Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lecture de Jean Pierre Allali - Le crime de Samuel Schwartzbard, de Rémy Bijaoui

27 February 2019 | 254 vue(s)
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Actualité

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

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Opinion
Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent.

Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Eté 2014. Pendant 1 mois et 18 jours, Israël a vécu au rythme des alertes et d’une guerre qui ne dit pas son nom. Un an plus tard. Juillet 2015 : Que reste-t-il de ces jours d’angoisse ?

Le 23 juin dernier, l’Union des étudiants juifs de France a célébré son 70e anniversaire à l’Hôtel de Ville de Paris. Magie des réseaux sociaux, j’ai vécu à distance cette soirée avec enthousiasme et frustration. L’occasion pour moi de replonger dans mes années Uejf.

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Le crime de Samuel Schwartzbard, de Rémy Bijaoui*

L’assassinat, en 1926, à Paris, de l’ataman ukrainien, Simon Petlioura par un horloger juif, Samuel Sholem Schwartzbard, , est, on le sait, à l’origine de la création de la LICRA.

Avocat, Rémy Bijaoui, après avoir consulté les attendus du procès de Samuel Schwartzbard et décortiqué la presse de l’époque comme les nombreux ouvrages consacrés à l’affaire, nous propose un retour en arrière édifiant et instructif.

Le cas est en effet étonnant, hors du commun. L’horloger juif, né en Bessarabie, a, incontestablement, le 25 mai 1926, au Quartier Latin, assassiné avec préméditation l’ancien dirigeant ukrainien, l’ataman Simon Petlioura. Sept balles de pistolet à bout portant. Et, pourtant, après une instruction de sept mois et un procès qui s’ouvre le 18 octobre 1927 devant la Cour d’Assises de la Seine, Samuel Schwarzbard sortira libre, acquitté.

Des précisions intéressantes sur l’assassin nous sont données : Schwartzbard est né en Russie, en 1886, dans la région de Smolensk. Plus tard, sa famille s’établira à Balta, en Ukraine. Face au déferlement antisémite, le jeune Samuel adhère, à 19 ans, à un mouvement juif d’autodéfense. Il séjourne en Autriche, en Russie et en Hongrie avant de rejoindre la France. En 1910, il est mineur à Saint-Étienne puis horloger à Paris où il rencontre Anna, qui deviendra sa femme et, lorsque la Guerre éclate, il est mobilisé. Le 1er mars 1916, il est grièvement blessé dans la Somme. En 1917, quand la Révolution russe éclate, il rejoint la Russie où il demeure trois ans. De retour en France, en 1920, il s’installera comme horloger à Ménilmontant. En 1925, il a obtenu la nationalité française. À la fin de sa vie, Schwarzbard a choisi de s’installer en Afrique du Sud où il est mort le 3 mars 1938. Sa dépouille a été, plus tard, transférée en Israël, dans le « Carré des Héros » du cimetière de Beer Shéva.

Défendu par le brillant maître Henry Torrès, ténor du barreau, lors de débats présidés par le conseiller Flory, avec, face à lui, le défenseur de la veuve de Petlioura, le non moins célèbre maître Campinchi, Schwarzbard, qui reconnaît les faits qui lui sont reprochés, expliquera par le menu, sa haine de l’ataman, responsable à ses yeux des innombrables pogromes qui ont frappé l’Ukraine et entraîné la mort de milliers de Juifs dont des membres de sa propre famille.

L’habileté d’Henry Torrès, assisté de Serge Weill-Goudchaux et de Gérard Rosenthal aura été de déplacer les débats d’une simple affaire criminelle à un véritable réquisitoire contre les pogromes, en Ukraine, en Russie et ailleurs et de faire, en somme, le procès de l’antisémitisme.

Bernard Lecache, journaliste qui avait, au moment du procès, réalisé une enquête sur les pogromes en Ukraine et écrit un ouvrage sur le sujet : « Quand Israël meurt » et qui, en 1919, déjà, avait lancé dans Le Journal du Peuple un appel pour la création d’un Comité de Défense pour les Juifs opprimés, réunit le soir même du verdict d’acquittement, un groupe d’amis parmi lesquels Joseph Kessel. Place Blanche, à la brasserie Marianne, ils lancent les bases d’une association loi de 1901 : la Ligue Internationale Contre les Pogromes, qui deviendra plus tard la LICA puis la LICRA. Parmi les premiers adhérents : Victor Bash, Léon Blum, Albert Einstein, Edmond Fleg, Maxime Gorki, Paul Langevin, la comtesse de Noailles, Georges Pioch, Séverine et André Spire.

L’auteur, très honnêtement, ne laisse pas dans l’ombre, une question qui a agité le monde intellectuel au fil des ans : Petlioura était-il vraiment antisémite, a-t-il lui-même organisé des pogromes. Certains de ses défenseurs diront qu’il aimait les Juifs et avait même installé plusieurs d’entre eux dans son gouvernement. Une chose est sûre : il était le chef et, dès lors, sa responsabilité était entière face aux exactions de ses propres troupes.

Un travail très intéressant et très utile.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Imago. Octobre 2018. 192 pages. 20 €.