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Publié le 2 novembre dans Le Figaro
La parole est aux accusés : après avoir côtoyé l'horreur auprès des rescapés et des proches des victimes, la cour d'assises spéciale de Paris interroge à partir du mardi 2 novembre les complices présumés des attentats du 13 novembre 2015, en commençant par Salah Abdeslam. Nouvelle phase de ce procès hors normes, les quatorze accusés présents à l'audience - six autres, dont cinq sont présumés morts, sont jugés par défaut - seront interrogés sur leur personnalité, leur parcours scolaire et professionnel ou leur passé judiciaire. «C'est une étape incontournable et essentielle du procès», remarque Adrien Sorrentino, l'un des avocats de la défense.
Seules quatre journées sont consacrées à cet examen. «À première vue, cela nous paraît court», ont estimé les avocats de Salah Abdeslam, Mes Olivia Ronen et Martin Vettes. «On peut également s'interroger sur la décision d'exclure l'aspect religieux de cet interrogatoire de curriculum vitæ, alors même qu'elle fait partie intégrante de (sa) personnalité», ont-ils ajouté. Seul membre encore en vie des commandos du groupe Etat islamique (EI) qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, leur client ne sera pas non plus questionné à ce stade sur les crimes qui lui sont reprochés. La cour d'assises spéciale n'abordera son rôle dans les attentats djihadistes les plus meurtriers jamais commis sur le sol français qu'à partir du mois de janvier.
"On a visé la France, des civils, mais il n'y avait rien de personnel. François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'État islamique en Syrie". Salah Abdeslam
Dès l'ouverture des débats le 8 septembre dernier, le Franco-Marocain, aujourd'hui âgé de 32 ans, a rompu spectaculairement avec le silence quasi-total qu'il observait depuis son arrestation à Bruxelles en avril 2016, après quatre mois de cavale. Le premier jour, Salah Abdeslam, à l'isolement total depuis cinq ans et demi, s'était présenté comme un «combattant de l'État islamique» puis avait pris la parole pour dénoncer ses conditions de détention. Le 15 septembre, invité par le président de la cour Jean-Louis Périès à faire une déclaration «succincte», il avait glacé la salle d'audience. «On a visé la France, des civils, mais il n'y avait rien de personnel», avait-il déclaré. «François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l'État islamique en Syrie.»
Après Salah Abdeslam, la cour examinera mardi la personnalité de son ami d'enfance Mohamed Abrini, «l'homme au chapeau» des attentats de Bruxelles en mars 2016. Depuis le début du procès, on ne l'a entendu qu'une seule fois parler spontanément, quand il s'est plaint des «contraintes» de sécurité imposées selon lui par les gendarmes. «J'ai envie de parler avec mon pote» Salah Abdeslam, avait-il alors éructé.
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