Francis Kalifat

Ancien président

Mon discours à l'occasion du voyage de mémoire du Crif à Auschwitz-Birkenau

12 January 2020 | 114 vue(s)
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France
Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

L’Amitié judéo-chrétienne de France - dont plusieurs militants du Crif sont membres du Comité Directeur - a tenu dimanche 29 janvier son Conseil national, l’occasion pour nous de donner quelques nouvelles du front du dialogue.

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

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Dimanche 12 janvier 2020, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. À l'issue de cette journée, je me suis exprimé devant les participants. Voici les quelques mots prononcés.

 

 

Dimanche 12 janvier 2020 - Auschwitz-Birkenau

"C’est le cœur serré par l’émotion que je m’adresse à vous. Il y a 75  ans, les barrières électrifiées d’Auschwitz Birkenau tombaient, et le monde découvrait avec stupeur le plus grand charnier de tous les temps.

Il y a 75 ans, le 27 janvier 1945, la première patrouille soviétique pénétrait dans le complexe d’Auschwitz, d’où avaient été évacuées une dizaine de jours plus tôt 58 000 déportés exténués ; entraînés par leurs bourreaux dans une monstrueuse « marche de la mort ».

Jamais dans l’histoire de l’humanité, un conflit d’une telle ampleur n’avait eu lieu, et jamais la barbarie dont les hommes sont capables n’avait atteint de tels sommets. Ce fût notamment le cas dans l’univers concentrationnaire inventé par les nazis entre 1933 et 1945.

Près d’un million et demi d’êtres humains ont été assassinés : le plus grand nombre d’entre eux gazés dès leur arrivée, simplement parce qu’ils étaient nés juifs. Sur la rampe, toute proche d’ici, les hommes, les femmes, les enfants, brutalement débarqués des wagons, étaient sélectionnés en une seconde, sur un simple geste, s’arrogeant ainsi le droit de vie ou de mort sur des centaines de milliers de juifs, qui avaient été persécutés et traqués dans les coins les plus reculés de la plupart des pays du continent européen. 

En mars 1942 arrivent les premiers convois de Juifs provenant de Haute-Silésie et de Slovaquie, et le 30 du même mois, le premier convoi parti de France, le 27 mars 1942. C’est ici même qu’à l’été 1942 est installé dans le camp, un centre d’extermination qui deviendra le lieu principal de la Solution finale. 

Dans ce lieu, les nazis avaient planifié méticuleusement le crime. Ils tuaient comme on tuerait des mouches, ou de petits animaux nuisibles. Ils avaient industrialisé la mort.

Les dimensions monstrueuses de l’usine de mort, les mécanismes qui ont entraînés la mort de près de 6 millions de Juifs ont été peu à peu dévoilés. 

Tout au long de cette éprouvante journée, nous avons vu les blocs, les voies, les portes, les rails, les embranchements de voie ferrée, le plafond effondré d’une chambre à gaz, l’intérieur d’un crématoire,  le gibet sur lequel ont été pendus des prisonniers, le chevalet sur lequel on les fouettait, les clôtures électrifiées, un chariot pour le transport de corps, des tours de guet.

Nous avons pu voir aussi, des objets arrachés aux victimes, des valises, des vêtements d’enfants, de femmes, d’hommes, des Taleths « Châles de prière », retrouvés après la libération du camp,  des photos personnelles, des photos de famille apportées dans le camp par les juifs comme un dernier témoignage de leur passage sur terre.

Qu’est-ce que tous ces objets nous apprennent vraiment et précisément sur l’histoire des femmes, hommes et enfants qui leur ont autrefois donné vie ? Que savons-nous d’eux ? 

Rien, puisqu’ils sont morts, puisqu’on ne les voit pas. 

Des monceaux de cheveux, des brosses à dents, des prothèses de jambes et de bras, des lunettes, des jouets…. Mais des cheveux sans tête, des lunettes sans visage, des prothèses sans jambes, des chaussures sans pieds, des jouets sans enfants.

Trop courte journée pour comprendre parfaitement et totalement les rouages du crime de masse, l’indicible, la mort et la haine. 

Trop courte mais tellement intense et combien nécessaire

Ici, nous nous souvenons que notre existence a été mise en péril au point qu’un pan entier du judaïsme européen a été englouti.

