Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Blog du Crif - Les Juifs de Hongrie

04 June 2021 | 488 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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La Hongrie a inauguré, le 19 mars 2019, une mission diplomatique commerciale à Jérusalem. Un premier pas en direction de la reconnaissance de la Ville Sainte comme capitale d’Israël. C’est le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto qui a inauguré cette première représentation européenne à Jérusalem. Elle a été suivie, comme on le sait, en 2021 par la décision du gouvernement tchèque.

Retour sur une belle histoire, celle des Juifs de Hongrie.

Il est généralement admis que des communautés juives étaient installées dès le troisième siècle de l'ère chrétienne dans la province romaine de Pannonie qui sera plus tard une partie de la Hongrie. Si on ne dispose pas d'éléments sur leur parcours au cours des siècles qui suivent, une fameuse lettre que le célèbre Hasdaï Ibn Shaprut adresse au 10ème siècle au roi des Khazars fait mention de la présence de Juifs en Hongrie. Des échanges commerciaux ont alors lieu entre marchands juifs hongrois et commerçants de toute l'Europe Centrale. Les Magyars, habitants majoritaires du pays, adoptent la religion chrétienne en 992. Dès lors, des décrets et des lois vont être promulgués pour limiter la liberté des Juifs. Le synode de Szabolc, en 1092 prohibe le mariage entre Chrétiens et Juifs et interdit à ces derniers d'avoir des serviteurs chrétiens et de travailler le dimanche et les jours des fêtes chrétiennes. En 1100, le droit de résidence des Juifs subit un certain nombre de restrictions.

En 1251, le roi Bela IV publie une Charte de Privilèges qui régule dans un sens plus favorable la situation des Juifs. Cela n'était pas très apprécié par la hiérarchie chrétienne et le Synode de Buda, en 1279, imposa aux Juifs le port d'un signe distinctif, une rouelle rouge. Sous le règne de Lajos, au 14ème siècle, les tentatives de conversions furent nombreuses. Face au refus des Juifs, le roi proclama leur expulsion en 1364, mais fut obligé de révoquer sa décision quatre ans plus tard pour des raisons économiques. Les Juifs étaient alors quelques vingt mille personnes réparties dans une vingtaine de villes.

Les 16ème et 17ème siècles sont marqués par les guerres entre la dynastie des Habsbourg qui règne sur la Hongrie et la Turquie, conflits qui ne seront pas sans influence sur la population juive. Le pays est alors scindé en trois. Le sud et le centre sont sous l'autorité turque, le nord et l'ouest demeure entre les mains de Habsbourg et, à l'est, la Transylvanie est une principauté hongroise sous protectorat turc. Les zones sous autorité turque sont plus favorables aux Juifs et l'on assiste à l'émergence de communautés sépharades. C'est à cette époque que l'influence du faux messie Sabbataï Zvi, se fait sentir dans le pays.

Au cours du siècle qui suit, nombre de Juifs, venus d'Autriche et de Pologne notamment , s'installent en Hongrie. Le recensement de 1787 ordonné par l'empereur Joseph II, qui, par ailleurs fut  animé de bonnes intentions à l'égard de la communauté juive, dénombre 80 885 Juifs répartis dans 115 points de peuplement. La plupart des Juifs pratiquaient de petits métiers bien que certains d'entre eux, comme Shimson Wertheimer, parvinrent à atteindre le statut envié de « Juifs de Cour ».

Au cours du siècle qui va suivre, la lutte des Juifs pour obtenir l'égalité avec leurs concitoyens chrétiens va s'amplifier. Elle s'accompagnera de l'émergence d'un judaïsme libéral, les « néologues » en opposition avec l'orthodoxie. Un temps affaibli, l'antisémitisme va resurgir avec la Première Guerre mondiale. En octobre 1918, l'ancien régime s'écroule laissant la place à une République Démocratique dirigée par Mihaly Károlyi à laquelle contribueront de nombreux Juifs. Cette éphémère République laissera rapidement la place à un régime communiste en mars 1919 avec, à sa tête, un Juif, Béla Kun, régime qui ne durera pas longtemps, lui non plus. La contre-révolution dirigée par l'amiral Miklos Horthy prend le pouvoir. C'est le temps de la peur et, pour les Juifs, des pogromes et de la « Terreur Blanche ». Dans cette tourmente et malgré un numerus clausus introduit légalement en 1920, la communauté juive s'organise et le mouvement sioniste se développe. Grâce à une action énergique des organisations juives internationales auprès de la Société des Nations, le numerus clausus sera amendé en 1928. Cependant, dès le début des années trente, les idées racistes venues d'Allemagne commencent à se propager en Hongrie puis à  être mises en pratique.

À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, on dénombre huit cent mille Juifs en Hongrie.

La barbarie nazie, on le sait, va s'abattre sur le judaïsme hongrois qui paiera un lourd tribut à la folie hitlérienne : six cent mille victimes assassinées dans les camps de la mort, notamment à Auschwitz. Parmi les survivants, beaucoup choisiront une seconde vie en émigrant en Israël

C'est à Budapest, que le Congrès Juif Mondial a choisi de tenir son congrès en mai 2013. L'organisation, présidée par Ronald Lauder avait choisi cette ville en manifestation de sa solidarité avec la communauté juive et en réaction à la montée du parti antisémite Jobbik. Parmi les intervenants remarqués à ce congrès, le premier ministre hongrois, Viktor Orban.

Au moment où plus de cinq cents Juifs représentant les communautés juives du monde entier étaient réunies à Budapest, la communauté juive hongroise comptait environ cent vingt mille âmes. Elle était dirigée depuis 2005 par le docteur Peter Feldmajer, président du MAZSIHISZ, Fédération des Communautés Juives de Hongrie. Le Grand rabbin était Robert Deutsch.

De nos jours, il y a plus de vingt synagogues à Budapest, dont certaines, comme la synagogue Rumbach, après réfection, devraient être transformées en musées. La Grande Synagogue monumentale Dohany qui compte trois mille places est un lieu de visite obligé de la capitale hongroise. Il y a également de nombreuses synagogues en province .Des musées, des cimetières, des monuments commémoratifs, des écoles dont la remarquable « Lauder Javne School » de Budapest gérée par la Fondation Ronald Lauder avec ses six cents élèves, des mouvements de jeunesse, des publications régulières, témoignent d'une vie juive dynamique malgré l'irréparable catastrophe de la Shoah et le danger antisémite qui perdure.

Dès 2015, la Hongrie s’est opposée à l’étiquetage des produits israéliens. En janvier 2017, un sefer-Torah vieux de 150 ans a été retrouvé sous les ruines d’une synagogue et restauré. En septembre 2018, une petite synagogue, fermée depuis 1686, a rouvert ses portes en présence du président hongrois, Janos Ader et du rabbin Shlomo Koves, responsable de la communauté.

En 2019, sous l’impulsion de l’association Zaka, des plongeurs ont entrepris de récupérer dans le Danube les ossements de Juifs hongrois assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale afin de les enterre en Israël.

Les relations entre la Hongrie et Israël sont excellentes. Ainsi va la vie du judaïsme hongrois, plusieurs dizaines de milliers d’âmes, en 2021 avec une propension à la multiplication des mariages mixtes.

 

Jean-Pierre Allali

Illustration : Grande synagogue de Budapest