Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Folie du monde et vertige des religions, mémoires d'un vieux médecin, par Francis Weill (*)

06 July 2016 | 76 vue(s)
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Le docteur Francis Weill  a longtemps représenté le Crif à Besançon.

Le docteur Francis Weill, qui a longtemps représenté le Crif à Besançon, est décidément un auteur prolifique. À peine avons-nous donné une recension de son livre « Judaïsme, christianisme, islam : lire la Bible après la Shoah. Un condensé de pensée juive » (1) qu'il publie un nouvel ouvrage. Et pas n'importe lequel. Un monument de plus de quatre cents pages ! Il s'agit tout à la fois d'un recueil de souvenirs et d'un condensé de réflexions sur la société française et sur le monde. Le tout parsemé d'anecdotes savoureuses.
 
Souvenirs : on suit peu à peu la destinée de Francis Weill et de sa famille. Né en 1933 à Strasbourg, il voue une passion sans bornes à son grand-père, le rabbin Ernest Weill et à son père, le docteur Joseph Weill, en abrégé JW.
 
L'enfance à Strasbourg, la passion pour le ski, la montagne et la voile. La période tragique de la Guerre. L'exode. La Shoah. Le mariage avec Sonja Lévy, de Neuf-Brisach, la naissance des enfants, Anne puis Jean-Marc, les voyages personnels et professionnels à travers le monde, les petits bonheurs et les grands malheurs...
 
Les études de médecine, la spécialisation en radiologie, en radiothérapie ou encore l'aventure de l' échographie avec l'attribution de la médaille Antoine Béclère, l'agrégation, l'installation à Besançon, Montfaucon...
 
Réflexions : Tout au long de l'ouvrage, Francis Weill ne se prive pas de lancer des piques contre la gauche extrême ( « être communiste aujourd'hui, c'est être ou débile ou pervers »), contre le pouvoir ( « La stupidité chronique de nos dirigeants ») et contre certains syndicats. Il fustige l'islamisme d'une part et et ceux qu'il appelle les DORBistes (Dérive Orthodoxe de Radicalisation de la Bible ) juifs, d'autre part. Il règle aussi des comptes avec toutes sortes de magouilles  auxquelles il a été confronté, avec les « stupidités administratives » l'impéritie régnant, à l'époque, dans certains milieux hospitaliers et, plus grave, la « corruption hospitalière ».
 
En fin d'ouvrage, sa critique de l'islam se fait un peu outrancière et manque de doigté, même si elle est bien argumentée : « Notre ennemi, c'est l'islam » ou encore : « Islam=Coran et Coran=Violence ». Seul le soufisme, «  qui s'est éloigné de cette violence coranique », trouve grâce à ses yeux. Un développement sur les différences entre chiisme et sunnisme autour de la notion de Coran « incrée » eut été peut-être, à ce stade, utile.
 
Françis Weill a longtemps représenté le CRIF à Besançon et c'est précisément autour de la position de l'institution par rapport aux Musulmans de France que le divorce, après dix ans de fonctions, entre le Dr Weill et le CRIF s'est prononcé.
 
Contrairement à l'affirmation du Dr Weill, le CRIF n'est pas « un conglomérat d'une trentaine d'associations ». Il regroupe quelque soixante-dix structures dont le FSJU et l'Alliance Israélite Universelle. « Interpellé par l'impuissance du CRIF à se mobiliser contre le danger de l'islam en France » et accusant le CRIF de se contenter de « quelques autobus de l'amitié, de repas partagés de clôture de Ramadan et d'une commission d'opérette des relations avec les Musulmans », Francis Weill a présenté sa démission en septembre 2014. Elle a été acceptée.
 
Reste que cet ouvrage relate, pour l'essentiel,une belle carrière, celle d'un « pape de l'échographie ». Un parcours exceptionnel. Un livre, une vie. À découvrir !
 
Notes :
(*) Éditions L'Harmattan. Février 2016. 448 pages. 39 euros.
(1) Voir la Newsletter en date du 29-02-2016