Elie Wiesel écrivait qu’à Auschwitz, « dans les cendres, s’éteignirent les promesses de l’Homme »…… Comme en écho, l’écrivain hongrois Imre Kertész  répondit : « Auschwitz, c'est une chose impossible mais qui a eu lieu : une invraisemblable vérité. »

75 ans après la Shoah nous aimerions pouvoir dire que l’antisémitisme est éradiqué, qu’il est définitivement banni de nos sociétés. Pourtant il est toujours présent avec son cortège de préjugés, de haine et de violence. Il apparait comme la résurgence d’un vieil antisémitisme qui remonte du fond des siècles, mais aussi désormais sous des formes nouvelles, aux premiers rangs desquelles l’antisionisme, la haine d’Israël, l’antisémitisme d’une partie du monde musulman et l’islamisme radical. 

Depuis le début des années 2000 notre situation de Français juifs se dégrade en pente douce ou par à-coups, en silence ou à la une des médias, de meurtre en meurtre et sans sursaut durable.

L’année 2019 ne montre malheureusement aucune amélioration bien au contraire.

Comme les années précédentes, des Français juifs ont été insultés, harcelés, menacés, volés, agressés ou frappés parce que juifs.

Et lors de mes nombreux déplacements à Paris, en banlieue ou en région, j’entends de plus en plus de Français juifs s’inquiéter pour l’avenir de leurs enfants en France et pour la pérennité d’une vie juive dans notre pays.

Comment comprendre alors, l’arrêt rendu par la cour d’appel de Paris dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, concluant à l’abolition du discernement du meurtrier au moment des faits.

Depuis le début de cette affaire nous assistons à des atermoiements qui consistent à vouloir nous présenter cet assassin comme dément alors que sa mise en scène et sa personnalité nous indiquent clairement que Sarah Halimi est une nouvelle victime du terrorisme islamiste et que ce crime est antisémite. 

Pourtant si elle est sans surprise cette décision est difficilement justifiable. 

La prise volontaire massive de cannabis, à l’origine de la bouffée délirante, viendrait exonérer de sa responsabilité l’assassin de Sarah Halimi, alors même que délinquant et fumeur de cannabis multi récidiviste, il n’a jamais été décelé chez lui le moindre antécédent psychiatrique.

Quelle est cette nouvelle règle qui fait du cannabis un facteur excusant lorsqu’il s’agit d’un meurtre antisémite alors qu’il est un facteur aggravant pour tous les autres délits ?

Nous attendons avec angoisse mais aussi avec confiance l’examen du pourvoi par la cour de cassation car il ne peut y avoir de droit sans justice. 

L’antisémitisme tue aujourd’hui encore en France et dans le monde.

Loin d’être relégué aux livres d’histoire, il reste malheureusement d’une sanglante actualité.

Dans la lutte contre l’antisémitisme nous avons besoin de résultats et d’efficacité,  car les haines se nourrissent du laisser-faire, des renoncements et de l’impuissance.

Chère Esther Senot, chère Ginette Kolinka, avec tous les autres survivants de la Shoah, vous avez fait preuve d’une inlassable détermination qui a rendu à Auschwitz une histoire puis une mémoire.

C’est votre démarche collective, renforcée de l’indispensable mobilisation militante et du minutieux travail des historiens qui a peu à peu ouvert les portes des écoles, des universités et des médias.

C’est votre action collective qui a ouvert, les portes des consciences pour faire connaitre l’indicible.

Comment concevoir, demain, la mémoire de la Shoah sans témoins ?

Comment faire, pour que la Mémoire ne se réduise pas simplement à l’histoire, dans une inscription aseptisée et lointaine ? 

 

C’est à cet immense défi que nous renvoient les disparitions progressives des derniers témoins.

Il nous faudra ensemble demain, mais en fait dès aujourd’hui définir les modalités de cette Mémoire sans Témoins. 

Par notre présence ici nous prenons l’engagement de relever le défi d'être les témoins des témoins, les passeurs d'une mémoire inscrite pour l'éternité dans l'histoire du peuple Juif et de l’humanité toute entière."

 

Francis Kalifat, Président du Crif