Blog du Crif - "Retour à Birkenau" : Un témoignage qui en appelle aux sens

06 June 2019 | 66 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Billet d’Ariel Amar*, pharmacien

 

Dimanche 19 avril, le Crif et le Mémorial de la Shoah ont organisé une cérémonie virtuelle pour commémorer le 77ème anniversaire du Soulèvement du ghetto de Varsovie. Un moment très émouvant au cours duquel, ensemble, nous avons rendu hommage aux Hommes qui se sont soulevés pour leur liberté.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

Bruno Halioua nous parle avec émotion de Milo Adoner.

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Opinion

Dès le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, nous avons, le 23 février dernier, proposé à nos lecteurs, une étude sur les Juifs d’Ukraine. Depuis quelques jours, le conflit semble s’étendre à deux autres pays, la Finlande et la Suède. Nous vous proposons de découvrir les communautés juives de ces deux pays. Aujourd’hui, les Juifs de Finlande.

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Découvrez ma lecture du livre de Ginette Kolinka, "Retour à Birkenau".

Ginette Kolinka, une jeune fille juive française, est arrêtée en 1944 avec son père, son petit frère et son neveu. Tous sont déportés à Birkenau, mais elle seule en reviendra. Survivante de la Shoah, elle témoigne aujourd’hui dans toutes les classes de France.

Dans son livre, écrit avec Marion Ruggieri, Ginette Kolinka raconte son histoire de la même manière qu’elle témoigne dans ces classes.

À travers ses propres mots, des mots simples, ceux qu’elle utilise pour s’exprimer à l’oral, Ginette Kolinka nous apparaît. Elle est là, face à nous et raconte. Elle nous transporte à une autre époque, un peu lointaine, et pourtant toujours si présente dans son esprit. À tel point que ses souvenirs sont encore emprunts de sensations.

« Je vois, je sens » explique Ginette.

« Mais vous, qu’est-ce que vous voyez ? » demande-t-elle.

La même chose, ai-je envie de répondre… Car on ne lit pas vraiment. On l’entend nous raconter, on la voit nous montrer.

Ce témoignage fait appel à tous nos sens :

L’ouïe. Schnell ! Schnell ! entend-on raisonner. Auftstehen ! Tout au long de la lecture, la voix de Ginette est entrecoupée de cris. Schlag ! Schlag ! Sans arrêts, les cris des soldats allemands nous parviennent, d’autant plus réels qu’ils sont directement retranscrits dans leur langue d’origine.

L’odorat. L’odeur de l’urine, des excréments dans ces toilettes qui n’en sont pas. Je repense à cette puanteur et mon nez se plisse, rien qu’à l’imaginer. L’odeur de la saleté, de la terre. Et l’odeur de la fumée qui parvient jusqu’au bloc 27…

Le toucher. Lorsqu’on imagine ces centaines de corps qui s’entassent et se pressent à l'intérieur du wagon. Lorsque ces femmes redécouvrent leurs corps, rasés, nus, sales, abîmés, amaigris, malades, privés de chair… Et sous les coups. Ces coups incessants. Tout le temps. Tellement. Qu’ils finissent par ne plus les sentir.

Le goût. Voilà peut-être ce qui manque : le goût. La nourriture, insuffisante, n’a ni consistance ni saveur. Des petites écuelles de soupe et de café à se partager, du morceau pain qui doit durer quatre jours, ce qui marque, de façon plus significative encore, c’est l’absence de goût : la Faim ! Cette faim qui ronge, affaiblit et précipite à petit feu vers la mort.

La vue. Ce témoignage c’est tout d’abord celui du noir : dans le train, la nuit dans le camp, de la mort. Et symboliquement, du brouillard, des interrogations, de l’ignorance. Ne pas savoir, ne pas comprendre, ne pas penser, ni réfléchir sont autant de mécanismes de défense pour survivre. C’est l’instinct qui prend le dessus, comme lorsqu’elle prend le train (par hasard et par chance) en direction de Bergen-Belsen.

Désormais il n’y a plus rien à voir … ou presque.

Elle-même ne reconnaît plus grand-chose : « Birkenau, sur place, c’est un décor. Quelqu’un qui n’en connaît pas l’histoire peut ne rien voir. »

Alors, les derniers témoins disparaissant, plus que jamais elle continue de raconter, de transmettre, avec la détermination qui lui a autrefois sauvé la vie.

Ginette Kolinka est une passeuse de mémoire, « pour qu’on n’oublie jamais… »

Johana M.

 

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