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Publié le 2 janvier sur le site de FranceInter
C'est la jeunesse de Ruth Bader Ginsburg que l'on découvre dans le biopic "Une femme d'exception" réalisé par Mimi Leder avec Felicity Jones.
Mais déjà l'an dernier, elle avait été le personnage principal du documentaire biographique réalisé par CNN intitulé "RBG" et présenté au festival du film indépendant de Sundance (Utah) en janvier 2018.
À 85 ans, elle est LA star du festival de Sundance
La juge de 85 ans avait participé, lors du festival, à une discussion en public avec une journaliste de CNN. Les festivaliers ont fait la queue sous la neige et dans le froid pour l'écouter. Car sa parole est rare et très écoutée, encore davantage depuis que Donald Trump est président et depuis la naissance du mouvement #MeToo.
Féministe de la première heure, elle s'est bien sur exprimée lors de sa venue à Sundance sur #Me Too et cette parole des femmes qui se libère :
Il était temps ! Pendant si longtemps les femmes sont restées silencieuses, pensant qu’on ne pouvait rien y faire.
La juge a rappelé que désormais, la loi est du coté des femmes (et des hommes) victimes de harcèlement.
La juge Ginsburg va parfaitement dans le paysage de Sundance, festival militant.
Féministe de la première heure
Ruth Bader Ginsburg était avocate. À ce titre, elle a défendu jusque devant la Cour suprême six cas très emblématiques de la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes : égalité de salaire, accès aux grandes écoles... elle a gagné cinq de ces six cas. Ginsburg est une ardente défenseure du droit à l'avortement. En 1972, elle co-fonde le projet de défense des femmes au sein de l'ACLU, le puissant syndicat américain pour les libertés civiques. Elle est nommée à la Cour suprême par Bill Clinton en 1993. À ce moment là, une autre femme siège : la conservatrice Sandra Day O'Connor, qui finira par démissionner en 2006 à 76 ans.
Aujourd'hui, elles sont trois : Ginsburg, Sotomayor et Kagan.
À la question : "Combien de femmes devrait-il y avoir à la Cour suprême ? Elle répond : "9" !
Elle refuse de démissionner
Vers la fin du deuxième mandat de Barack Obama, la pression fût grande pour qu'elle démissionne en raison de son âge. Cela aurait permis à Obama de nommer un nouveau juge à la Cour suprême avant de quitter la Maison blanche. Elle répond alors :
Je servirai à la Cour suprême tant que je le pourrai !
La santé de la juge américaine est au cœur de l'actualité ces dernières semaines : âgée de 85 ans, la doyenne de la Cour suprême vient de se faire opérer pour des nodules cancéreux au poumon. D'après ses médecins soignants, aucun traitement supplémentaire n'a été programmé. Ces nodules cancéreux ont été découverts lors d'examens complets que la juge Ginsburg a subis après une chute accidentelle le mois dernier.
Mais ce n'est pas la première fois que Ruth Bader Ginsburg a des problèmes de santé. Elle a été soignée pour un cancer du côlon en 1999 puis, dix ans plus tard, d'un cancer du pancréas.
En cas d'incapacité à poursuivre sa tâche - les neuf juges de la Cour suprême sont normalement nommés à vie -, le président républicain Donald Trump pourrait la remplacer par un magistrat conservateur et amplifier ainsi le conservatisme de la Cour suprême, avec des conséquences durables pour des questions majeures comme l'avortement, la peine de mort, les droits de vote ou les droits des homosexuels. Depuis son arrivée au pouvoir, le milliardaire républicain a pu nommer deux magistrats à la Cour suprême : Neil Gorsuch, 51 ans, et Brett Kavanaugh, 53 ans. Sur neuf juges, le temple du droit américain compte désormais cinq conservateurs et quatre démocrates.
Les démocrates craignent donc qu'elle doive quitter son poste pour raisons de santé. Ces dernières années, elle est devenue une figure culte de la gauche libérale américaine, surnommé "Notorious RBG" en détournement du pseudonyme du rappeur décédé Notorious BIG.
Ses propos controversés sur Donald Trump
Les juges de la Cour suprême sont nommés à vie par le président des États-Unis, nomination qui ensuite doit être avalisée par le Congrés. Les juges n'accordent jamais d'interviews. Mais Ruth Bader Ginsburg n'a pas suivi la tendance.
Durant la campagne présidentielle de 2016, elle déclare dans le New-York Times :
Je n'ose imaginer ce que ce pays serait si Trump était élu !
Ruth Bader Ginsburg finira par regretter ses propos :
Les juges devraient éviter de faire des commentaires sur un candidat. Je regrette de l'avoir fait. À l'avenir, je serai plus prudente.