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Crif : Selon la législation française, le boycott est illégal. Pourtant, la préfecture de la ville de Toulouse n’a pas interdit cette manifestation. Comment l’expliquez-vous ?
Franck Touboul : Le mouvement BDS a déposé à la préfecture une demande de manifestation. La préfecture a ensuite deux options, soit l’interdire en justifiant ses motifs, et en prenant le risque de se faire renvoyer au tribunal administratif, qui arbitrera, soit elle enregistre le dépôt de manifestation. Cette dernière a enregistré la demande au lieu de l’interdire pour éviter ce possible recours au tribunal administratif.
Quelle a été la réaction du Crif Toulouse ?
Nous nous sommes tout d’abord rendu sur place pour constater l’ampleur de la manifestation. Les membres du groupe se sont installés au beau milieu d’un axe de circulation en plein cœur de la ville, à une période d’affluence à l’approche des fêtes de fin d’année, avec des enceintes géantes et des micros. Ils vociféraient des mensonges et des insanités sur Israël et diffusaient de la musique en langue arabe.
J’ai ensuite alerté le maire de la ville, qui est lui-même stupéfait de ce type de rassemblement régulier dans le centre de Toulouse. Il a réagi publiquement sur i24News et adresse aujourd’hui un courrier au préfet et au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Il faut savoir que ce n’est pas de la responsabilité de la municipalité d’autoriser ou d’interdire l’occupation du domaine public lorsque le préfet est averti. Ce n’est donc pas du domaine de compétence de la municipalité.
Nous avons également contacté le Préfet pour l’alerter sur la situation. J’ai notamment rappelé que l’appel au boycott était illégal en France.
Il est temps que l’État, représenté ici par le Préfet, assume pleinement ses responsabilités. Soit en dépit des décisions de justice, en dépit des circulaires, l’appel au boycott est légal et il continue de l’autoriser, soit il assume pleinement de l’interdire, et prend position de manière plus ferme pour empêcher ses manifestations au tire de l’appel au boycott, mais également au titre de trouble à l’ordre public.
Quelle est l’ampleur du mouvement BDS à Toulouse ?
Il s’agit d’un groupuscule de quelques personnes, mais le mouvement monte en puissance. Il crée pas mal d’agitations.
Le mouvement appelle clairement au boycott des produits israéliens, il cite les marques israéliennes, les fruits, les partenaires. C’est notamment le cas de manière décomplexée sur leurs différents réseaux sociaux et plateformes. L’appel au boycott est totalement assumé donc il peut être poursuivi et combattu.
Comment lutter contre ces manifestations ? Comment les interdire ?
Si ces manifestations continuent d’avoir lieu, il sera nécessaire de sensibiliser l’opinion publique et de rétablir la vérité. Nous réfléchissons actuellement à un moyen de le faire, tout en continuant de tenter d’empêcher ces rassemblements et la diffusion de messages haineux à l’égard d’Israël.
La préfecture doit également assumer ses responsabilités et utiliser les arguments de l’appel au boycott, qui est illégal, et du trouble à l’ordre public, pour justifier l’interdiction de ces manifestations à l’avenir. Il est préférable d'essayer d'affirmer la volonté de l'État en interdisant ces manifestations d'appel au boycott, quitte à ce que la décision soit ensuite discutée par le tribunal administratif, que de les laisser proférer ces messages de haine sans entraves.