Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Bilan métaphysique après Auschwitz. Les écrivains incandescents, par Didier Durmarque

07 April 2021 | 97 vue(s)
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Opinion

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Gil Taïeb's picture
Nous sommes debout
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03 April 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

On ne le dira jamais assez : la parution d’ouvrages de poésie, en général et dans le domaine juif en particulier est devenue assez rare pour qu’on ne salue pas avec plaisir la sortie d’un nouveau recueil. Dans ce nouveau livre, la peintre et poétesse Sarah Mostrel nous offre un ensemble de textes inspirés de la Bible et des textes fondamentaux du judaïsme.

Remi Huppert est un spécialiste des Juifs de Chine. On lui doit notamment Destin d’un Juif de Chine (1). Dans son nouveau roman, le judaïsme est toujours présent.

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Stéphanie Dassa's picture
Documentaire Sauver Auschwitz
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23 January 2017
Catégorie : Opinion

"Sauver Auschwitz ?" un documentaire diffusé le 24 janvier à 22h40 sur Arte 

Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang.

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

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Bilan métaphysique après Auschwitz. Les écrivains incandescents :  Robert Antelme, Piotr Rawicz, Yitzhak Katzenelson, Imre Kertész, Par Didier Durmarque (*)

 

Professeur de philosophie en Normandie, Didier Durmarque se veut un passeur de la mémoire de la Shoah. Son ouvrage « Phénoménologie de la chambre à gaz » a été récompensé, en 2019, par le Prix « Europe » de la Licra. Son nouveau livre marque une approche véritablement originale de son sujet de prédilection. À travers l’œuvre de quatre écrivains qu’il considère comme « incandescents », il nous donne à penser et à réfléchir d’une manière autre. L’incandescence, d’ailleurs, n’est pas uniforme. Incandescence du pli chez Robert Antelme, elle devient incandescence de la fureur du style chez Piotr Rawicz, incandescence froide au bord de la folie chez Yitzhak Katzenelson et, enfin, incandescence de la pensée chez Imre Kertész. Dans ce petit livre, on découvre ou on redécouvre quatre phares de la littérature de la monstruosité que fut la Shoah.

Si Auschwitz fut littéralement un « trou noir », les écrivains incandescents sont là pour nous brûler. Une brûlure qui est précisément le bilan métaphysique après Auschwitz. Un bilan qui, force est de le constater, bouscule l’idée que l’on pouvait jusqu’alors se faire de l’homme et de Dieu. Un Dieu qui, nous dit Durmarque, n’a pas répondu  au Chema Israël, « aux prières devant les chambres à gaz ou devant les immenses fosses creusées par les victimes de la Shoah par balles ». «C’est la raison pour laquelle les écrivains incandescents sont ceux qui tiennent le Verbe contre son abandon, contre l’immonde et contre l’insupportable. Les écrivains incandescents sont ceux qui font exister le langage, le logos, l’Être contre Dieu, au cœur de la destruction».

Voici, tout d’abord, Robert Antelme, auteur de « L’espèce humaine » qui osa écrire qu’ « on peut brûler les enfants sans que la nuit remue ». Quand un déporté décharné s’apprête à satisfaire un besoin élémentaire sous l’œil d’un soldat allemand, comment ne pas imaginer qu’il se dise, au fond de lui, « je pisse donc je suis ». Terrible remarque de Durmarque qui constate que « La pisse est ce qui reste de l’Être quand on n’arrive plus à exister, mais qu’on se réduit à sa pure présence au monde » C’est dire si la notion d’humanité a été brisée à Auschwitz !

On peut dire que Piotr Rawicz va encore plus loin dans l’innommable. Rawicz, qui s’est suicidé d’une balle dans la bouche,  le 21 mai 1982 à l’âge de 62 ans, nous a laissé, avec « Le sang du ciel », «un vertige himalayen, un abîme sans fond, une épreuve émotionnelle, intellectuelle, psychique, métaphysique».

Dans ce que certains pourraient appréhender comme une véritable obscénité, voire un scandale, Rawicz nous assène que, tout compte fait, « la Shoah n’est qu’une histoire de queue ». Entendez par là que la circoncision des Juifs est une alliance qui les a conduits aux fours crématoires. Bref, « Le sang du ciel » doit être considéré comme un révélateur des faux débats autour de la Shoah.

Piotr Rawicz, rappelons-le, a été, non pas en tant que Juif mais en tant qu’Ukrainien, sous le pseudonyme de Peter Heller et avec le matricule 102679,  torturé par la Gestapo, déporté à Auschwitz en 1942 puis transféré à Leitmeritz, en Bohême, en 1944.

Pour Durmarque, avec Rawicz, l’infini ou la métaphysique de la Shoah, se ramène, ni plus ni moins à une «histoire de bites».

Voici à présent, Yitzhak Katzenelson, auteur d’un « Journal du camp de Vittel » et surtout de «Le chant du peuple juif assassiné». 

Auschwitz, première et dernière lettre de l’alphabet, de A à Z. « L’œuvre de Katzenelson est prodigieuse pare qu’elle permet à l’homme de sauver le Verbe, de repenser le langage contre son abandon, contre la trahison métaphysique de Dieu ». Reclus dans le ghetto de Varsovie, militant sioniste du Dror, il travaille dans un atelier avec son fils aîné Zvi. Et c’est le drame : son épouse est déportée avec ses deux plus jeunes fils, Benjamin et Bension. Tous trois seront gazés à Treblinka. Malgré son désespoir, Katzenelson n’abandonne pas la lutte. Bien que titulaire, avec son fils, de passeports honduriens, il est écroué au camp de Vittel.

Le chant du peuple juif assassiné se compose de quinze chants. La poétique y est présentée comme «reste».

Quatrième héros incandescent de ce petit livre exceptionnel : Imre Kertèsz qui voit Auschwitz comme le prisme de la modernité, le prisme de l’existence, le prisme de Dieu. « Auschwitz est la réponse à la création divine…Dieu est Auschwitz, mais également celui qui m’a fait sortir d’Auschwitz. Et qui m’a engagé, voire obligé à rendre compte de tout cela, parce qu’il voulait entendre et apprendre ce qu’il avait fait ».

Kertész a obtenu, rappelons-le, le prix Nobel de littérature en 2002.

Une étude véritablement remarquable.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Ovadia. 2020. 146 pages. 16 €.