- English
- Français
Publié le 7 janvier sur Europe1
"Tout est devenu blasphématoire." C'est ce qu'écrit Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, dans le dernier numéro du journal consacré au "retour des anti-lumières", à savoir les obscurantistes, publié samedi. "Aujourd’hui, le simple fait de dire qu’une religion, quelle qu’elle soit, doit se soumettre aux lois de la République, ça devient blasphématoire", déplore pour sa part Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, au micro de Nikos Aliagas sur Europe 1. Il fait ainsi référence aux menaces reçues par Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste de l'hebdomadaire, après ses propos sur l'islam. "Il faut que l'islam se soumette à la critique, qu'il se soumette à l'humour, qu'il se soumette aux lois de la République, qu'il se soumette au droit français", avait-elle déclaré sur CNews.
"Si on ne rit pas de ce qui est triste, comment peut-on s’en débarrasser ?" "Aujourd'hui, il est de plus en plus compliqué de rire, y compris de soi-même", estime Gérard Biard. Il explique notamment pourquoi il arrive à Charlie Hebdo de réaliser des couvertures sur lesquelles la rédaction fait "de l'humour noir" sur ce qui lui est arrivé ce 7 janvier 2015 : "Si on ne rit pas de ce qui est triste, comment peut-on s’en débarrasser ? Le rire, c'est la meilleure des thérapies." Même si cette thérapie ne "fonctionne pas toujours", Gérard Biard assure qu'il "ne faut surtout pas s'en priver".
Voilà donc ce que condamne la rédaction de Charlie Hebdo dans son dernier numéro. "Toutes les valeurs, tout ce qui a permis de construire toutes les sociétés modernes, sont aujourd'hui attaquées", analyse Gérard Biard, qui ne fait pas seulement référence à la laïcité : "C'est l'universalisme, c'est l'esprit scientifique, c'est tout ce qui permet l'émancipation individuelle et collective. Toutes ces idées sont aujourd'hui attaquées." Pour lui, le plus "inquiétant" réside dans le fait que ces valeurs ne soient "attaquées par leurs ennemis traditionnels, que l'on classe plutôt à droite, mais également par une partie d'intellectuels, de politiques, de militants, qui se classent eux-mêmes à gauche".