Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali - L'amitié avec Claude Lanzmann, par Michel Deguy

04 November 2019 | 113 vue(s)
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L'amitié avec Claude Lanzmann, par Michel Deguy (*)

 

Bien que son œuvre soit aussi importante que diversifiée, le nom de Claude Lanzmann restera à jamais associé à son œuvre maîtresse, le monumental « Shoah » (1985). Un film-témoignage qu’il aura mis onze années à réaliser. 

Claude Lanzmann nous a quittés le 5 juillet 2018. Il repose désormais au cimetière du Montparnasse. Le poète Michel Deguy, qui fut son ami et son collaborateur aux Temps Modernes, a décidé de lui dédier un petit ouvrage qui tient des mélanges, des miscellanées, une mosaïque littéraire, en somme.

Poète, Michel Deguy a fondé la revue Po&sie en 1977, revue qu’il dirige depuis. Philosophe, professeur émérite de littérature à l’université Paris 8, il a présidé le Collège International de Philosophie de 1989 à 1992. Cela se ressent dans son écriture particulièrement recherchée voire précieuse,  truffée de latinismes et de citations.

Tout a commencé en 1987. Michel Deguy qui, au printemps 1985, invité à la séance inaugurale de projection de « Shoah » au cinéma Empire, n’avait pas pu y assister, finit par visionner le film. Plusieurs fois de suite. Interminablement. Véritablement  bouleversé, il écrit à Lanzmann une missive d’une vingtaine de pages. Ému, Claude Lanzmann lui propose alors de rejoindre l’équipe des Temps modernes. Une amitié naquit qui ne sera interrompue que par la mort du cinéaste.

La longue missive adressée en son temps à l’auteur de Shoah est reproduite quasiment in extenso dans le livre sous le titre « Une œuvre après Auschwitz ». On y trouve aussi des textes de Lanzmann : « Cet ouvrage collectif… », « Hier ist kein warum », « Pour Rachel Ertel »,  et « Le courage du poète ».

Certains articles concernent directement Lanzmann : « Matières sans table », « Traits distincts de Lanzmann en Claude » ou encore « La mort de Lanzmann », « Le 5 juillet 2019 ou encore «  Au cimetière du Montparnasse ».

D’autres sont plus généraux : « La réponse polonaise », « De l’avenir culturel d’Auschwitz en mondialisation », « Il n’y a pas de race blanche », « L’Europe. Königsberg ou Kaliningrad ? », « Thomas Mann. Moïse et l’Europe », « Le salut par les Juifs », « Peuple ; Nation ; État », un texte dans lequel l’auteur, qui s’en prend vivement au Premier ministre israélien : « Aucune politique israélienne ne devrait jamais faire dépendre ses alliances d’intrigues électorales obscènes visant la conservation du pouvoir à tout prix. Orban est antisémite. Soros exemplaire », reconnaît, toutefois que « Le fait d’Israël est établi : Sion existe en terre et en os, avec des frontières, sa démocratie en état de droit ; reconnu par la quasi-totalité des Nations en société (ONU). On n’y changera plus rien. Aucun antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme (Ivan Segré) ne transformera magiquement en illusion la naissance d’une Nation ni celle-ci en sa ruine et sa mort prématurées-sous peine de la fin du monde. L’aboutissement de l’Histoire est là. Aucun islamisme (shiite ou sunnite fratricides ; ou laïc à Gaza) n’abolira ce fait-dût le monde périr dans son cataclysme atomique. Les puissances arabe et perse reconnaîtront Israël comme surent faire l’Égypte ou la Jordanie… ». Autres textes :  « Au sujet de nous », « Considérations touchant le mal » et « Laïcité ».

Toutes ces contributions sont classées par années, de 1988 à 2019.

Intéressant. À découvrir.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions La Rumeur Libre. Août 2019.  96 pages. 16 €.