Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Blog du Crif - Eric Zemmour : la double peine des Juifs français

20 September 2021 | 1842 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

Réaction à la célébration du 20ème anniversaire de la mort de François Mitterand

A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

A quelques jour de notre Convention Nationale j'ai répondu aux questions de Sara Mesnel pour L'Arche 

Comment les réseaux sociaux sont passés de l'effroi à la solidarité sans précédent avec les telavivim

Pages

Opinion

Par Chloé Blum

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Pages

Eric Zemmour ne s'encombre pas de la nuance : tout ce qui dépasse, détonne, dissonne, doit être supprimé.  C'est la quête d'une France rabougrie et monochrome. Et malheureusement, les Juifs, ça ne rentre pas bien dans les cases... Certains disent même que nous avons été inventés pour ça.

Les Juifs sont d'ailleurs doublement victimes du discours d'Eric Zemmour : une fois victimes de ce qu'il dit, une autre du lieu d'où il s'exprime. Une fois, politiquement, une autre, symboliquement.

Sur le plan politique, ce qu'il propose a le goût et l'odeur des vieux classiques de l'extrême-droite. Eric Zemmour attaque à tous les temps. Au passé, d'abord : "Pétain a sauvé les Juifs français" (Octobre 2019), fantaisiste révision de l'Histoire.

Au présent ensuite : "la Kippa est une sorte de selfie religieux" (Janvier 2016) ou hier matin en voulant "obliger à donner des prénoms français". Les Eytan, Déborah, Ilan, Rivka, Amir, Shirel, Gad... et les Français qui portent la kippa apprécieront.

Au futur, enfin, puisque Eric Zemmour s'arroge même le droit de déterminer la légitimité de nos lieux de sépulture. Même morts, nous sommes coupables. Pour Eric Zemmour, se faire enterrer en Israël, c'est de l'évasion funéraire !    

Sur le fond, rien de bien nouveau. Eric Zemmour, ce sont les provocations de Jean-Marie Le Pen avec le look de Bruno Mégret.

Mais le prix le plus élevé que les Juifs paient n'est pas seulement la remise sur le devant de la scène de ces vieilleries politiques. Non. Le plus insupportable vient du fait que ces provocations soient l'expression d'une personnalité largement identifiée comme juive.

Je ne cherche pas à analyser le rapport d'Eric Zemmour à son identité juive. Ce rapport intime lui appartient et je réclame pour chacun, et donc pour lui aussi, le droit d'échapper à toute assignation identitaire. Ce qui est certain, en revanche, c'est que ses propos ne trouveraient pas un tel écho s'ils n'étaient pas formulés par une personnalité perçue comme juive.

Les linguistes et communicants le savent, l'identité du locuteur compte dans la réception du message. Et en l'espèce, qu'une personnalité portant un nom juif, fasse la promotion des discours d'exclusion visant notamment les juifs et les musulmans, donne une légitimité inédite au propos. Qu'il le veuille ou non, Eric Zemmour contribue à apporter à l'extrême-droite ce que Marine Le Pen cherche depuis longtemps : un certificat "casher" dont elle espère qu'il lui apporte une légitimité nouvelle.

Cette dimension là peut paraître secondaire par rapport aux propos de Zemmour, mais pour moi, elle est la plus inacceptable. Celle qui me fait le plus mal.

En tant que Juifs, nous ne sommes bien entendu pas responsables des propos d'Eric Zemmour. Mais nous avons la responsabilité de nous mettre en travers de leur chemin.

Yonathan Arfi