Virginie Guedj-Bellaïche

Journaliste-Blogueuse

Le dialogue renoué

29 July 2015 | 1538 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Stéphanie Dassa's picture
Hommage à Claude Hampel
|
14 November 2016
Catégorie : France

« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Dans quel monde vivons-nous et de quelle inhumanité est faite le monde ?

Pages

Mars 2015, je suis à Bruxelles pour présenter mon livre écrit sous le pseudo de Sefwoman, « Je suis juive mais je me soigne ». Au fond de la salle, 3 garçons se marrent. Je parle de ma grand-mère et de service 98 pièces au liseré doré, de son refus de me parler de l’Algérie, des plats typiques, je les vois acquiescer. A la fin de la présentation, ils ont tous les trois le livre en main. « La dédicace c’est pour qui ? », « Ismaël ».

Du plus loin que je me souvienne, il y a toujours eu des musulmans dans mon entourage. Ils étaient dans les conversations de mes grands-parents. Ils étaient nos voisins, nos commerçants, mes collègues à la Smerep, mes binômes en TD, mes voisins de bibliothèque. Moi juive, eux musulmans. Tous assumés conscients d’appartenir à deux mondes différents mais parfois si proches. Lors de nos diners, annuel, je revois M. parents nés au Maroc, père agent d’entretien, aujourd’hui Trader à Londres après 2 ans d’envoi de CV infructueux, nous imiter sa grand-mère qui a toujours vécu avec eux. Ses intonations, ses anecdotes résonnaient comme un lointain écho à mon histoire, ma famille. En 2000, tout bascule. L’équilibre fragile, la cordialité bienveillante  voire l'indifférence se fissurent. Fin octobre, je suis à un diner. M, est là. Il ne parle que de ce que tout le monde appelle la deuxième Intifada. Je l’écoute gloser sur la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple. Je tente de répondre. je parle des attentats-suicide, il me répond résistance. La conversation est vive. Il me regarde et me lance pointant son doigt vers moi « vous les juifs ».

On se dit qu’on ne se sépare pas « fâché » mais je le sais ce sera, avec eux, mon dernier dîner

Le reste de la tablée  ne sort de sa léthargie que pour se lamenter sur les images à la télé du petit Mohamed Al-Dura. Pour la première fois de ma vie, au milieu d’eux, je me demande ce que je fous là. On se dit qu’on ne se sépare pas « fâché » mais je le sais ce sera, avec eux, mon dernier diner.  J’ai revu M, à l’aéroport Charles-de-Gaulle, nous sommes en novembre 2001, Je m’envole pour New-York, défiguré un mois plus tôt, lui attend un vol pour Punta Cana. Quand on remet nos chaussures après la douane, il se plaint des multiples contrôles. Je lui réponds « la faute à qui ». Il baisse la tête, je sais que c'est facile mais je me dis qu’on est quitte. Depuis 2000, j’ai la sensation que le conflit israélo-palestinien  - qui date de plus d’un demi-siècle - a empêché toutes tentatives de discussions avec les musulmans que j’ai croisés. Comme si finalement, plus rien ne pouvait nous rassembler et que nos échanges ne pouvaient se faire que  sur le mode de l’affrontement verbal. J’en étais resté à ce constat d’échec quand Ismaël Saïdi m’a tendu un soir de mars 2015 mon livre en me disant « Pour Ismaël », nous avons parlé, beaucoup. De la radicalisation, de l’antisémitisme, de l’abandon des politiques, de la vie dans ce qu’on appelle les quartiers, de l’inculture terreau de la radicalisation, des frères Kouachi, de l’attentat contre l’Hyper Casher, de Latifah Ibn Ziaten, la maman d’Imad.

Le conflit israélo-palestinien, épicentre de l’empathie et de la solidarité internationale

Ismaël Saïdi a monté une pièce. Tragi-comique, « DJIHAD » raconte l’histoire de Ben, Reda et Ismaël, trois bruxellois qui décident de partir faire le jihad en Syrie. La pièce  tourne partout en Belgique mais aussi dans le Nord de la France. Des classes entières viennent les voir. Quand le rideau  tombe sur une fin tragique pour les 3 jeunes apprentis jihadistes, les trois comédiens quittent leurs personnages pour échanger avec les jeunes  partagés pendant plus d’une heure entre rire et effroi. Souvent l’échange se cristallise autour du conflit israélo-palestinien, épicentre de l’empathie et de la solidarité internationale mais Ismaël et ses deux acolytes tiennent bon. Un vendredi, quelques heures avant chabbath, le rabbin de Bruxelles a assisté à la pièce. Ses paroles d’apaisement ont été acclamées par une salle pourtant hostile quelques minutes auparavant. En lui dédicaçant mon livre (la dédicace la plus pourrie de ma jeune carrière d’auteur nous en convenons tous les deux), j’ai renoué ce dialogue interrompu quinze ans plus tôt.  En rentrant en Israël, j’ai suivi les exploits de la troupe, lu toutes leurs interviews, liké leurs statuts Facebook. Certains y verront de ma part de l’angélisme mais, j’assume. J’ai assez de  lucidité pour savoir que nous ne sommes sans doute pas d’accord sur tout mais j’ai la naïveté de croire que le maintien d’un dialogue est possible. Et plus que tout, j’ai la conviction qu’historiquement, culturellement et cultuellement, j’aurais toujours plus d’affinités avec Ismaël Saïdi qu’avec François Berton, dont la famille est installée en Lozère depuis 8 générations. Et puis Ismaël, n’est –il pas le fils d’Abraham  ?