Francis Kalifat

Ancien président

"Nous devons faire comprendre à nos compatriotes ainsi qu'à nos dirigeants politiques que le terrorisme n'a pas de frontières", interview a Actualité Juive

11 July 2016 | 2 vue(s)
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"J'entre en fonction dans une situation qui est préoccupante et sérieuse pour les Français juifs".

Dans une interview donnée à Laëtitia Enriquez et publié dans Actualité Juive le 11 juillet 2016, j'ai expliqué que "c'est le même terrorisme qui a frappé de façon bestiale cette jeune adolescente dans son lit que celui qui a tué les deux fonctionnaires de police de Magnanville" :
 
Actualité Juive : Dans quel état d'esprit prenez-vous aujourd'hui la présidence du Crif ? 
 
Francis Kalifat : J'arrive dans une situation qui est préoccupante et sérieuse pour les Français juifs puisque nous avons depuis l'an 2000 une série d'actes antisémites allant jusqu'au meurtre. La communauté juive de France est inquiète à juste raison. C'est donc avec beaucoup de gravité et de responsabilité que j'entame mon mandat.
 
N'y a-t-il pas néanmoins une pointe d'optimisme ?
 
L'optimisme est dans le constat que les autorités politiques de notre pays sont à notre côté. La situation d'aujourd'hui n'est donc pas comparable à celles que nous avons déjà connues dans le passé. Nous n'avons pas à faire à un antisémitisme d’État mais à des actes antisémites dont nous connaissons les auteurs.
 
Faudra-t-il percevoir une portée symbolique dans la première action que vous entreprendrez ?
 
Plus qu'une première action à portée symbolique, il s'agira de mon axe prioritaire, celui de la tolérance zéro envers l'antisémitisme sous toutes ses formes. Tant à l'égard des actes antisémites qu'à l'égard de l'antisionisme qui avance avec la campagne BDS. Bien que déclarée illégale en France, elle continue de prospérer et alimente la haine et la détestation d'Israël. Nous avons là un combat à mener pour aboutir à la disparition de BDS du paysage français. Tolérance zéro enfin vis-à-vis de tous les message haineux qui circulent sur Internet.
 
Le terrible assassinat de la jeune Hallel à Kiryat Arba n'a suscité que de molles condamnations. Entendez-vous vous faire entendre sur ce genre d'attitude ? 
 
Nous devons faire comprendre à nos compatriotes ainsi qu'à nos dirigeants politiques que le terrorisme n'a pas de frontières. C'est le même terrorisme qui a frappé de façon bestiale cette jeune adolescente dans son lit que celui qui a tué les deux fonctionnaires de police de Magnanville. Qu'il sévisse à Paris, Jérusalem, Bagdad ou Istanbul, nous devons combattre le terrorisme de la même manière et avec la même solidarité.
 
A moins d'un an des élections présidentielles, quelle sera votre attitude dans cette échéance ?
 
Le Crif ne prendra pas partie pour les uns ou pour les autres mais donnera uniquement deux consignes essentielles. Celle d'aller voter et celle d'écarter de nos bulletins de vote l'extrême-gauche vecteur de ce nouvel antisionisme, et l'extrême-droite au sein duquel on retrouve les nostalgiques de Vichy.
 
Quel est le principal défi qui, selon vous, vous attend ?
 
Faire en sorte que les Juifs retrouvent les conditions du choix dans notre pays. Tant celui du choix de l'école (publique ou privée) pour ses enfants, que celui du choix de rester ou de partir. La situation sécuritaire s'étant aggravée, ces conditions ont disparu aujourd'hui. Notre responsabilité est de tout mettre en œuvre pour que ces conditions soient rétablies.
 
Quelles seront vos défis au niveau interne de la communauté ?
 
Il s'agira de renforcer le Crif en y faisant entrer toutes les associations répondant aux critères et se trouvant encore à l'extérieur. Poursuivre aussi les discussions avec le Consistoire afin qu'il réintègre le Crif. De notre côté, toutes les conditions sont réunies. Il y a aujourd'hui une nécessité de montrer un visage plus uni de la communauté.