Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - Savoir (s')aimer, l’amour de soi commence par l’amour des autres, Jacob Azeroual

20 December 2019 | 173 vue(s)
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Savoir (S') Aimer, l’amour de soi commence par l'amour des autres, par Jacob Azeroual (*)

Écrit par un médecin psychanalyste-psychothérapeute spécialisé dans l’anxio-dépression, le couple et l’enfant, cet ouvrage est une suite de conseils qui sont autant de principes de bon sens. À la lecture de chaque chapitre, on a envie de s’écrier : « Bon sang, mais c’est bien sûr ! ». Pourtant, certaines évidences méritent d’être rappelées et l’on sera reconnaissant à l’auteur de mettre les points sur les « i » dans ce recueil intéressant de rappels des bonnes manières et de l’art de vivre en société.

L’auteur a choisi de découper le livre en trois thèmes majeurs : 1/ Qu’est-ce qu’ « aimer » signifie ? 2/ L’Amour des autres commence par l’Amour de soi 3/ L’Amour de soi commence par l’Amour des autres.

Voici, cueillies çà et là, quelques injonctions : « Aider, ce n’est pas assister », « Aimer, c’est essayer d’être juste et de partager justement. Il faut le vouloir et prendre la peine de réfléchir, et non s’enfermer dans son orgueil et son nombrilisme », « Partager, ce n’est pas seulement donner, c’est aussi recevoir », « L’expérience du partage est l’essence même de la vie », « La vie est une succession de petites morts qui portent en elles le germe de nouvelles vies », « Chaque seconde est une lumière. Chaque être est une lumière », « L’amour de soi vient par l’amour des autres et l’amour des autres vient par l’amour de soi », « Il vaut mieux une petite bouteille bien pleine qu’une grand bouteille vide », « Chacun de nous est utile ».

Au texte proprement dit se surajoutent régulièrement des insertions sur fond gris basées sur des anecdotes relatives à des patients et à des réminiscences cinématographique ou littéraires.

Les références au judaïsme sont très nombreuses. L’auteur n’hésite pas à appeler à la barre le Baal Chem Tov à propos de l’invention du train à vapeur ou encore sur la pauvreté considérée comme un cadeau du ciel, le Rabbi de Loubavitch sur l’importance de la gentillesse et de l’humilité, le Talmud sur les punitions corporelles à administrer aux mécréants, le professeur Leibowitz sur la haine antijuive des nazis, Elisha Ben Abouya sur la question du pardon, Abraham Ibn Ezra sur la pauvreté, source d’inspiration, le Rav Aharon Monsonego citant le maître Yohanan Ben Ouziel qui traduisait le mot « force » par « connaissance », Amos, qui disait « Cherchez-moi et vivez ! ». Ou encore le Maguid de Kosnitz sur la grandeur : « Quiconque aspire à grandir, doit commencer par aider l’autre à grandir. En même temps qu’il l’aide à grandir, il se grandit lui-même ».

Il rappelle les propos de Golda Meir s’adressant aux ennemis d’Israël: « Nous pourrons vous pardonner d’avoir tué nos enfants, mais nous ne pourrons jamais vous pardonner de nous avoir obligés à tuer vos enfants » et rappelle le caractère impardonnable de la Shoah et ceux d’Yitzhak Rabin selon lesquels il convient de combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de processus de paix et mener ce dernier comme si le terrorisme n’existait pas.

Pour étayer la nécessité de se ménager des temps de repos, Jacob Azeroual rappelle, à juste titre, les injonctions relatives au shabbat : « De plus en plus de scientifiques conseillent fortement de couper son téléphone, au moins un jour par semaine. Pour le Juif pratiquant, c’est déjà le cas : le samedi, c’est Shabbat et il est interdit de regarder la télévision, de répondre au téléphone, de parler travail… ».Cela n’empêche pas une grand-mère juive de donner de l’argent à son petit-fils un samedi pour qu’il aille le dépenser avec ses copains. Malgré l’interdiction rabbinique !  Ou encore, dans un autre domaine : « En hébreu, le mot « visage » (panimes) n’existe pas au singulier mais seulement au pluriel, comme pour indiquer que l’être humain ne possède pas un seul mais plusieurs visages. C’est un diamant à plusieurs facettes… ». Et l’auteur, par ailleurs, de faire remarquer que la racine hébraïque de « prochain », « râh » signifie aussi « mauvais » ! Quant au mot paix, en hébreu, « chalom », il est de la même racine que « chalem » qui se traduit par « complet », à qui rien ne manque !

Enfin, « néchek », baiser, peut aussi être traduit par « arme ». Décidemment l’hébreu n’a pas fini de nous étonner.

À propos de respect des parents : « Lorsque le Décalogue ordonne « Honore ton père et ta mère ! », cela signifie « Honore celui qui se comporte comme ton père et celle qui se comporte comme ta mère ». Cela s’adresse à l’enfant mais aussi aux parents, qui doivent se conduire de manière responsable et affectueuse »..

Dans l’énoncé des Dix Commandements, à propos de « Tu ne tueras point », il n’est pas dit « Lo taharog » (tuer) mais « Lo tirtsah » ( tuer avec intention ». De même qu’il est écrit « Tu  aimeras » (au futur) et non « Aime ton prochain » !

Autres sujets évoqués : le songe de Jacob et sa fameuse échelle et, plus tard, sur son combat avec un ange, la découverte d’un cadavre abandonné en pleine nature, la paix israélo-égyptienne en comparaison de celle entre la France et l’Allemagne,. Jacob Azeroual nous parle aussi du couple, de la haine de soi, du « cutting » et du suicide ou encore de l’estime de soi.

En résumé, « Prendre conscience du sens de son existence et de l’importance des êtres qui nous entourent, procure la force pour vivre, survivre et faire preuve de patience pour supporter les difficultés du quotidien ». Et, pour reprendre le traité Sanhédrin du Talmud : « Qui sauve un homme, sauve un monde ! »

À découvrir !

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Guy Trédaniel. Septembre 2019. 320 pages. 20 €.