans le lac bordant Ouman et récitent le Tikkun Haklelali, la série des 10 psaumes  contre le mal élaborée par le Rav Nahman. Tous sont là pour recharger leurs batteries spirituelles et la ferveur qui émane de cette masse d’hommes joyeux laisse une empreinte forte aux participants.

Pourquoi Ouman? Nahman, sa maison de Bratslav détruite dans un incendie, n’y a passé qu’une année, malade de tuberculose et mort à  38 ans, en 1810. Il aurait d’ailleurs choisi la ville en raison de son cimetière, où avaient été enterrées quarante ans auparavant, les victimes d’un grand massacre de Juifs perpétré par les haidamaks, ces paysans ukrainiens soutenus par l’empire russe et révoltés contre leurs maitres polonais. Les temps ont changé... Il y avait donc dans ce cimetière, qu’on appelait maison de vie, bet Haim, beaucoup d’âmes juives que Rabbi Nahman voulait défendre devant le tribunal divin.

Il avait enseigné à Bratslav, à 100 km de Ouman, pendant huit ans, au retour de son voyage en terre d’Israel. Il y avait trouvé un élève exceptionnel, Nathan Sternharz de Nemirov, Rèb Noussn pour les fidèles. Par lui, la vie et les idées Nahman de Breslaw sont bien connues, dans des livres célèbres qui ont façonné le mouvement Bratslav. Seuls les écrits restent, ce qui peut biaiser notre compréhension : d’autres disciples ont probablement tiré de Nahman des conclusions un peu différentes de celles de Nathan.

Nahman, dans sa doctrine émotionnelle, insistait sur une phrase du prophète Ezechiel « J’ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair », Lev bassar. Lev bassar, les mêmes consonnes que Breslov; curieusement, le nom de Rabbi Nathan, Sternharz signifiait coeur dur.

C’est Nathan qui institua le pèlerinage à Ouman. Visiter le tombeau d’un maitre hassidique n’avait rien d’exceptionnel, mais Ouman joua chez les bretslover un rôle à part. Au coeur de la répression tsariste puis après l’interdiction par le régime communiste, il y eut une poignée de fidèles prêts à courir tous les risques pour venir. Certains, dit-on, pour éviter que la construction d’un immeuble ne vînt détruire la tombe de Nahman, firent intervenir le Président Carter lui-même. Depuis la fin du communisme, le pèlerinage est devenu un impressionnant événement touristique...

Bratslav n’a pas créé de lignée dynastique comme les autres mouvements, ce qui lui a valu le surnom de « Die toyte hassidim », les « Hassidim morts ». En fait, Nahman rejetait l’évolution, disons « commerciale », du hassidisme  qu’il voyait chez les descendants du Baal Shem Tov, son propre arrière grand-père, et il n’a pas eu de successeur familial. Mais cela tient aussi à sa doctrine. Au lieu de leur faire confesser leurs  pêchés, souvent liés à la sexualité, il en vint à demander à ses disciples de rechercher par eux-mêmes et au fond d’eux-mêmes le tzadik, c’est-à-dire la justice. L’hitbodedout, l’isolement spirituel quotidien consacré à une méditation intérieure, permet cette relation personnelle avec Dieu. C’est selon Nahman, qui prolonge ici la cabale de Louria, avec la brisure des vases, un travail difficile, rempli d’obstacles. La joie à laquelle on associe le nom de Nahman de Bratslav est le produit d’un combat, qui fut probablement aussi le combat de sa propre vie, marquée par sa maladie et le décès de ses proches. Je pense à la phrase de Camus : « il faut imaginer Sysiphe heureux ».

Natan s’est toujours considéré comme le simple disciple de Rabbi Nahman. Il le considérait comme une personnalité messianique de l’envergure de Moïse. Nul ne pouvait donc remplacer Nahman, mais pour administrer sa succession,  Natan avait une personnalité trop clivante pour être unanimement agréé. La hassidout de Bratslav en a gardé un caractère anarchique. Elle contraste avec le Chabad qui a su rester centralisé sans nommer de successeur au Rebbe, considéré aussi par beaucoup de ses fidèles comme une figure messianique.

Mais avant Nahman, aucun maitre hassidiques n’avait eu de prétentions messianiques, et  le souvenir du faux messie Shabtai Zvi était encore vivace. Il ne faut donc pas s’étonner que les écrits de Natan aient suscité de virulentes polémiques au sein même du hassidisme et que le mouvement de Nahman de Bratslav soit resté diversifié et marginal.

Il  est aujourd’hui populaire, car sa spiritualité peut aussi se décliner sous une forme « New age » en harmonie avec la quête contemporaine, mais il n’évite pas cependant les phénomènes d’emprise. La ligne entre maitre spirituel et  gourou est fragile. L’inculpation récente d’un rabbin Bretzlover réputé en Israël, Eliezer Berland, en témoigne. Malgré son lourd dossier il garde un noyau de partisans convaincus que les accusations contre lui prouvent son caractère messianique.

Quelle que soit la valeur d’une tradition religieuse, le risque d’emprise sur les esprits ne doit jamais être sous-estimé dès lors qu’elle prétend à une exclusivité absolue dans l’espace privé ou public.

Richard Prasquier