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Published on 29 August 2019

Le Tour de France du Crif - Qui est Eliane Klein, déléguée régionale du Crif Région Centre ?

La parole est aux Crif régionaux ! Présidents, délégués … nombreux sont les acteurs locaux qui se mobilisent au quotidien et dans toute la France pour le Crif. Par la force de leurs engagements, à leurs échelles, ils mènent à bien de multiples projets qui s’inscrivent dans les missions du Crif. Nous vous proposons de découvrir ces personnalités qui font vivre le Crif dans nos régions. C’est parti pour le Tour de France du Crif !

Je suis Eliane Klein, née à Orléans, professeur d'anglais à la retraite et déléguée régionale du Crif Région Centre.

J'ai intégré le Crif en 1983, tout d’abord en tant que présidente du Crif Région Centre, puis comme déléguée régionale depuis quelques années, aux côtés de François Guggenheim.

Mon engagement au Crif est lié à la place de cette institution dans le judaïsme français : organisme laïque à vocation politique et culturelle, porteur des valeurs universalistes, d'une éthique. Un lieu de "confrontation intellectuelle libre sur le monde contemporain".

Ainsi, mes projets au Crif s'inscrivent dans la volonté de :

1- Connaitre et transmettre l'histoire du peuple juif- sa culture, son rayonnement, ses tragédies

2- Alerter nos concitoyens sur des phénomènes inquiétants en recrudescence dans la société : antisémitisme, antisionisme, terrorisme en paroles et en actes

3- Lutter contre les atteintes à la laïcité et aider à promouvoir ce principe fondamental de notre Démocratie.

Ces projets n'ont pu être mis en œuvre qu'avec l'aide, le soutien, les compétences d'historiens, de philosophes, de politologues, de journalistes, de documentaristes, etc…

1- La création du CERCIL

Le Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement du Loiret à Orléans, en 1991, fut l'aboutissement d'une douloureuse prise de conscience après la disparition de mes parents : rien n'existait, dans notre Région, pour rappeler la tragédie qui s'était déroulée dans les camps du Loiret, Pithiviers et Beaune la Rolande. Or l'Histoire de ces camps, où une grande partie de ma famille avait été internée avant d'être envoyée à Auschwitz pour y être assassinée, m’avait été racontée par mes parents.

Grâce à la persévérance, voire à l'obstination et au soutien d'amis -Jean-Pierre Sueur, Député-Maire d'Orléans, Hélène Mouchard-Zay, conseillère municipale, et des personnalités parisiennes -Henry Bulawko, Serge Klarsfeld, Théo Klein, entre autres- nous avons obtenu la réponse à notre double exigence : obtenir un lieu pour savoir et faire savoir ce qui avait eu lieu là-bas, si près de nous.

Et de fait, depuis sa création, le CERCIL a mis en œuvre un travail d’Histoire et de Mémoire rigoureux, travail de recherche et d'étude exemplaire, dont je lui sais gré : recueils de témoignages, constitution d'un fonds documentaire, publications d'ouvrages d'une grande qualité historique et testimoniale, organisation de colloques, conférences, projections de films, expositions, etc., sous le "parrainage" scientifique des meilleurs historiens.

La création de ce lieu, ouvert aux élèves français du primaire et du secondaire, aux élèves allemands et polonais, me paraît de plus en plus nécessaire aujourd'hui, à l'heure où les derniers "témoins" de la Shoah disparaissent, où le relativisme, voire le négationnisme, sévissent dans certains milieux.

Ce lieu est et sera, comme une « sentinelle de la Mémoire », éclairant le passé et incitant, également, à la réflexion sur toutes les idéologies totalitaires. J’en suis particulièrement fière.

2- La rumeur d'Orléans

Instruite, depuis ma prime jeunesse, de l'histoire de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme meurtriers, je n'avais connu que l'épisode traumatisant de la rumeur d'Orléans, en 1969.

Mais, pendant les années 1990/2000, j'ai eu connaissance, de manière de plus en plus précise, des problèmes rencontrés par certains enseignants : le refus de certains élèves d'étudier "certains auteurs" juifs, le fait de contester des points d'histoire (la Shoah) ou de science. Pire, des élèves juifs sont insultés ou frappés et commencent à quitter l'école publique dans certains quartiers.

Aussi, inspirée par les témoignages parus dans Les territoires perdus de la République et le Rapport Obin, j'ai organisé des conférences, des débats et des tables-rondes pour alerter les enseignants de ma région du danger menaçant, non seulement pour les élèves juifs, mais aussi pour l'institution scolaire.

Beaucoup d'enseignants ont répondu à mes invitations. Certains étaient sceptiques, mais d'autres ont eu le courage de faire part des difficultés du même ordre (dont ils n'avaient pu rendre compte auparavant).

Fin décembre 2013, j'ai fait part aux Autorités de ma Région de mon opposition à la venue de Dieudonné à Orléans (et Tours).

Le Directeur de Cabinet de mon Préfet de Région et le Député-Maire d'Orléans (Serge Grouard) ont rejoint ma position : Le Tribunal administratif d'Orléans a confirmé l’arrêté d’interdiction du spectacle de Dieudonné en janvier 2014.

Le Maire d'Orléans avait mis en avant une "sensibilité spécifique" à l'encontre de tout négationnisme de la Shoah (sic).

Depuis le début des années 2000, l'antisémitisme forcené -ou antisionisme- de l'islam radical, a mené à des attentats meurtriers contre des Juifs français. Malheureusement, à quelques exceptions près, nous nous sommes sentis seuls lors des manifestations organisées à Orléans.

3- Les atteintes à la laïcité

Ces atteintes, manifestées dans des établissements scolaires, m'ont conduit à les dénoncer par les moyens à ma disposition : la parole donnée aux enseignants, le soutien dans leur combat pour le respect de ce principe fondamental de notre République.

Par ailleurs, j'ai consacré une grande partie de mon énergie à mettre en lumière le combat contre le voile des femmes musulmanes laïques.

Grâce, à nouveau, à des conférences-débats, des tables-rondes, des documentaires, à Orléans et au RDV de l'Histoire de Blois, un public très nombreux a pu entendre des témoignages, des analyses de ces femmes si courageuses, confrontées au silence, au déni de médias, de certains politiques et certains intellectuels.

Ces trois anecdotes sont quelques courts exemples et témoignages de tout le travail que j’ai pu accomplir au Crif, de mon engagement et de mon implication dans de nombreux projets, toujours en lien avec les sujets du Crif et mon parcours personnel.

En effet, mon statut de professeur a quelque peu influencé le choix des projets que j’ai mené. L’éducation à la mémoire, à la tolérance ont fait partie de mes objectifs. De même, l’histoire de ma famille m’a convaincu de la nécessité de créer le Cercil, en mémoire des juifs internés dans les camps du Loiret.

Eliane Klein, du Crif région Centre

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